À la suite de la consultation publique relative à la stratégie française Énergie Climat sur le site du ministère de la Transition énergétique, France gaz renouvelables apporte une réponse détaillée. Explication.
Le document mis en consultation explique que pour les bioénergies, et en particulier le biogaz, les objectifs sont :
- En 2030, 50 TWh de production de biogaz, dont 44 TWh dans le réseau de gaz distribué en France (qui conduirait à une fraction au moins égale à 15 % de biogaz injecté dans les réseaux de gaz) et une hausse modérée de la quantité de biogaz utilisé pour la production d’électricité en cogénération et de chaleur.
- En 2035, la production de biogaz par méthanisation pourrait être comprise entre 50 et 85 TWh. En fonction de leur maturité, d’autres technologies pourraient permettre d’accroître cette production.
Le gisement
Le développement du biométhane serait principalement porté par le développement des cultures intermédiaires à vocation énergétique et la mobilisation des effluents d’élevage. Il convient de souligner l’intérêt du développement des cultures intermédiaires entre des cultures principales dans un objectif agroécologique, ainsi que d’une meilleure valorisation des effluents d’élevage existants, permettant une diminution de l’émission de gaz à effet de serre (méthane), une meilleure gestion de l’azote en agriculture et une réduction du recours aux engrais minéraux de synthèse.
Il est souligné que les chiffres de consommation et de production de biomasse font l’objet de modélisations en cours de finalisation, dans le cadre de la préparation de la SNBC, qui pourront conduire à réviser les trajectoires ci-dessus (première proposition de la hiérarchie de la biomasse).
Les moyens proposés pour atteindre ces objectifs sont :
- La définition d’une trajectoire d’obligation d’incorporation de biogaz dans les réseaux de gaz, grâce au mécanisme de CPB ;
- La détermination du niveau de soutien public pour les installations relevant du tarif d’achat ;
- La volonté de renforcer les contrôles concernant la part des cultures dédiées autorisée en méthanisation que le décret « culture » fixe entre autres à un maximum de 15 % par lot de biométhane injecté ;
- Le développement d’un soutien aux nouvelles technologies de biométhane les orientant préférentiellement vers des ressources difficiles à mobiliser (boues de stations d’épuration, déchets de bois…).
Ouvrir les appels à projets
France gaz renouvelables se félicite de l’évolution des objectifs proposés à 2030 depuis les discussions du Run 2 et salue l’objectif plancher de 50 TWh de biogaz dont 44 TWh de biométhane injecté, tout en rappelant l’importance du soutien aux filières innovantes (pyrogazéification, gazéification hydrothermale) qui peuvent traiter des déchets peu valorisables par d’autres filières à ce stade. Ces différentes technologies présentées lors des ateliers PPE de juillet 2022 peuvent représenter dès 2030 une production de 10 TWh. Il est donc essentiel que les appels à projets puissent être ouverts très rapidement afin d’atteindre 20 % de gaz renouvelables dans la consommation de gaz dès 2030 et ne pas obérer les capacités de production d’ici 2050.
France gaz renouvelables souligne la place réservée à la cogénération, avec un objectif de 6 TWh d’ici 2030, soit une augmentation d’1,5 TWh par rapport à 2023. La cogénération présente une triple performance : fourniture de chaleur, production d’électricité locale et maîtrise des gaz à effet de serre par le traitement et la valorisation des effluents d’élevages. Sans mesure importante pour valoriser ces externalités positives de la cogénération, l’objectif de 6 TWh sera inatteignable. FGR appelle à le soutenir en lui donnant les mêmes moyens que l’injection de biométhane dans les réseaux. Les volumes de chaleur et d’électricité produits par cogénération contribuent dès à présent, et de manière significative, à la décarbonation du mix énergétique. Ceci est d’autant plus vrai lorsqu’ils sont adossés à d’autres valorisations du gaz de proximité qu’il faut encourager (BioGNV, gaz liquéfié…).
Des objectifs forts
Concernant les objectifs pour 2035, France gaz renouvelables s’étonne de la fourchette proposée entre 50 et 85 TWh. Cette fourchette laisse sous-entendre que l’objectif de 2030 ne serait pas atteint et ne prend pas en compte le potentiel des nouvelles filières comme présentées ci-dessus. Cette prudence ne se retrouve pas dans les objectifs d’autres filières dont la technologie n’est pas plus mature. Aussi France gaz renouvelables renouvelle sa demande d’un objectif en 2035 qui permette en 2050 d’atteindre la défossilisation totale du gaz consommé (cf. tableau ci-dessus).