La France figure parmi les pays les plus consommateurs de pesticides. L’eau et l’alimentation font l’objet d’une surveillance sur ces composés, mais à l’inverse, bien que les pesticides soient reconnus comme substances d’intérêt national par le ministère de la Transition écologique et solidaire, il n’existe pas de valeur réglementaire pour l’air. Pourtant, lors de leur utilisation, les substances actives peuvent être transférées dans l’atmosphère par le vent, l’érosion éolienne et la volatilisation.
Selon la base de données Phytatmo, pilotée par Atmo France, la fédération des Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA), le niveau de la concentration des pesticides dans l’air ambiant est inquiétant. Ce sont entre 40 et 90 substances actives (herbicides, fongicides, insecticides) qui sont quantifiées annuellement à l’échelle nationale, dont certaines interdites depuis plusieurs années.
La base Phytatmo compile les mesures en pesticides dans l’air ambiant des AASQA sur la période 2002–2017 avec 321 substances actives recherchées et 6 837 prélèvements effectués sur 176 sites.
Les agglomérations semblent globalement plus préservées que certains territoires non urbanisés, mais peuvent être néanmoins influencées. La concentration très variable de pesticides dépend des conditions météorologiques locales, de la nature des sols, des caractéristiques physiques et chimiques de la substance active, des équipements utilisés lors du traitement, mais aussi de différents types de cultures. La période fin du printemps-été présente des concentrations plus élevées sur les zones viticoles (fongicides) alors que sur les zones de grandes cultures (herbicides), les concentrations sont plus importantes en période automnale.
Trois hypothèses sont avancées pour expliquer la présence de certains pesticides malgré leur interdiction : la permanence de pratiques agricoles illégales, un usage par des particuliers et la persistance de ces molécules dans l’environnement.