La filière du biogaz est en pleine expansion, consolidant son développement dans le paysage énergétique français. Les études menées par Transitions, In Numeri et Philippe Quirion, ainsi que celles effectuées dans le cadre de l’EDEC Gaz, chaleur et solutions énergétiques, nous permettent d’obtenir des éclairages précieux sur les perspectives d’emploi, les besoins en formation et les dynamiques régionales, révélant ainsi les opportunités et les défis qui attendent les filières du biogaz et de la décarbonation des usages du gaz fossile.
Les multiples scénarios de la filière biogaz
D’après l’étude « Impact de la filière biogaz sur l’emploi en France » réalisée en 2019, la filière pourrait créer entre 17 000 et 53 000 emplois directs et indirects à horizon 2030. Ces projections dépendent de trois scénarios de développement :
- plus de 17 000 emplois en suivant le scénario PPE avec une production de 28,7 TWh de biogaz en 2030 ;
- plus de 32 000 emplois selon le scénario filière gaz, avec une production accrue de 48,5 TWh en 2030 ;
- plus de 53 000 emplois en optant pour un scénario d’optimisation potentielle, avec une production de 60,5 TWh en 2030.
Ces projections, exprimées en équivalents temps plein (ETP), incluent également les emplois à temps partiel. Les emplois indirects, qui découlent des consommations intermédiaires liées aux investissements et au fonctionnement, ne sont quant à eux pas inclus dans ces estimations.
La filière est en attente des objectifs de la prochaine PPE. Néanmoins la consultation publique relative à la Stratégie française énergie climat, menée fin 2023, a avancé des objectifs pour 2030 de 50 TWh de production de biogaz, dont 44 TWh dans le réseau de gaz distribué en France (qui conduirait à une fraction au moins égale à 15 % de biogaz injecté dans les réseaux de gaz) et à une hausse modérée de la quantité de biogaz utilisé pour la production d’électricité en cogénération et de chaleur. Les projections établies en 2019 dans l’étude demeurent toujours pertinentes. Tout dépendra in fine du niveau de soutien accordé à la filière.
Qui recrute ?
La filière biogaz englobe une variété de métiers et d’entreprises. Des secteurs agricoles aux bureaux d’études en ingénierie, en passant par les entreprises de travaux publics et les spécialistes de l’énergie. Tous ces domaines nécessitent des professionnels qualifiés pour occuper des postes au sein de diverses structures, qu’il s’agisse de petites et moyennes entreprises ou de grandes entreprises telles que GRDF, GRTgaz, Engie et TotalEnergies, de collectivités locales ou encore d’exploitants. Des perspectives d’évolution significatives pour ceux qui se lancent dans cette voie, avec le soutien d’acteurs majeurs qui contribuent à dynamiser et à développer le secteur de manière durable.
Exploitation et maintenance en tête
Les emplois attendus couvrent l’ensemble de la chaîne de valeur, avec un accent particulier sur l’exploitation et la maintenance des unités de production de biogaz. Ils représentent environ la moitié des emplois directs de la filière à l’échelle nationale d’ici 2030, soit entre 5 600 et 12 450 ETP à l’horizon 2030. La gestion des Cultures intermédiaires à valorisation énergétique (CIVEs) ne représente que peu d’emplois car elles ne concernent qu’une faible part des intrants pour les exploitations existantes, mais devrait se développer dans les années à venir. Le besoin de formation dépendra de l’expansion de la production de biogaz en France dans les différentes régions. Quel que soit le scénario envisagé, des professionnels devront être formés afin de réaliser des études (postes qualifiés) et de poser les équipements nécessaires (postes techniques, moins qualifiés).
Quels emplois pour quelles régions ?
Les types d’emplois dans la filière biogaz se distinguent selon deux catégories principales, ceux liés à l’exploitation des sites de méthanisation et ceux liés à la production des équipements. Pour les premiers, la répartition suit généralement celle des sites de production de biogaz à travers tout le territoire. Il en est de même pour la pose d’équipements. Cette organisation offre aux futurs employés une diversité de choix géographique. Quant aux emplois associés à la production des équipements, ils sont principalement concentrés dans des régions où existent des entreprises établies : Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France et Grand Est. Les régions Bretagne, Pays de la Loire et Centre sont également susceptibles de bénéficier de cette dynamique.
Cette répartition géographique des emplois dans la filière biogaz aura un impact direct sur les besoins en formation de chaque région. Il sera ainsi crucial de développer des offres spécifiques, adaptées aux besoins locaux en matière de production de biogaz.