Le premier raccordement d’une éolienne flottante en France est celle du centre d’essai SEM-REV de l’Ecole centrale à Nantes. Aujourd’hui on passe à l’échelle commerciale.
Dimanche 5 mars 2023 a eu lieu au Barcarès (Pyrénées-Orientales), la première étape du lancement de l’éolien méditerranéen et flottant en France. Le fourreau qui accueillera le futur câble de raccordement des Eoliennes Flottantes du Golfe du Lion (EFGL) a été mis à l’eau pour connecter par la suite le parc éolien en mer au réseau électrique terrestre et ainsi transporter l’électricité qui sera produite en mer. Le développement de l’éolien en mer et plus particulièrement du flottant est indispensable pour atteindre les objectifs de neutralité carbone souhaités par la France et l’Europe.
RTE présente le raccordement des Eoliennes Flottantes du Golfe du Lion
Situé en région Occitanie, dans les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, le projet EFGL comprend trois éoliennes. Elles seront installées sur la zone dite de « Leucate », à 18 km au large des communes de Leucate et du Barcarès. Pour raccorder cette ferme pilote au réseau terrestre existant, RTE va créer une liaison sous-marine et souterraine à 63 000 volts sur environ une vingtaine de kilomètres. Le coût du raccordement est estimé à 40 millions d’euros et sont à la charge des opérateurs.
Les travaux en mer
Les travaux qui débutent actuellement sont les premiers travaux en mer pour l’éolien flottant en Méditerranée et plus largement en France ; ce sont des travaux dits d’atterrage. Ce terme désigne le lieu de la côte où les câbles sous-marins sont raccordés aux câbles souterrains, dans un coffre de béton maçonné enterré, appelé « chambre de jonction ou chambre d’atterrage ». Un forage dirigé est ensuite réalisé sous la plage du Barcarès afin d’installer un fourreau entre le parking et un point de sortie en mer.
L’étape de Barcarès est la mise à l’eau du fourreau. Ce dernier est acheminé par un bateau jusqu’au point de sortie en mer puis glissé dans le forage dirigé. Il s’agit de la première étape des travaux en mer pour RTE. Le câble électrique sera quant à lui installé à l’intérieur de ce fourreau dans un second temps. Une trentaine de personnes sont mobilisées pour la réalisation de ces travaux.
Le projet de ferme pilote éoliennes flottantes EFGL et son raccordement électrique, portés respectivement par la société LEFGL en charge de son développement, de son installation et de son exploitation, et par RTE (Réseau de Transport d’Electricité) a été retenu en 2016 à l’issue d’un appel à projets de l’ADEME et soutenu par le Programme des Investissements d’Avenir. Il prévoit l’installation de 3 éoliennes de 10 MW chacune à 16 km au large de Leucate et du Barcarès. Cette ferme pilote sera en capacité de produire chaque année, à partir de 2024, l’équivalent de la consommation électrique de plus de 50 000 habitants.
A Gruissan, toujours en région Occitanie, EolMed, les éoliennes flottantes de la ferme pilote du consortium Qair, TotalEnergies et BW Ideol sont en cours de montage sur le port de Port La Nouvelle. Elles sont équipées par des éoliennes MHI Vestas. RTE a créé une liaison sous-marine et souterraine à 63 000 volts sur 27 km environ financé par le consortium est en place.
L’Eolien flottant en Méditerranée
L’éolien flottant, en permettant l’installation des parcs de production en mer à des profondeurs comprises entre environ 30 et 300 mètres, s’inscrit comme une technologie complémentaire à l’éolien posé, jouissant d’un potentiel d’implantation considérable au niveau mondial. La France possède l’une des plus grandes façades maritimes en Europe, particulièrement bien ventée et propice à l’éolien flottant au large de ses côtes atlantique et méditerranéenne. Toutefois, en raison de sa moindre maturité technologique, l’éolien flottant est encore aujourd’hui peu présent au large des côtes européennes ou internationales, avec plusieurs prototypes de R&D existants dans le monde mais extrêmement peu de projets effectivement raccordés au réseau.
