« L’acceptation du public est la clé de la réussite pour la création d’une économie de l’hydrogène. » C’est la conviction du Parlement européen. Il voit juste. L’hydrogène est un élément hautement inflammable. C’est la raison pour laquelle les députés européens mettent l’accent sur les problèmes de sécurité et souhaitent que cela ne freine pas ce vecteur énergétique encore jeune, mais plein de promesses.
La guerre en Ukraine va peut-être accélérer les choses. Le 8 mars dernier, la Commission européenne a proposé un plan pour accroître l’indépendance énergétique de l’Europe vis-à-vis des combustibles fossiles russes avant 2030. Ce virage pourrait profiter à l’hydrogène.
La Commission a souligné que l’hydrogène propre était la « pièce manquante essentielle au puzzle » pour la décarbonation des industries lourdes, mais aussi pour atteindre la neutralité climatique à l’horizon 2050.
Pour autant, la question de la sécurité de l’hydrogène est apparue à la Commission comme un problème majeur. L’hydrogène étant hautement inflammable, son transport et son utilisation sont soumis à des règles strictes.
« Afin de développer avec succès une économie de l’hydrogène au sein de l’Union européenne, des normes strictes de sécurité doivent être établies », a ainsi déclaré Angelika Niebler, députée allemande du Parti populaire européen (PPE), de centre droit, au Parlement européen. Elle a insisté sur la sûreté des technologies garantes de la confiance que les Européens auront dans cette énergie.
Angelika Niebler appartient au groupe de députés dont les travaux sont à l’origine d’un rapport du Parlement européen sur la « Stratégie pour l’hydrogène ». Ce rapport insiste notamment sur la nécessité d’obtenir des moyens pour la promotion d’une culture de la sécurité de la filière hydrogène.
En réalité, cette question divise. En effet, certains députés européens sont beaucoup moins inquiets. C’est le cas de Jens Geier, député allemand de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen (S&D), qui a indiqué au site EURACTIV : « L’industrie produit et manipule de l’hydrogène depuis des décennies. Par conséquent, l’expertise en matière de normes de sécurité et de sûreté concernant l’utilisation de l’hydrogène existe déjà. »
Mais, compte tenu du rôle majeur que l’Union européenne espère faire jouer à l’hydrogène, plusieurs responsables politiques ont lancé des travaux de réflexion pour améliorer la fiabilité de la production, du transport et de l’utilisation de l’hydrogène.
La Commission a d’ailleurs confié à l’entreprise Piles à combustible et hydrogène le soin de former un groupe d’experts chargé de veiller à ce que « la sécurité relative à l’hydrogène soit traitée et gérée de manière adéquate ». Cela concerne surtout les PME, car les grands groupes disposent de protocoles de sécurité fiables.
En 2021, l’Hydrogen Incident and Accident Database a répertorié 600 accidents et problèmes à travers le monde, essentiellement dus à une mauvaise formation et à des enseignements lacunaires.
D’ailleurs, la formation et l’éducation sont des volets rentables, car empiler des règles strictes de sécurité rendrait l’hydrogène trop cher.