Après des années à travailler parfois dans l’ombre, puis les prémices d’un mouvement enclenché depuis trois ou quatre ans et deux années 2018 et 2019 pleines de promesses et de projets, l’année 2020 marque pour l’hydrogène un passage à la vitesse supérieure : celle de la volonté de mise en place d’une véritable filière d’hydrogène décarboné, de la production aux usages.
La part belle faite à l’hydrogène dans le plan de relance a en effet marqué, en pleine crise COVID, l’orientation forte d’une transition énergétique bas carbone : un des enjeux phares dans l’expectative de l’après-pétrole.
Dans les pages qui suivent, vous découvrirez le cadre de déploiement de cette filière d’hydrogène décarboné qui est mis en place en France et plus largement en Europe. Un déploiement issu d’une volonté politique, qui est issue elle-même du travail accompli depuis des années par la très active association AFHYPAC pour faire connaître cette filière, association qui, il n’y a pas de hasard, s’appelle depuis 2020 France Hydrogène.
C’est donc naturellement que notre dossier se poursuit sur la voie de son président. Enjeux et perspectives !
2020 : odyssée de l’hydrogène
En rendant public son rapport 2020 sur l’hydrogène en France, Philippe Boucly, président de France Hydrogène, évoque le tournant pris pendant cette année. « L’année 2020 restera marquante à plusieurs égards, indique-t-il. Pour tous, l’ampleur de la crise sanitaire, sociale, économique encore en cours a profondément bouleversé nos certitudes et nos habitudes, notre manière de travailler, de nous déplacer, de nous rencontrer. Pour nous, professionnels de l’hydrogène, l’année 2020 restera aussi l’année du passage à l’échelle, pour lequel nous nous mobilisons chaque jour depuis longtemps et qui va permettre à l’hydrogène de devenir une alternative compétitive dans la course aux solutions bas carbone pour atteindre la neutralité à l’horizon 2050. Cinq ans après les accords de Paris, l’urgence climatique n’a jamais été aussi forte.
Les conséquences de la crise sanitaire sur des secteurs entiers de notre économie la doublent d’une urgence économique plus que pressante. Dans ce contexte, l’hydrogène a un rôle déterminant à jouer, non seulement pour atteindre nos objectifs climatiques, mais également pour créer de la valeur en développant la compétitivité de notre industrie et l’emploi sur tout le territoire. Le gouvernement français l’a bien compris et a saisi l’opportunité de la relance pour concrétiser un soutien d’ampleur à notre filière. La Stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné, rendue publique le 8 septembre 2020, signe un programme ambitieux et cohérent où l’économie rejoint l’écologie, en ligne avec la vision exposée dans notre manifeste en juillet. Décarboner l’industrie et investir dans des capacités de production pour faire émerger une filière française compétitive de l’électrolyse, développer une mobilité lourde décarbonée, soutenir la R&D et le développement de compétences sur les briques technologiques clés : ces trois axes doivent permettre à la France de devenir un champion de l’hydrogène renouvelable et bas carbone aux niveaux européen et mondial. Elle en a les atouts et le montant du soutien annoncé lui en donne les moyens. En janvier 2020, nous évoquions tous la décennie de l’hydrogène. Nous y entrons aujourd’hui résolument avec le dynamisme qui est le nôtre et avec le soutien que nous donne la stratégie gouvernementale. Une stratégie qui reconnaît notre filière comme une industrie à part entière – à haute valeur ajoutée environnementale, technologique et économique – et qui nous engage.
Si nous serons vigilants sur sa mise en œuvre, qui doit profiter aux acteurs industriels français dans le cadre d’un développement économique des territoires, nous avons maintenant la responsabilité de coconstruire un déploiement harmonieux, coordonné et structuré, à la fois sur l’ensemble de la chaîne de valeur et sur tout le territoire national.
Sachons saisir cette opportunité unique et nous montrer à la hauteur des défis qui sont devant nous ! »