Depuis sa création en 2009 par des entrepreneurs corses, Corsica Sole s’impose comme acteur majeur de l’énergie renouvelable. Fondée avec la volonté de développer la production d’énergie solaire sur l’île, l’entreprise a su se diversifier et élargir son empreinte. Aujourd’hui, Corsica Sole emploie environ 150 collaborateurs et opère dans des territoires aussi variés que La Réunion, les Antilles, la Guyane, la Belgique, l’Estonie, et bien sûr la France continentale.
Corsica Sole a démarré en 2009 dans le solaire. Pourquoi vous êtes-vous intéressés à l’hydrogène ?
Corsica Sole a toujours cherché des solutions adaptées aux défis énergétiques des territoires insulaires. En Corse, où nous sommes le principal producteur solaire, les réseaux électriques saturés limitent la pleine exploitation des énergies renouvelables. En 2022, nous avons décidé d’explorer l’hydrogène comme un complément idéal : il permet non seulement de stocker massivement les surplus d’énergie solaire, mais aussi de décarboner des usages difficiles à électrifier, comme le transport maritime.
Pouvez-vous nous parler du projet Folell’Hy ?
Folell’Hy est notre projet pilote de production d’hydrogène. Situé sur notre centrale solaire de Folelli (12 MWc), il répond à un double objectif :
• optimiser les surplus solaires : l’hydrogène est produit par électrolyse lorsque la production solaire dépasse la capacité du réseau à l’accepter.
• restituer cette énergie : l’hydrogène est stocké puis réinjecté dans les centrales thermiques pour stabiliser le réseau.
Le projet a bénéficié de financements R&D et de subventions publiques, et il nous permet de tester des technologies avancées dans des conditions réelles, notamment sur un réseau insulaire comme celui de la Corse. Les travaux ont commencé et la mise en service est prévue à l’été 2025.
Quels sont les principaux défis rencontrés ?
Ce projet est un démonstrateur de notre initiative plus ambitieuse, Alchymiste. Il s’agit d’optimiser l’électrolyse des surplus d’énergie solaire, ce qui exige une technologie réactive et une coordination précise avec le gestionnaire de réseau. Le stockage, le conditionnement et la distribution de l’hydrogène représentent également un défi, notamment sur un territoire sans infrastructures dédiées.
Vous avez été lauréat du concours i‑nov BPI — France 2030 pour votre projet Alchymiste. Pouvez-vous nous en parler ?
Alchymiste vise à résoudre deux problèmes majeurs des réseaux électriques : le stockage à grande échelle et la stabilité. Nous exploitons les surplus solaires pour produire de l’hydrogène, qui alimente les centrales thermiques. Ces dernières, essentielles à la stabilité grâce à leurs masses en rotation, fonctionnent ainsi de manière totalement décarbonée. L’hydrogène agit comme un carburant vert, bouclant un cycle vertueux entre production, stockage et restitution.
Quelles sont les retombées locales de ces initiatives ?
Folell’Hy a déjà permis la création de plusieurs emplois en Corse, tels un exploitant de site et une directrice opérationnelle. Nous allons également produire de l’hydrogène pour le bateau-école du lycée maritime de Bastia, un projet qui illustre comment l’hydrogène peut servir des usages concrets. À long terme, nous espérons permettre d’amorcer une filière hydrogène locale en Corse, génératrice d’emplois et de savoir-faire.
Comment cette activité complète-t-elle vos activités solaires et de stockage ?
L’hydrogène complète notre expertise en solaire et batteries, en apportant une solution adaptée à des territoires insulaires ou mal connectés. Avec Alchymiste, nous visons des démonstrations probantes, notamment sur les îles, avant un déploiement international dans 5 à 6 ans.
Quelles sont vos ambitions à moyen et long termes pour le secteur de l’hydrogène vert ?
À moyen terme, nous souhaitons offrir aux territoires insulaires une autonomie énergétique complète grâce à des solutions adaptées, tout en amorçant des filières de mobilité hydrogène. Nous prévoyons également d’étendre nos projets à des zones mal connectées, comme l’Estonie où nous opérons déjà, et d’autres territoires en Europe. Cela nécessitera de développer des partenariats industriels solides et de rendre notre technologie exportable. À plus long terme, nous voulons continuer à innover dans le stockage et la production d’énergies renouvelables, pour accompagner efficacement la transition énergétique à l’échelle internationale.
Un dernier mot pour conclure ?
Corsica Sole ne se contente pas de produire de l’énergie : nous bâtissons un avenir énergétique dans lequel innovation et durabilité vont de pair.