Green Innovation. Le salon PRODURABLE qui s’est tenu en mars dernier enregistre une forte fréquentation cette année…
Cécile Colonna d’Istria. Oui, ce résultat est enthousiasmant ! Et cela, pour de nombreuses raisons. Déjà parce que l’on voit une appétence croissante du monde de l’entreprise pour les enjeux que nous défendons depuis dix ans déjà. Et cela se matérialise par un nombre de visiteurs en très forte augmentation puisque nous avons enregistré plus de 30 % de visiteurs en plus en 2017. Entre 2016 et 2017, ce nombre est passé de 4 000 à 5 200 ! Et si l’on veut aller plus loin : en 2015, il était de 2 500…
Un grand motif de satisfaction aussi, réside dans l’appréciation positive des nos partenaires et de nos exposants. Ils évoquent des moments magiques de convivialité, de qualité de contenus, de facilités de contacts. Et cela fait toujours plaisir pour un organisateur !
Green Innovation. Déjà dix ans d’existence pour ce rendez-vous devenu incontournable dans le secteur de la RSE ?
Cécile Colonna d’Istria. Oui, cela fait dix ans que nous avons initié cet événement. Nous avons abordé ce salon avec des leviers de management, de mobilisation, de stratégie, de business… Et cela était l’enjeu. La toute première édition s’est tenue à la Grande Arche de la Défense. Par la suite nous avons rejoint le CNIT puis, en 2010 le Palais des Congrès pour la qualité de ses salles de conférences nécessaires dans le cadre de notre organisation.
Et nous nous sommes positionnés sur l’idée que le Développement durable représentait un levier et, de création de valeurs. Dans notre analyse, ce développement représentait une immense révolution industrielle et économique qui se dessinait… Et il fallait accompagner ce changement majeur à travers les entreprises ! Pour cela, les termes de Développement durable et de RSE ont été très vite évoqués ; je continue toujours à mettre les deux mots ensemble. De nos jours, de nombreuses personnes ne savent pas toujours décrypter la signification exacte de la RSE. Le Développement durable représente l’objectif, la RSE est quant à elle la posture de l’entreprise dans tout ce qu’elle peut mettre en place pour un développement responsable. Et notre créneau d’origine est bien fondé sur cet axe précis.
Green Innovation. Vous affirmez donc que le Développement durable est un véritable levier de valeurs ?
Cécile Colonna d’Istria. Oui, il l’est et… pour tous ! En effet, sur le plan économique et celui de la compétitivité, le Développement durable intégré au sein de l’entreprise est très distinguant, c’est un levier de gains de parts de marché. Le Développement durable permet d’aller au-delà de l’aspect économique et… de découvrir des talents, de les attirer et de les retenir. Aujourd’hui les jeunes choisissent leurs entreprises en fonction de l’engagement des celles-ci.
Le Développement durable est gain en terme de vertu. Et, je trouve cela fantastique ! Notre état d’esprit réside dans un message simple, celui dire que cet engagement est une démarche de progrès.
Certes, nous devons avancer step by step. Et comme le raconte très bien Pierre Rahbi lorsqu’il conte une légende amérindienne, à l’image du Colibri : il faut que chacun fasse sa part… La somme des actions individuelles ou collectives doit créer une immense action globale ! Il s’agit vraiment d’agir à son niveau et localement pour des enjeux qui nous dépassent…
Green Innovation. Vous évoquez donc un développement responsable au service de l’humanité ?
Cécile Colonna d’Istria. Oui, finalement le Développement durable est cette sorte de bon sens avec un peu d’éthique et de vertu qui vous ramène à la notion qu’il ne faut abuser de rien ni de personne. L’engrenage du toujours plus n’est pas salutaire, il faut finalement voir plus loin, plus large ! Voir plus loin en se projetant dans le temps et, plus large en pensant à la globalité de son activité. Il s’agit donc d’avoir une vision globale et non étroite dans le temps et dans l’espace.
