Green Innovation. Quelle est la stratégie de Destination Angers en faveur du tourisme et de l’événementiel durable ?
Thierry Gindrand. Destination Angers est une porte d’entrée du tourisme d’affaires et du tourisme d’agrément sur le territoire de la ville et de la communauté urbaine d’Angers. Aujourd’hui, nos structures comprennent le parc des expositions, le centre de congrès et l’office de tourisme, avec 240 événements par an en moyenne – congrès, salons, corporate, etc. et bien sûr l’accueil des touristes sur le territoire avec vraiment un axe de ville-nature développé sur la destination.
Nous avons souhaité intégrer dans notre stratégie les politiques publiques qui sont mises en place à l’échelle de la communauté urbaine, notamment le contrat de transition énergétique, mais aussi celles en lien avec le plan vélo. Et, en ce sens, l’événement Nature is Bike, à la croisée de trois véloroutes à Angers – la Loire à vélo, la Vallée du Loir et la Vélo Francette –, est en parfaite harmonie avec ce plan vélo. Nous avons ce que l’on appelle des boucles vertes qui ont été mises en place par les collectivités et qui nous permettent d’inciter les gens à la pratique du vélo, que ce soit dans un cadre touristique ou pour se rendre au travail, justement pour avoir une ville à mobilités actives.
Au-delà de cette connexion aux politiques publiques, Destination Angers structure son engagement dans une démarche RSO dans l’optique d’une certification ISO 20121, prévue pour janvier 2023, norme de management responsable pour améliorer et développer de nouvelles pratiques dans l’organisation et l’accueil d’événements.
Nous avons par exemple récemment accueilli le congrès national et l’événement d’entreprise de l’ADEME, son siège national se trouvant à Angers, événement qui a regroupé 1 500 personnes chaque jour au centre de congrès d’Angers, pendant plusieurs jours. C’est une démarche qui se veut « naturelle », parce qu’Angers, avec un grand nombre de jardins, de parcs et d’arbres, est la première ville verte de France, une des villes où il fait bon vivre. Nous avons un centre de congrès qui est desservi directement par le tram et situé à moins de cinq minutes de la gare.
Angers est aussi la « ville des tests » en France et attire de nombreuses marques qui viennent y tester leur R&D parce qu’elles s’aperçoivent que si leur innovation marche à Angers, cela marche partout. Il y a pas mal de start-up aussi, avec une French Tech très dynamique. Nous avons également développé les vélos en libre-service avec Pony Bike, un service qui fonctionne très bien et qui est en train de se déployer à l’échelle nationale. En toile de fond, on a à la fois une dynamique et une audace, mais il y a aussi une douceur angevine qui fait que l’on est très proche de la nature et de cette conscience durable.
Vous êtes l’initiateur de Nature is Bike, ce rendez-vous qui nous relie encore une fois à la nature…
Nature is Bike, le festival de gravel, est né en 2019, c’est donc sa deuxième édition qui aura lieu du 24 au 26 juin. Le gravel, qui est à la fois une pratique et un vélo, est né dans le Midwest des États-Unis et avait pour objectif de réfléchir à la manière dont on peut sortir des sentiers battus, trouver une alternative à la circulation automobile et se reconnecter avec la nature, sans forcément utiliser un VTT qui est un vélo quand même très technique.
Cela a abouti à ce vélo qui est un vélo hybride, un peu un couteau suisse, entre le VTT et le vélo de route. Ce qui nous a intéressés dans cette pratique, c’est que ce type de vélo est très confortable. Il permet d’aller au bout de la rue aussi bien qu’au bout du monde et ça, c’est intéressant. Le gravel vient en complément des véloroutes – qui sont très bien parce qu’elles structurent les territoires et les itinéraires à l’échelle nationale, voire européenne, avec l’eurovéloroute –, en permettant l’exploration des territoires.
Et puis le gravel, c’est avant tout une philosophie, avant même d’être une pratique ; c’est quelque chose qui permet d’être en reconnexion totale avec la nature. Il permet de sortir des sentiers battus, d’aller chercher le petit producteur qui n’est pas forcément au bord d’une véloroute, de passer dans les sous-bois, de vraiment prendre tous les types de terrain (mis à part les terrains trop techniques, on peut passer partout, sur du gravier, de la terre, des sous-bois, etc.). Cela permet d’emporter des sacoches et de faire du bikepacking et de rester plusieurs jours dehors. On trouve dans tout cela une vraie logique : au-delà même de cette pratique, on voit bien que tout un développement touristique va se faire autour de ce type de vélo puisqu’on retrouve à Angers, à l’échelle de la communauté urbaine, un terrain de jeu idéal. Parce que c’est un peu l’inverse de la « citius, altius, fortius », car chez nous, tout est assez proche, pas trop haut et pas trop fort. Cela permet à chacun de pratiquer le gravel comme il le souhaite, car il existe autant de types de gravel que de types de pratiquants.
Nous avons donc voulu créer à Angers le premier événement en France et aujourd’hui en Europe consacré au gravel et rassembler cette communauté comprenant à la fois des gens qui font du sport, ou du cyclotourisme, mais plutôt d’aventure, des gens qui voyagent à vélo, des gens qui se retrouvent autour de ce gravel en reconnexion avec la nature, d’autant plus qu’aujourd’hui, la crise sanitaire a donné un véritable élan et du sens à cette pratique. C’est vraiment l’outil qui permet d’explorer des territoires, d’aller à la rencontre des gens. Dans sa philosophie, le gravel est une pratique de rencontres, d’échanges, ce n’est pas que du sport, ce n’est pas que du tourisme, c’est aussi comment on appréhende aujourd’hui, mais aussi comment on appréhendera demain ces balades, le fait qu’on puisse se sentir immergé dans la nature. On ne peut pas faire n’importe quoi, il faut suivre sa trace pour ne laisser aucune trace derrière soi, etc. Tout cela est important et permet d’avoir une autre approche par rapport à du tourisme qui, pour le coup, sera vraiment très durable.
Lors de ce festival sera proposée une épreuve de 310 kilomètres et les participants ont 20 h pour boucler le circuit. Nous sommes là dans le dépassement de soi parce qu’il faut aller chercher les ressources nécessaires au fond de soi. Nous allons traverser quatre départements, deux régions, et des paysages variés en partant des plages du Débarquement à Arromanches, en Normandie, pour arriver à Angers. Différentes formules seront proposées, comme le circuit en bikepacking et avec des découvertes de sites touristiques sur deux jours. Le festival réunit à Angers à la fois un salon avec des marques, leaders du marché à l’échelle européenne, mais aussi des destinations. Quinze destinations françaises seront présentes dès cette deuxième édition.
C’est aussi un lieu de réflexion et d’animation au travers du Gravel Summit qui aura lieu le samedi 25 juin avec une réflexion sur cette pratique et son développement.
Nature is Bike est aujourd’hui labellisé REEVE, avec 36 engagements cette année. À travers de nos événements se dévoile la stratégie mise en place au niveau de la destination Angers. Nature is Bike est un événement qui permet de faire un focus sur la destination et de mettre en avant toutes ses qualités, mais aussi les savoir-faire de nos équipes.
Et il y aura aussi un après Nature is Bike, c’est-à-dire que nous allons inviter les gens à venir à Angers pour la découvrir de cette façon-là, en proposant des Nature is Bike Camps. De plus, des sorties encadrées avec des guides sont organisées pour permettre de découvrir au-delà de l’événement et le faire vivre toute l’année.