Le rapport « Réalisation nouveaux systèmes énergétiques : impact de la méthanisation sur la résilience des exploitations agricoles » produit dans le cadre des travaux du Comité stratégique de la filière (CSF) biogaz porte sur les externalités de la méthanisation. Cécile Frédéricq, déléguée générale chez France Gaz Renouvelables, nous apporte son éclairage sur les résultats.
Qu’est-ce que la résilience d’une exploitation agricole ?
C’est sa capacité à résister et à s’adapter à un stress pour assurer sa pérennité. Il s’agit d’un concept complexe et multifactoriel. La mise en place d’un méthaniseur dans un système agricole entraîne des modifications d’organisation et de pratiques qui vont avoir un impact sur la performance du système et sur sa capacité de résilience.
Comment s’est déroulée cette étude ?
Agro-solutions a réalisé cette étude pour le compte de France gaz renouvelables, dans le cadre du GT Biogaz du contrat stratégique de filière Nouveaux systèmes énergétiques (NSE). Dans un premier temps, une analyse bibliographique a permis de réaliser une matrice d’évaluation de la résilience qui a servi de base à la définition d’indicateurs. Ces derniers ont ensuite pu être évalués de manière qualitative grâce à une enquête auprès d’agriculteurs méthaniseurs, puis de manière quantitative avec les modélisations de cas d’étude à l’aide de l’outil PerfAgroP3®. Cela nous a permis d’avoir une approche relative de scénarios avec et sans méthanisation, mais aussi une approche dynamique en modélisant un stress économique et en analysant la réponse à ce stress. Deux types de systèmes ont pu être analysés : un système polyculture avec un méthaniseur en injection et un système polyculture élevage avec un méthaniseur en cogénération.
Quels sont les résultats de l’étude ?
Nous constatons un impact de la méthanisation à plusieurs niveaux. Un agriculteur méthaniseur bénéficie d’un revenu complémentaire grâce à la production d’énergie, tandis que l’utilisation du digestat comme substitut partiel aux engrais chimiques lui permet de mieux résister aux fluctuations des coûts énergétiques et des intrants. L’épandage de ce même digestat permet également d’apporter de la matière organique et des nutriments au sol et aux plantes.
Nous devons également considérer l’importance de la durabilité environnementale et agronomique. Par exemple, les méthaniseurs qui cultivent des cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVEs) favorisent une couverture du sol plus importante que sur une exploitation agricole traditionnelle. De plus, cette pratique renforce la résilience des sols et améliore leur qualité.
Qu’en est-il du recrutement ?
Il est important de noter que l’introduction d’un méthaniseur comporte également des défis en termes de charge de travail car il nécessite une présence continue et des astreintes. Cependant, il offre également des avantages en termes de recrutement car ce nouvel atelier valorise les métiers agricoles et offre des perspectives aux agriculteurs en recherche de personnel. Ces métiers sont attractifs car plus diversifiés et technologiques. Dans l’ensemble, ces éléments démontrent que les exploitations agricoles, quel qu’en soit le type, bénéficient d›une meilleure résilience lorsqu’elles intègrent une unité de méthanisation.