Emplois & Formations en hydrogène Guide Emplois & Formations Hydrogène Qu'est-ce que l'hydrogène ?

Sensibiliser à la sécurité : un défi majeur pour le secteur

Inauguration station Fos-Matthieu de Valenc.

La sécurité et la prévention des risques sont des enjeux essentiels pour la filière hydrogène. Rémi Courbun, chargé de mission au sein de France Hydrogène aborde les défis liés à la réglementation et à la sécurité.

Quel est votre rôle au sein de France Hydrogène ?

Je collabore étroitement avec nos membres pour faire évoluer le cadre réglementaire de l’hydrogène et traiter des questions de sécurité. Cette démarche implique une coopération avec différents partenaires à tous les niveaux de la chaîne de valeur, positionnant ainsi France Hydrogène comme une interface dans la co-construction d’initiatives sécuritaires et réglementaires. Dans le cadre de mes fonctions, j’ai pour mission d’accompagner notamment le déploiement des nouveaux usages en tenant compte des avancées techniques et technologiques en adaptant le cadre règlementaire applicable. Parallèlement, je m’investis dans le développement des actions de France Hydrogène concernant la sécurité industrielle et la maîtrise des risques afin de garantir un déploiement sûr et sécurisé. J’anime pour cela des groupes de travail dédiés à la réglementation et à la sécurité, tout en participant à la mise en œuvre de la stratégie française sur les normes liées aux technologies de l’hydrogène.

Quels sont les défis majeurs actuels en termes de sécurité ?

Jusqu’à présent, l’hydrogène était principalement utilisé comme matière première et produit à partir de gaz dans des industries telles que la chimie et le raffinage. Aujourd’hui, il est également reconnu comme un vecteur énergétique essentiel pour répondre aux enjeux de décarbonation. Face aux préoccupations environnementales, les entreprises se tournent désormais vers des alternatives à la production à partir de gaz naturel, au travers du développement de l’électrolyse, un axe majeur de la stratégie française, consistant à produire l’hydrogène à partir d’électricité renouvelable ou bas carbone (nucléaire). Cette transition reflète un changement essentiel dans son utilisation et son déploiement vers des alternatives plus respectueuses de l’environnement. Cela implique des adaptations techniques, une maîtrise des équipements et son intégration sur des sites, le tout à plus grande échelle.

Qu’en est-il de la mobilité ?

Nos efforts se concentrent principalement sur les aspects liés à la mobilité, ce qui englobe différents secteurs : routier, ferroviaire, maritime, fluvial mais également aérien. Le déploiement des nouveaux usages de l’hydrogène implique d’importantes adaptations. À la différence du secteur industriel où nous étions concentrés sur d’importantes plateformes chimiques très localisées, consommant des quantités importantes, et où tout, en termes de sécurité, était déjà mis en place et structuré, la diffusion cette fois-ci sera plus disséminée sur le territoire avec des quantités beaucoup plus faibles. On peut prendre ici l’exemple des stations de distribution d’hydrogène pour les poids lourds qui seront installées le long des autoroutes. Cela va concerner un certain nombre d’acteurs qui ne sont pas nécessairement formés à l’hydrogène. Notre objectif est de tirer parti de la maîtrise acquise dans l’industrie pour pouvoir transposer ces connaissances. Les retours d’expériences techniques seront essentiels pour garantir une distribution sécurisée de l’hydrogène à des pressions plus élevées. À titre d’exemple, alors que l’industrie utilisait des pressions de l’ordre de 200–300 bars maximum, les véhicules, comme les bus, nécessiteront des pressions allant jusqu’à 700 bars. Notre principal défi consistera à nous assurer que chaque installation est en mesure de gérer les risques, notamment en se conformant à la réglementation en vigueur.

Avec qui travaillez-vous en ce sens ?

Afin de fournir des retours d’expériences pratiques, nous collaborons avec plusieurs acteurs : la DGPR (Direction générale de la prévention des risques), une administration chargée d’assurer la sécurité et la conformité environnementale, l’INERIS (Institut national de l’environnement industriel et des risques) qui va permettre de quantifier les risques et de les étudier. Nous veillons également à ce que les arrêtés ministériels de prescriptions générales et les mesures définies dans ces derniers garantissent un niveau de maîtrise des risques suffisant.

Avez-vous des exemples concrets de mesures mises en place ?

Le développement d’une culture de la maîtrise des risques dans le secteur requiert une approche holistique, et notre engagement s’étend sur deux aspects clés. Tout d’abord, notre implication dans la réglementation vise à instaurer une acculturation propice à la mise en place de pratiques sécuritaires au sein de la filière. À cet égard, des « journées sécurité » sont organisées pour analyser les incidents liés au déploiement de l’hydrogène, partager les retours d’expériences et diffuser les bonnes pratiques. En second lieu, notre collaboration s’intensifie avec divers acteurs de l’industrie qui possèdent déjà une solide culture de la sécurité sur les plateformes industrielles. Cette synergie permet d’adapter des initiatives similaires aux besoins spécifiques de notre secteur. Nous avons en ce sens signé un partenariat avec GESIP qui pilote des groupes d’échanges et d’études entre industriels pour l’amélioration de la sécurité et le suivi des évolutions réglementaires. Cette collaboration couvre non seulement le retour d’expérience mais aussi la formation, soulignant ainsi l’importance d’une implication collective pour garantir la sécurité sur toute la chaîne de valeur.

Quelles sont les tendances émergentes ?

L’adaptation à des besoins spécifiques et évolutifs est nécessaire et il est crucial d’ajuster le niveau de connaissance en fonction de l’exposition à l’hydrogène, notamment pour les métiers émergents tels que les techniciens de maintenance en station. Pour ces professionnels directement en contact avec l’hydrogène, une expertise particulière est nécessaire. Un exemple concret de cette adaptation concerne la détection de fuites dans une station qui a été simplifiée grâce à l’utilisation de caméras à ultrasons, améliorant ainsi la rapidité d’exécution des contrôles et par extension, la sécurité des installations. Cette avancée technologique doit bien entendu être associée à des compétences spécialisées. En parallèle, la recherche sur l’hydrogène, menée notamment par des institutions telles que l’INERIS et le CEA, se concentre sur la modélisation de sa phénoménologie, c’est-à-dire sur l’étude de son comportement dans des espaces confinés et dans l’air. Ces progrès contribuent à enrichir les mises à jour des logiciels de maîtrise des risques, permettant des analyses plus approfondies et visant à intégrer ces connaissances via les mesures de maitrise des risques adéquates.                              <

À propos de l'auteur

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Créée fin 2015 sous la forme d’un supplément thématique de Green Innovation, la revue Hydrogen+ est la plus ancienne et la seule publication internationale en langue française consacrée au marché de l’hydrogène, à son actualité et aux innovations de la filière. Diffusé sur les principaux salons professionnels, sur support numérique et par abonnement, Hydrogen+ constitue un outil d’information et d’influence unique de la filière hydrogène. Déploiement de la filière, mobilité, transport lourd ou encore industrie, Hydrogen+ couvre l’ensemble des sujets qui occupent la filière et se veut être un outil dédié à son développement. Hydrogen+ est par ailleurs partenaire des principaux événements professionnels en France et en Europe, ainsi que des principaux acteurs associatifs du secteur.

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