La certification Red II, une directive européenne ayant pour objectif de réduire les émissions de GES et de promouvoir les énergies renouvelables, doit être opérationnelle à l’été 2023. Pour accompagner ses fournisseurs producteurs de biométhane dans cette démarche qualifiante mais complexe, ENGIE Entreprises & Collectivités a constitué une équipe dédiée.
ENGIE intervient sur la filière du biométhane sur toute la chaîne de valeur, des centres de recherches aux utilisations finales en distribution en passant par la production avec sa filiale ENGIE Bioz. Côté négoce, elle achète la production de plus de 50 % des sites d’injection français (273 en mars 2023). Un biométhane qu’il sera à l’avenir nécessaire de tracer pour mieux mesurer son impact GES (Gaz à effet de serre).
La certification Red II, pour Renewable Energy Directive, doit permettre de montrer que le biométhane est renouvelable et durable et plus vertueux qu’un équivalent fossile. Sortie en 2018, et transposée en France en 2021, elle doit être effective à échéance de juillet 2023 aux unités de méthanisation produisant plus de 200 Nm3/h (ou 19,5 GWh). Mais à quelques mois de l’échéance, de très nombreuses installations concernées n’ont même pas encore entamé la moindre démarche. La DGEC (Direction générale de l’énergie et du climat) a demandé d’y travailler seulement depuis juillet 2022 et la complexité, les nombreux acteurs possibles avec des procédures différentes ont découragé plus d’un gestionnaire d’unité. La Red III, en attente, pourrait demander une certification sur des unités plus petites.
Pilote de certification
« Sur les 273 sites actuellement en injection avec lesquels nous avons un contrat d’achat du biométhane, environ 80 sites sont concernés par cette directive », explique Marion Crusset qui pilote avec une équipe de quatre personnes l’activité certification au sein de l’agence biométhane ENGIE Entreprises & Collectivités. « Nous suivons une quarantaine de sites qui viennent ou sont en passe d’obtenir leur certification et continuons à travailler sur des propositions d’accompagnements pour les autres. Pour être certifié, il faut avoir une traçabilité irréprochable des intrants, avec 3 catégories distinctes :
- Les effluents d’élevage sont considérés comme plus vertueux que s’ils étaient laissés “au champ”. Ils donnent donc un bonus, mais il faut connaitre les distances parcourues.
- Les résidus agricoles et agroalimentaires ont un facteur d’émission considéré comme nul en tant que déchet fatal. Là encore, il faut des attestations des producteurs en agroalimentaire ainsi que les distances parcourues.
- Quant aux cultures et CIVE (Cultures intermédiaires à valorisation énergétique), la certification est attentive aux pratiques culturales et à leur emplacement.
Étude de la durabilité des terres, bilan massique (quantité intrant vs quantité biogaz produit), bilan GES des intrants et fonctionnement du site sont donc à suivre en détail. Pour cela, nous travaillons avec sept (bientôt neuf) bureaux d’études spécialisés que nous avons sélectionnés car ils avaient déjà accompagné les sites suivis (ICPE notamment) ainsi que pour leurs compétences et leurs connaissances du secteur. Nous couvrons ainsi l’ensemble des régions. »
Choisir le bon schéma de certification
« La difficulté est qu’il y a 15 schémas volontaires proposés par autant d’organismes de certification qui sont tous différents dans leur interprétation et leur méthodologie. Chaque pays a essayé de mettre en place des schémas de certification qui correspondent à leurs pratiques et sont adaptés à leurs réglementations nationales. Nous avons sélectionné trois d’entre eux dans un premier temps (deux allemands et le seul français) et un expert chez nous s’occupe de choisir le schéma le mieux adapté à chaque unité de méthanisation. C’est très important car certains auront en effet intérêt, en fonction de leurs intrants
et de leur process, à suivre l’un ou l’autre de ces schémas. Pour information, la Commission européenne travaille à l’harmonisation de ces 15 schémas ! La certification est donnée pour 5 ans mais nécessite des audits de surveillance annuels. »
Gagner du temps et de l’argent
« La certification est complexe, d’où l’intérêt de notre accompagnement. Selon le nombre d’apporteurs et l’avancée en “digitalisation” de chaque unité, cette démarche de certification a pris 4 mois pour le plus rapide et plus d’un an pour les plus longs. Étant donné l’échéance, nous avons relancé tous nos fournisseurs de biométhane en début d’année. La conférence que nous avons faite à Bio360 a d’ailleurs attiré 250 personnes, l’échéance approche ! Certains veulent se lancer seuls. Libre à eux, mais cela peut s’avérer complexe et long. L’un des principaux obstacles rencontrés concerne les négociants de matières qui devront aussi effectuer un traçage et une certification. Cela implique des efforts de communication et de pédagogie sur toute la filière et pas seulement auprès des sites de méthanisation. Avec le retour d’expérience que nous avons acquis, les outils que nous avons développés spécifiquement pour Red II et notre équipe dédiée, nous sommes aujourd’hui plus performants pour mettre en place cette certification ».
Pour la filière, la certification va permettre de prouver combien le biométhane est vertueux, à l’heure où l’acceptabilité est au cœur de tous les projets. Elle apporte également des avantages, comme d’impliquer une meilleure automatisation des tâches qui permet d’optimiser son unité, de diminuer sa consommation énergétique, sa gestion des stocks… On récupère aussi une meilleure traçabilité, ce qui sera sans doute demandé pour les garanties d’origine à l’avenir. Les sites certifiés pourront mieux valoriser leur production de gaz et de sous-produits (digestats…) et bénéficieront probablement aussi d’une meilleure acceptabilité locale.