Green Innovation. Boralex est un acteur majeur des énergies renouvelables. Son plan stratégique 2023 met notamment l’accent sur la diversification dans le solaire et le stockage de l’énergie. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Éric Bonnaffoux. Nous avons construit notre premier parc solaire en 2011, à Avignonet-Lauragais. Aujourd’hui, nous avons 15 MW de solaire en exploitation sur la France, notre planification stratégique à horizon 2023 nous oriente vers l’accélération de notre activité solaire. Nous avons remporté deux appels d’offres en 2020. Nous allons donc construire en 2021 environ 28 MW à travers deux projets innovants : un projet solaire sur tracker en Haute-Loire et un projet solaire flottant à Peyrolles, dans les Bouches-du-Rhône. Nous avons également d’autres projets sur l’ensemble de la France, dont le plus gros, d’une centaine de mégawatts, sera installé dans le Sud-Est. À l’horizon 2025, ces projets aboutiront à 400 MWc en exploitation.
Nous cherchons également à diversifier nos activités dans le stockage d’énergie. C’est une technologie d’importance et une expertise nouvelle pour laquelle nous avons là aussi innové. Il y a deux ans, nous avons racheté un site expérimental situé dans la vallée de l’Arce, dans l’Aube. Il s’agit d’un site de stockage de 2 MW couplé à un parc éolien Boralex. Nous y stockons de l’énergie et nous offrons une aide au système, c’est-à-dire une aide au réseau qui permet de maîtriser la fréquence à 50 Hz.
Pensez-vous, comme Fatih Birol, directeur exécutif de l’IEA, que le solaire est en passe de devenir « le nouveau roi des marchés mondiaux » ?
Je partage totalement ce point de vue. On s’aperçoit que le solaire a gagné en compétitivité. Selon l’AIE, environ 472 GW sont attendus d’ici à la fin de 2027, ce qui est énorme au niveau international. La France a des objectifs bien réels. La PPE révisée en avril 2020 fixe, pour le photovoltaïque, entre 35,6 et 44,5 GW en 2028. Il faut savoir que, fin 2019, la France était à 9,4 GW. Aujourd’hui, nous sommes au-dessus de 10 GW. L’effort reste néanmoins très important. Cela représente 2 GW par an d’ici à 2028 sur les centrales au sol. Il faut trouver 2 500 hectares par an.
De plus, le LCOE (levelized cost of energy, ou la somme des coûts divisée par la quantité d’énergie produite) du solaire était estimé en 2008 entre 550 et 590 €/MWh ; fin 2019, il est passé de 57 à 71 €/MWh ; et en 2030, on devrait être entre 37 et 47 €/MWh. On voit bien le chemin parcouru et la baisse drastique du coût de l’énergie. Dans l’éolien par exemple, en 2008, on était entre 88 et 120 €/MWh ; en 2019, entre 56 et 71 € ; et, en 2032, nous serons entre 32 et 58 €. Le solaire, comme l’éolien, a gagné la bataille de la compétitivité.
Pouvez-vous nous parler des vos projets solaires en cours ? Quelles sont vos méthodes de développement, alors que les marchés sont de plus en plus concurrentiels ?
Boralex fait preuve d’une implication durable sur les territoires. Nous y arrivons en invité et travaillons, en concertation avec nos parties prenantes, pour y rester en voisin. Pour exemple, la Clé des champs qui est le premier projet photovoltaïque, en Haute-Loire, dans la commune de Saint-Christophe-sur-Dolaison, communauté d’agglomération du Puy-en-Velay. Sur ce projet, nous avions l’appui d’associations locales et des élus. L’investissement y est participatif. Nous avons récemment levé 850 000 € de manière que les collectivités et les citoyens de la commune, de la communauté d’agglomération et des départements limitrophes puissent être actionnaires de ce parc.
À Peyrolles, nous construisons notre premier projet solaire flottant sur une ancienne gravière en eau. Le projet solaire est le premier volet d’un vaste plan de réhabilition de la zone à l’initiative de la commune.
Nous travaillons aussi avec les services instructeurs. Par exemple, nous échangeons de façon récurrente avec les DREAL (directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement) de France. Lors de ces réunions, nous exposons nos manières de travailler dans l’éolien, mais surtout dans le solaire, et nous les interrogeons sur leurs attentes. L’objectif est de parvenir au meilleur projet en termes de développement durable.