Les partis politiques se mettent en ordre de bataille pour les élections municipales de 2020. La mobilité durable risque fort d’être un des thèmes majeurs de la campagne, car elle est devenue un impératif écologique pour les villes, les territoires et les communautés.
Mobilité décarbonée, vélo, autopartage, mix énergétique, transports en commun plus verts : les villes et les territoires multiplient les offres pour réussir cet impératif écologique et solidaire qu’est la transition énergétique, soutenue par le projet de loi d’orientation des mobilités. Mais si certaines villes appuient fortement ces projets et initiatives, d’autres marquent le pas. Dans ce contexte, les élections municipales de 2020 seront une excellente occasion de lier mobilité et transition énergétique sur l’ensemble du territoire national.
Mobilité décarbonée et stratégie à long terme
La longue canicule de l’été 2019 a été une énième piqûre de rappel : la transition énergétique est une nécessité. Parmi les secteurs les plus néfastes, le trafic routier est assurément en pôle position. Telle est la conclusion de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) que l’on peut trouver dans le rapport « Particules de l’air ambiant extérieur », publié en juillet dernier, qui mesure l’incidence sur la pollution atmosphérique des technologies et de la composition du parc de véhicules automobiles circulant en France. En somme, la mobilité est à la fois la cause et la solution. Poussée par un élan citoyen prêt pour le changement de paradigme, la mobilité doit donc s’imposer dans les débats pour ces élections à venir.
Or, aujourd’hui, si de réels efforts sont faits, les solutions apportées ne s’inscrivent pas dans un plan stratégique à long terme. Qu’il s’agisse de circulation alternée, de vignette Crit’Air ou de centres-villes à péages, ces mesures ne sont pas suffisantes pour avoir un effet décisif en faveur de la transition énergétique. Elles doivent en outre compléter d’autres moyens qui auront un réel effet à moyen et long terme. Toute la difficulté est bien de trouver le point d’équilibre sous peine de voir ces initiatives abandonnées, comme cela a été le cas avec des services d’autopartage par exemple.
L’objectif est de proposer aux habitants des moyens à coûts réduits, accessibles au plus grand nombre, quels que soient leur lieu de résidence, leur catégorie socioprofessionnelle, leurs revenus et leurs besoins de mobilité.
Surtout, l’objectif est bien de sortir de la mobilité carbonée pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) et réduire ses effets catastrophiques sur la santé. Dans le monde, le transport représente 24,4 % des GES. En 2015, en France, le secteur des transports représentait 33 % de la consommation finale d’énergie et 30 % des GES. Parmi les solutions disponibles, le véhicule électrique a le vent en poupe, soutenu il est vrai par les pouvoirs publics. Mais il présente de nombreux inconvénients. Il n’est pourtant pas le seul mode à réduire l’empreinte carbone. D’autres énergies doivent être prises en compte et favorisées pour un mix énergétique plus équilibré (hydrogène, GNV, bioGNV). Il faut également mettre l’autopartage en avant pour ainsi faire circuler moins de véhicules qui transportent plus de personnes.
Parallèlement, la consommation d’énergie doit être mieux maîtrisée par les villes et les territoires. L’objectif est de passer à 32 % d’énergies renouvelables (EnR) en 2030. Parmi elles, l’éolien dispose d’énormes potentiels et dépasse déjà le solaire avec 15 GW de puissance installée contre 8,5 GW.
Vélo : l’atout maître ?
En septembre 2014, le plan en faveur du vélo était annoncé par le gouvernement. Aujourd’hui, il pourrait bien être un atout de choix dans la stratégie mobilité durable établie par les municipalités. Car ce plan vélo bénéficie d’un financement de 350 millions d’euros sur sept ans pour les infrastructures, pris en charge par l’État, ce qui soulage les collectivités locales qui jusque-là étaient les seules à injecter de l’argent.
Parmi toutes les mesures, le forfait « mobilité durable », qui offre une aide aux salariés qui se déplacent à vélo pour aller travailler, est très intéressant. Cette prime s’élèvera à 400 euros (au-delà des 200 euros actuels) par an maximum et elle concernera aussi bien le secteur public que le secteur privé. En revanche, elle ne sera pas obligatoire.
L’objectif du gouvernement est de porter à 9 % la part du vélo dans les déplacements d’ici à 2024, au lieu d’environ 3 % aujourd’hui. Cet objectif est réaliste, mais à condition que l’État dépense la totalité de l’argent alloué à ce plan, que les collectivités locales continuent de développer et de garantir ce mode de déplacement et que les entreprises entrent de plain-pied dans cette stratégie.
Toutes les villes qui ont mis des vélos à la disposition des habitants ont vu l’usage du vélo doubler, voire tripler. En 2015, selon les chiffres de l’ADEME, le trajet à vélo domicile-travail concernait 5 % des salariés bénéficiant de l’indemnité. Aujourd’hui, ce chiffre grimpe à 11 %. Le rythme est bon. Il pourrait d’ailleurs être « boosté » par les élections municipales de 2020. Car le vélo, dans ses pratiques sportive, de promenade ou professionnelle (trajet domicile-lieu de travail) sera un enjeu important dans le cadre de la mobilité durable, sujet dont se sont d’ailleurs emparés les Français.
Photo ci-dessus : Le secteur des transports en commun est un facteur important pour la mobilité durable. Les réseaux doivent être fiables, réguliers et accessibles à tous afin de garantir la diminution du nombre de voitures en ville.