Nouvelles normes antipollution, scandale du diesel aux répercutions mondiales, guerre commerciale acharnée entre les États-Unis et la Chine, Brexit, explosion du marché de la voiture électrique : le marché automobile allemand (et mondial) marque le pas. À tel point que les responsables politiques de la Bavière, de la Basse-Saxe et du Bade-Wurtemberg ont décidé de passer à l’offensive pour protéger l’industrie automobile.
Automobile allemande : transition difficile, mais nécessaire, vers l’électrique
« Il y va de notre maîtrise technologique, de l’avenir de nos emplois et de notre prospérité. » Le ton est alarmiste. Mais le social-démocrate Stephan Weil, l’écologiste Winfred Kretschmann et le social-démocrate Markus Söder, ministres présidents de Basse-Saxe, du Bade-Wurtemberg et de Bavière, terres de Volkswagen, Daimler, Porsche, BMW et Audi, sont unanimes : les menaces sur l’industrie automobile allemande sont telles que c’est au politique de prendre des mesures urgentes.
Il s’agit de préserver un million d’emplois. Les trois ministres présidents ajoutent : « Avec un chiffre d’affaires de plus de 420 milliards d’euros, l’industrie allemande est de loin le secteur le plus important en Allemagne et sa part dans les exportations dépasse 17 %. » BMW a déjà annoncé vouloir faire 12 milliards d’économies d’ici à 2022 et s’attend à une diminution de 10 % de son bénéfice imposable.
Mais c’est bien l’ensemble de l’économie allemande qui ralentit, attisant un peu plus les critiques des milieux économiques envers le gouvernement allemand : baisse de 1,9 % de la production industrielle et de 3,7 % des exportations. Il a fallu la Journée de l’industrie à Berlin et un discours de Bruno Le Maire sur la nécessité de relancer les investissements outre-Rhin pour redonner un peu d’espoir à un patronat allemand en proie au doute.
Dans ce contexte, les trois grands Länder automobiles ont décidé d’opérer un virage vers l’électrique, notamment en planifiant la construction de bornes de recharge publiques d’ici à 2020, mais aussi dans la motorisation des véhicules. Des programmes de recherche communs sont en cours d’élaboration, notamment en ce qui concerne l’intelligence artificielle. Mais le temps presse, car l’Union européenne fera entrer en vigueur de nouvelles normes sur les émissions de CO2 dès 2020, avec un durcissement à partir de 2030.
Comme dans de nombreux domaines, la concurrence dans ce secteur vient essentiellement des États-Unis et de la Chine. « Personne ne peut maîtriser à lui seul les énormes bouleversements de l’industrie automobile. À une époque où les constructeurs allemands concluent des alliances stratégiques, les régions doivent aussi trouver un nouvel équilibre entre concurrence et mise en commun des forces. La concurrence vient désormais des États-Unis et de la Chine et elle s’accélère », affirment les trois responsables politiques. Or ces deux géants industriels ont pris une avance considérable sur leurs concurrents européens, malgré un intérêt croissant pour le domaine de la mobilité électrique, comme en témoignent le récent salon The Smarter E Europe, et sa conférence Power2Drive Europe, qui ont eu lieu à Munich en mai dernier (et seront renouvelés en juin 2020). Pour autant, jusqu’à récemment, les trois grands constructeurs étaient divisés sur les technologies à adopter : électrique, hydrogène, gaz naturel, hybride ?
Les responsables politiques ont donc décidé d’en appeler au fédéral afin de créer un cadre favorable pour les véhicules électriques (investissements dans les bornes publiques, batteries de nouvelle génération…). Parmi les solutions proposées, les batteries, mais aussi les piles à combustible ou les carburants de synthèse. Les bureaux de R&D des constructeurs travaillent avec des start-up ou d’anciens partenaires pour accélérer le mouvement. L’objectif de Volkswagen et de Daimler : stopper la production de véhicules à moteur thermique à l’horizon 2040.