Adrien Perrier pilote, depuis son lancement en mai 2021, l’unité de méthanisation de la SAS Briffontaines à Ognes (51), dont il est le directeur. Après la phase de lancement, c’est une gestion de tous les jours qui se met en place pour gérer les plus de 80 tonnes d’intrants quotidiennes.
Les 7 millions investis dans l’unité nécessitent une gestion rigoureuse, l’homme clé est donc le gestionnaire de cette unité. « Je suis l’installation depuis le départ, indique Adrien Perrier. Dans un premier temps, il s’agit de gérer la montée en charge. C’est une période de rodage où nous sommes très attentifs à la biologie. Nous avons atteint 150 Nm3 fin juin, puis 200 en juillet et près de 300 à la mi-août. Mais la montée en charge ne s’est pas faite sans incident, notamment une acidose, et nous avons dû intervenir rapidement.
Pour notre unité, deux personnes à temps plein seront nécessaires en fonctionnement régulier. Sans compter un emploi équivalent temps plein pour l’épandage et un autre pour l’ensilage. Nous avons un salarié à 40 h/semaine, et moi qui ne compte pas mes heures. Nous avons également organisé des astreintes de nuit. L’objectif d’une bonne gestion étant bien sûr d’anticiper à terme les incidents. »
Une journée bien chargée
« Il faut compter 3 h par jour rien que pour charger les intrants. Il faut également s’occuper du maniement du digestat solide. Ensuite, nous réalisons quotidiennement des prélèvements dans le digesteur et nous les analysons pour connaître le rapport entre les acides organiques volatils et la capacité tampon (FOS/TAC). Cela prend encore une demi-heure. Nous faisons également tous les jours un tour du site pour vérifier la propreté du matériel, le serrage des boulons et voir si tout fonctionne correctement (bruits, température).
L’autre tâche consiste à s’occuper de l’entretien des machines : nettoyage, mais aussi graissage. Certains entretiens sont en plus à réaliser chaque semaine ou chaque mois, et tout est consigné et organisé pour un suivi régulier de tout le matériel du parc et de tous les éléments mécaniques de l’installation.
La gestion d’une installation consiste aussi en la réception des matières et la surveillance des digesteurs, notamment quand nous introduisons des variations de rations.
Tout cela sans compter bien entendu les imprévus, notamment le déclenchement d’une acidose ou l’apparition de mousses.
Nous apprenons avec l’expérience et, bien entendu, nous faisons tout pour éviter tous types de problèmes, mais la méthanisation est une activité biologique, nous travaillons avec du vivant et cela nécessite une surveillance continue.
Le gestionnaire d’une unité de méthanisation doit s’occuper également de tous les aspects administratifs : organisation interne des contrôles et visites, bien sûr, mais aussi documents de suivi puisque nos installations doivent être irréprochables. Nous gérons également les relations avec les fournisseurs (pièces, réparations, maintenance) et avec notre client.
Enfin, mon travail consiste aussi à améliorer les process et à réfléchir sur l’évolution de notre unité : introduction d’une innovation permettant de gagner du temps, réflexion sur les pratiques culturales pour booster notre unité en préservant ou même en améliorant la qualité agricole de notre exploitation et son autonomie en fertilisants ou en énergie, avec par exemple une réflexion menée actuellement sur la création d’une station-service bioGNV. Cette gestion d’unité demande donc des compétences très diverses, mais aussi une réactivité et une présence de tous les instants. Un métier prenant, mais passionnant ! »