Les ports et les aéroports sont des lieux où se côtoient la mobilité et l’industrie. C’est donc naturellement dans ces secteurs d’activités économiques intenses que se sont développés différents projets autour de l’hydrogène. Les autres projets de déploiements viennent bien souvent d’une volonté d’élus territoriaux croisant les compétences de sociétés à la pointe. Quelques exemples parmi d’autres que vous pourrez retrouver dans les cartes Vig’hy de l’AFHYPAC.
Les projets de territoire, qui associent bien souvent production et usage industriel ou mobilité de l’hydrogène, se multiplient. Ils sont présentés, ainsi que les réalisations effectives, sur le site Vig’hy. Ainsi la SEM (société d’économie mixte) Eveer’hy’pôle d’Albi, créée il y a 10 ans, accompagne les projets lancés par la Région Occitanie dans le cadre de son « plan hydrogène vert ». Doté de 150 millions d’euros pour la période 2019–2030, il comprend des mesures tournées vers l’accompagnement et l’incitation à investir. S’il fonctionne, l’Occitanie devrait compter d’ici à 2030 deux usines de production, 55 stations de production et de distribution, 10 électrolyseurs et mettre en service 3 250 véhicules à hydrogène.
Lauréate de l’appel à projets national « Territoires d’hydrogène », la société Hyport créée par Engie Cofely et la Région Occitanie a pour vocation de développer l’hydrogène vert avec la mise en place sur le site des aéroports de Tarbes et de Toulouse d’une chaîne complète de production et de distribution d’hydrogène vert pour une grande partie des véhicules (5 bus, 80 taxis et 50 utilitaires au moins) qui circulent sur la plate-forme aéroportuaire. Trois stations sont prévues à Toulouse.
Contre la pollution à quai
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur a la volonté de lutter contre la pollution que représentent les émissions à quais des bateaux de croisière, tout en préservant l’activité économique. En effet, ces derniers n’arrêtent pas leurs moteurs en escale, car ils doivent assure climatisation éclairage, réfrigération. De ce fait, ils rejettent en continu des particules nocives, notamment de soufre, polluant les villes de Marseille, Nice ou Toulouse en permanence.
C’est pourquoi la région a lancé le plan « Escales zéro fumée », avec notamment l’électrification des quais. Des moyens importants vont être consacrés à ce plan, mais la région souhaite que les armateurs réalisent des efforts de leur côté. Les teneurs en soufre des fiouls autorisés devraient être revues à la baisse.
Parmi les initiatives pour l’électrification des quais, retenons le « conteneur hydrogène », doté d’une pile à combustible, présenté par Helion Hydrogen Power (anciennement Areva) lors des Journées hydrogène à Marseille. L’activité stockage d’énergie d’Areva passe sous la marque Helion Hydrogen Power, afin de tirer parti de l’expérience et des savoir-faire reconnus dans le domaine de l’hydrogène et de la pile à combustible. Helion va donc commercialiser plusieurs produits destinés aux applications stationnaires (générateurs électriques, groupes de secours, batteries hydrogène) et de mobilité lourde (maritime, fluviale et ferroviaire) comme ce conteneur mobile.
Stations, réservoirs et piles
Les trois clés de la mobilité hydrogène sont le déploiement des stations d’avitaillement, les piles à combustible et les réservoirs, l’hydrogène fonctionnant sous haute pression. Dans tous ces secteurs, recherches et réalisations se multiplient. Les stations hydrogène en service ou en projet se multiplient, grâce aux initiatives territoriales accompagnées d’entreprises privées. Par exemple, la région Auvergne vient d’inaugurer une première station hydrogène à Clermont-Ferrand sur un site… Michelin. L’implantation de 20 stations d’ici à 2023 est prévue par la société mixte Hympulsion. La région prévoit d’octroyer aux entreprises et administrations des aides pour l’achat de véhicules à hydrogène, ceux-ci étant plus coûteux.
Le projet européen H2ME, accompagné par la plupart des sociétés phares de l’hydrogène, a pour vocation depuis 2015 de déployer un véritable réseau de stations d’avitaillement en hydrogène. Financé à hauteur de 170 millions d’euros, dont 67 millions d’euros par le programme européen Horizon 2020, à travers le partenariat européen public-privé FCH JU (Fuel Cells and Hydrogen Joint Undertaking), H2ME ambitionne d’atteindre un total de 49 stations et 1 400 VP et VUL d’ici à 2022. Parmi celles-ci figurent des stations du pont de l’Alam, d’Orly et de Loges-en-Josas utilisées par la flotte de taxis Hype.
Fondée en 2012 et positionnée à l’époque sur les sites isolés, Atawey a pris le virage des stations d’avitaillement en hydrogène et devrait avoir fait sortir de son atelier, à la fin de l’année, 18 stations autonomes de production d’hydrogène (voir la carte). Cette société savoyarde prévoit le développement de 33 stations en France entre 2020 et 2023 (à Paris, Bordeaux, Lyon et Marseille) dans le cadre d’un partenariat avec Akuo Energy, producteur indépendant français d’énergie renouvelable. Elles alimenteront 400 véhicules à hydrogène de JC Decaux, des Galeries Lafayette et d’autres utilisateurs.
Pile à combustible : l’alliance
L’alliance de Michelin, via sa filiale Symbio, et de Faurecia dans une coentreprise permet aux partenaires d’être leaders sur le secteur des piles à combustible. La complémentarité de ces acteurs permettra à l’entreprise de proposer une large gamme de piles à hydrogène pouvant équiper des véhicules légers, des poids lourds ou des bateaux. Les deux partenaires ont pour ambition de détenir 25 % d’un marché estimé à 15 milliards d’euros en 2030 et travailleront pour améliorer les performances du cœur de la mobilité hydrogène que sont les piles à combustible. Pour ce qui est des réservoirs, notons que l’équipementier automobile français Faurecia va investir 25 millions d’euros pour ouvrir son centre d’expertise mondial sur les réservoirs à hydrogène à Bavans (Doubs). La région Bourgogne-Franche-Comté est depuis fin 2016 labellisée « Territoire Hydrogène ». Dans ce centre de recherche et développement de Bavans, Faurecia va aussi travailler avec le CEA de Grenoble et le FCLab de Belfort sur des systèmes de piles à combustible pour l’automobile.