Le bassin méditerranéen en France va accueillir plusieurs projets d’éolien flottant dans les prochaines années :
• 3 fermes pilotes : Eoliennes Flottantes du Golfe du Lion au large des communes de Leucate et du Barcarès (30 MW), Eolmed située au large de Port-la-Nouvelle (30 MW), et Provence Grand Large dans le Golfe de Fos (25 MW).
• 2 parcs commerciaux de 250 MW chacun qui devraient faire l’objet d’extensions ultérieures de 500 MW.
Le premier d’entre eux sera situé en Occitanie, au large de la Narbonnaise dans l’Aude. L’emplacement du second parc reste encore à définir entre une zone préférentielle en Provence-Alpes-Côte d’Azur au large du Golfe de Fos et une seconde zone dans les Pyrénées-Orientales au large du Roussillon. Cet emplacement sera choisi à l’issue des études techniques et environnementales et de la poursuite de la concertation.
L’éolien en mer indispensable à l’attente des objectifs de neutralité carbone.
Le fort développement de l’éolien en mer posé comme flottant se profile pour atteindre les objectifs de la transition énergétique. Tous les scenarii développés dans l’étude prospective Futurs énergétiques 2050 prennent en compte un mix énergétique variant de 31% à 12% de capacités installées d’éoliennes en mer en 2050. La mise en place de fermes pilotes comme celle de Leucate, permet de travailler en réponse à ces objectifs et de développer les meilleures technologies pour y parvenir, mentionne RTE.
Pour en savoir plus suivez l’actualité quotidienne sur le site de presse spécialisé energiesdelamer.eu
Les candidats pour Bretagne Sud (AO5) et la Méditerranée (AO6) Les maîtres d’ouvrage sont l’État pour les parcs et RTE pour les raccordements. Ils constituent l’état initial de l’environnement et préparent les études d’impact (synthèse bibliographique, protocoles d’études et de suivi environnemental, …) avec les DREAL Bretagne et Méditerranée. Pour Bretagne sud Les dix candidats et le lauréat (désigné en 2023) pourront bénéficier des enseignements des trois fermes pilotes flottantes méditerranéennes, les données environnementales devant obligatoirement être déposées sur la plateforme publique Depobio, ainsi que celles de la ferme pilote du projet EOLFI Groix-Belle-Ile en Bretagne qui a été arrêté par Shell.
Pour Méditerranée Le choix du ou des lauréats interviendra à l’automne 2023, pour une mise en service des parcs prévue à l’horizon 2030. Les 13 candidats sont les suivants :
Dans le golfe du Lion, chaque parc aura une capacité de production d’environ 250 MW qui, dans un deuxième temps, pourra être étendu pour atteindre 750 MW. Les 1,5 GW de puissance cumulée permettront de couvrir la consommation électrique moyenne de 2,9 millions d’habitants. Ces projets seront parmi les premiers utilisant la technologie de l’éolien flottant en Europe. Les offres seront-elles réalistes avec des prix très bas ? En France, la procédure prévue par le cahier des charges favorise des prix bas : « S’il apparaît qu’une offre peut comporter un tarif de référence sous-évalué, du fait notamment d’hypothèses fondées des prévisions manifestement irréalistes […] la Commission de régulation de l’énergie (CRE) adresse au candidat concerné des demandes d’explication ». Pour la CRE, le prix proposé par l’industriel est le principal critère de choix : il pèse à hauteur de 70 % dans la décision de désignation du lauréat. Il n’y a pas encore de point de référence ni en France ni dans le monde. Bien que sans possibilité de comparer avec l’éolien posé qui avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie était arrivé à des prix presque intenables avec la proposition d’EDF Renouvelables qui détient le record du tarif d’achat le plus bas avec un tarif de 44 euros le MWh, mais naturellement ce n’est pas comparable avec le flottant. |
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Photo ci-dessus : Remerciements à RTE — Pose du câble de raccordement des Eoliennes Flottantes du Golfe du Lion (EFGL). (© RTE Sebastien Xaxa)