Green Innovation. Vous avez toujours été portée par ces notions de valeurs et de vertu ?
Cécile Colonna d’Istria. Je n’ai jamais été véritablement écologiste. Mais dans ma vie personnelle, j’ai toujours rejeté cette notion d’abus. Et d’ailleurs j’ai toujours aimé le bois, le fer… en fait des matières brutes et naturelles. Je consomme la nourriture locale, et bio de temps en temps. L’artificiel ne m’intéresse pas fondamentalement. Au fond de moi, j’attache beaucoup d’importance à l’éthique. Et, je dirais que le Développement durable tourne autour de cette éthique au plus proche de la nature. Et si nous mettons un peu de cette éthique à toutes les sphères de la société, nous parvenons à un développement soutenable, responsable et respectueux de tous.
Pour accompagner cette démarche : faut-il faire des lois, de la réglementation ou au contraire des incentives, de l’accompagnement, de la sensibilisation ? Ce sont des voies différentes, elles sont sur des modes contraignants ou volontaires.
Effectivement, nous avons commencé par la contrainte. Des normes ou des labels ont permis aux entreprises de se distinguer. Mais, fondamentalement ces normes ne suffisent pas. Et j’ai senti que l’année 2015 serait une année charnière, celle du regard des entreprises sur les enjeux de ce développement. Et l’on a pu constater que nombre d’entre elles se sont construites avec l’ ADN… des valeurs sociales (ESS) ou environnementales ! Et l’agriculture bio en France a une croissance à deux chiffres. Le grand basculement de l’entreprise provient de sa compréhension de l’enjeu économique à faire autrement !
Green Innovation. Quels sont les acteurs qui selon vous ont porté ce mouvement responsable ?
Cécile Colonna d’Istria. Je crois que ce mouvement vient des petites entreprises. Et, les grands ont compris par la suite leur intérêt économique et financier. Et aujourd’hui ces derniers sont très impliqués sur ces sujets-là. Et tout cela, car la raison écologique a rencontré la raison économique comme le dit très bien Tristan Lecomte. Et je le ressens comme tel, il y a une sorte de synchronisation qui s’est opérée entre les défis environnementaux et sociaux et ceux économiques et financiers.
L’ensemble des acteurs a envie de s’investir dans cette démarche pour des raisons économiques et de respect de la nature. Le monde social et financier évolue aussi dans ce sens. De nos jours, tous les domaines d’activités sont concernés !
Le consommateur est devenu informé et soucieux de ces aspects. Et depuis plusieurs années, nous véhiculons ce message au cœur des métiers. L’évolution est là, elle est telle que certains jeunes sont prêts à travailler avec des salaires moindres s’ils sont en adéquation avec les valeurs de l’entreprise. Et je trouve cela merveilleux ! Pour moi, tout cela propulse vers l’innovation. En fait il s’agit de faire autrement par rapport à la façon dont nous avons toujours procédé. Ce nécessaire changement nous propulse vers l’innovation. Et le Développement durable bouscule les filières, les méthodes. Si l’on rajoute le collaboratif (internet, les réseaux sociaux), je dirais que les sociétés de l’avenir peuvent construire l’avenir de la société !
Green Innovation. La thématique de cette année était « Innovation et partage »…
Cécile Colonna d’Istria. Il s’agissait de célébrer cette dixième année ! Et pour moi, les deux piliers de la société sont dans ces deux mots-là. Au-delà de l’innovation qui s’opère, la notion de partage est très intéressante. Le thème phare de cette année était « La nature ». Au total 5200 professionnels, 183 partenaires 77 conférences, 7 parcours thématiques, 253 intervenants, 70 journalistes et blogueurs étaient présents. Nos Trophées, le Baromètre Enjeux RSE, nos conférences thématiques très suivies, autant de réussites et, qui seront présentes lors de la prochaine édition pour laquelle nous souhaiterions comptabiliser 6 000 visiteurs…
Propos recueillis par Marie Cornet-Ashby