Après plusieurs années de réflexion, le GAEC de l’Avel de Milizac, près de Brest, a choisi de diversifier son activité d’élevage en mettant en place une unité de méthanisation, avec une injection au réseau et une organisation pour simplifier l’exploitation. Retour sur un GAEC énergique.
« Nous voulions diversifier nos activités et valoriser nos déchets. » Pour Yannick Laurent, l’un des cinq associés du GAEC de l’Avel, la méthanisation était une évidence. Les 270 vaches laitières et les 200 truies génèrent des effluents auxquels s’ajoutent les résidus de cultures agricoles. Lisier et fumier représentent 60 % des 11 000 tonnes intégrées annuellement, le restant étant constitué de seigle vert d’intercultures et d’un apport local de marc de pommes et de déchets verts. « Le digestat nous apporte une vraie plus-value dans la gestion du pâturage. Cela nous permet, en tant qu’agriculteur, de réduire aussi notre empreinte carbone. Il remplace 30 % des engrais chimiques de notre exploitation. » Autre avantage pour l’acceptabilité par les riverains, la méthanisation permet de diminuer les nuisances olfactives par la fermeture des fosses, mais également à l’épandage. Accompagnés dès le début de leur réflexion par le service méthanisation de Triskalia, les associés ont pu recueillir des témoignages d’autres agriculteurs.
Vers l’injection
Les premières réflexions ont commencé en 2006. En 2013, le projet envisagé en cogénération bloque. Comment utiliser la chaleur, condition sine qua non de rentabilité ? Mais c’est finalement le choix de l’injection au réseau, avec une aide de 40 % pour le raccordement, permettant une rentabilité économique, qui convainc les associés. Dès lors, les travaux ont débuté en 2017 avec notamment la construction de 3 kilomètres de canalisations de gaz par GRDF pour raccorder le GAEC au réseau de distribution. La première injection de biogaz au réseau a eu lieu en juin 2018. Cet investissement de plus de 2 millions d’euros a été subventionné par le conseil général de Bretagne, le conseil départemental du Finistère et l’ADEME à hauteur de 18 %.
Simplifier l’exploitation
Dès le départ, le choix a été fait de concentrer le temps de travail alloué à la méthanisation. De ce fait, l’unité comporte une préfosse qui a été conçue pour recevoir la ration du méthaniseur en trois apports par semaine. Cela permet au GAEC de ne pas mobiliser les salariés le week-end. « L’incorporation de matière nous prend 12 heures par semaine, soit trois fois une heure pour la charger et trois heures pour la mélanger, la broyer et la transférer », précise Yannick Laurent.
L’installation produit aujourd’hui plus de 4,5 millions de kilowattheures de biométhane par an, soit l’équivalent de la consommation annuelle en chauffage gaz de 1 000 personnes.
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[mks_accordion_item title=“Gaz vert en Bretagne”]En Bretagne, plus de 140 projets d’injection de gaz renouvelable sont actuellement recensés par GRDF pour le seul réseau de distribution. Ils représentent un potentiel de 1 500 GWh d’injection/an, soit l’équivalent de 90 000 logements chauffés au gaz ou de 4 600 bus roulant au bioGNV. En plus des 10 sites d’injection bretons, en 2019, sept nouveaux sites seront mis en service à Noyal-Châtillon-sur-Seiche, Ploërmel, Guichen, Inzinzac-Lochrist, Lamballe, Iffendic et Pontivy.
La région Bretagne a la volonté d’aider le développement de projets avec un nouveau dispositif visant à garantir une part de l’investissement, avec la BPI, assorti d’un différé de deux ans et plafonné à 3 millions pour cibler les projets agricoles.[/mks_accordion_item]
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