Green Innovation. Parlez-nous de l’étude menée sur la durabilité des entreprises et leur alignement avec les ODD (Objectifs de développement durable) ?
Marion Bitoune. Leave no one behind, voici la promesse faite en 2015 par les Nations Unies en lançant les 17 Objectifs de développement durable (ODD). Cependant, à mi-parcours, le bilan est décevant. L’ONU a constaté par exemple que l’égalité des genres ne cesse de reculer, et un être humain sur trois est en insécurité alimentaire ou en situation de famine.
Les entreprises étant appelées à participer à la résolution des grands défis mondiaux, nous avons analysé la contribution de celles relevant de l’indice STOXX 600.
Notre étude révèle qu’en moyenne 4 % seulement des revenus totaux du STOXX 600 contribuent de manière positive aux ODD, et que 15 % seulement de ces entreprises génèrent des contributions positives aux ODD en y allouant en moyenne 29 % de leurs revenus.
Stéphanie Bernier-Monzon. Aussi, plus de deux-tiers des entreprises ne parviennent pas à réduire leurs contributions négatives et ont tendance à confondre contribution positive aux ODD et mitigation de contribution négative. Par exemple, si une entreprise améliore la qualité de l’eau qu’elle a elle-même polluée, il s’agit d’une contribution négative plutôt que d’une contribution positive. Affirmer qu’elle « améliore la qualité de l’eau » prête à confusion.
Marion Bitoune. Il est surprenant de constater que bon nombre d’entreprises de l’indice n’ont pas encore pris en compte les risques liés à l’eau alors que toutes les industries, depuis la production de vêtements (2 700 litres d’eau pour une seule chemise en coton) à la production de médicaments (23 % de l’approvisionnement mondial en eau), présentent des risques.
Près de 41 % de l’indice pour lesquels cet impact est significatif ne disposent pas de stratégies d’atténuation concernant les cibles 6.3 : qualité de l’eau et 6.4 : efficacité de l’utilisation de l’eau.
Dans quelle mesure la transparence dans les rapports peut-elle mettre en lumière de véritables pratiques durables, éliminant ainsi les simples apparences de greenwashing ?
L’Ademe définit le greenwashing comme « toute allégation pouvant induire le public en erreur sur la qualité écologique réelle d’un produit ou d’un service ou sur la réalité de la démarche développement durable d’une organisation […] ». Ce qui est souvent fait pour des raisons commerciales. Pour réagir rapidement au phénomène, l’UE renforce la transparence grâce à CSRD, SFDR et la directive Green claims qui permet :
• a mise à disposition de données précises sur les pratiques et les performances environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) des entreprises.
• a vérifiabilité par des tiers indépendants tels que des auditeurs, renforçant la crédibilité des rapports.
• a comparabilité des performances et des pratiques d’une entreprise avec d’autres du même secteur.
• a responsabilisation des entreprises face à leurs engagements. En cas d’échec dans l’atteinte de leurs objectifs rapportés, elles peuvent faire l’objet de pressions de la part de leurs parties prenantes.
La transparence joue un rôle fondamental et nécessaire, mais il est également essentiel d’intégrer la gestion de l’impact dans les modes de fonctionnement et de prise de décision des organisations pour atteindre les ODD d’ici 2030.