Biogaz Magazine : Les déchets organiques peuvent être enfouis, incinérés, compostés ou méthanisés. Pourquoi se tourner vers la méthanisation pour leur recyclage ?
Adrien Zyngerman — L’enfouissement des déchets organiques ne répond plus aux enjeux environnementaux, d’où la législation en faveur du tri pour mieux les valoriser. L’incinération n’est pas toujours adaptée aux déchets organiques qui contiennent de l’eau, l’usage direct de chaleur sur le lieu de production étant rarement possible et les cogénérateurs de vapeur ayant un rendement limité, là encore pour l’usage chaleur. Le compostage avec épandage est certes une solution mais l’avantage de la méthanisation est double ! Elle permet la production d’un digestat, qui évite la production d’engrais chimiques, et elle produit du biogaz pouvant être injecté dans le réseau de distribution gaz ou utilisé sous forme liquéfiée directement pour un usage de mobilité.
Pour optimiser la méthanisation, le gisement de déchets doit être le plus régulier possible dans sa composition et ne pas contenir trop de corps étrangers indigestes (pierre, cailloux, verre, métal…). La collecte et le tri doivent justement s’organiser en ce sens.
Quelles sont les prestations proposées par ENGIE aux collectivités ou aux industriels pour mener à bien ces projets de méthanisation ?
La spécificité d’ENGIE est d’intervenir sur toute la chaîne du biométhane une fois les matières à digérer livrées sur le site de méthanisation, depuis la conception et l’exploitation des unité de méthanisation à la vente du biométhane, le tout selon les besoins des clients.
Avec l’appui de notre filiale de développement ENGIE Bioz, nous identifions le gisement, dimensionnons l’unité, identifions les sites, gérons l’acceptabilité dans le respect des différentes réglementations et avec les technologies les plus adaptées. ENGIE Entreprises & Collectivités se charge de l’achat et des ventes de biométhane sur le territoire français. Nous négocions environ 50 % de la production de biométhane, le Groupe ENGIE a versé 600 millions d’euros aux producteurs en 2022. Avec 5 TWh d’achat de biométhane projetés en 2023, et entre 6 et 7 TWh prévus en 2024, nous sommes le premier acheteur de biométhane en France. Nous avons l’ambition de commercialiser jusqu’à 30 TWh de biométhane en 2030 à la maille Europe.
Au-delà de son maillage territorial et de toute son expertise sur le développement et l’exploitation d’unités de production de biométhane, la force du groupe ENGIE, acteur engagé du biométhane, est aussi son savoir-faire dans l’achat et la vente de gaz, lui permettant de proposer aux producteurs et aux clients biométhane des contrats adaptés à leur projet, qu’ils passent ou non par des subventions de l’État ou qu’il soit nécessaire ou non de transporter le biométhane à travers le réseau européen.
Vos prestations permettent-elles de sécuriser les collectivités dans la gestion de leurs déchets à long terme ?
Pour tous les acteurs disposant de déchets organiques, nous pouvons les accompagner avec des projets clé en main et des engagements de longue durée sur le coût de vente de l’énergie, tel un achat de gaz sur 15 ans. Nous proposons aussi aux collectivités ou aux industriels de financer leurs actifs (unité de méthanisation par exemple) pour éviter des endettements supplémentaires, tout en gérant la problématique des déchets organiques. Si nos clients veulent rester maîtres de leur installation, nous pouvons limiter notre intervention à l’achat de biométhane.
Pour développer les usages des clients consommateurs, ENGIE travaille également à faire évoluer les réglementations en matière de commandes de marchés publics, par exemple, pour que les collectivités puissent souscrire à des offres de fourniture de long terme ou intégrer une part de leur propre production dans leur offre de fourniture.