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Enogrid : l’autoconsommation collective pour tous, partout en France

Green Innovation : Enogrid se positionne comme le leader de l’autoconsommation collective en France. Qu’est-ce qui distingue concrètement votre approche et vos solutions dans un paysage énergétique en pleine mutation ?

Rémi Bastien : L’autoconsommation collective est bien plus qu’un simple modèle de valorisation de l’électricité. Elle incarne une vision d’avenir et un changement de paradigme dans notre système énergétique, car elle offre la possibilité à tous type d’acteur de participer à la transition énergétique, dans chaque territoire, à travers des projets de production d’électricité verte et locale. Elle révolutionne notre approche du système énergétique : on passe à de la valorisation directe entre producteur et consommateur, on redescend à l’échelle locale. Il s’agit donc d’un modèle fondamentalement inclusif mais aussi un levier de résilience énergétique et économique pour les territoires.

Dans cette optique, Enogrid facilite le développement de l’autoconsommation collective en la rendant accessibles à tous. Nous avons décidé de ne pas “juste” développer nos propres projets, mais plutôt de participer à un changement systémique en s’adressant à l’ensemble de l’écosystème et pour lever les freins. Ainsi, nous sommes présents sur toute la chaine de valeur : de la phase d’étude à l’exploitation des projets en service.

Nous proposons des formations pour répondre au besoin d’information, puis nous réalisons les études des projets, à l’aide du logiciel EnoLab. Par la suite, nous conseillons et accompagnons les porteurs de projet. Enfin, nous avons développé le logiciel EnoPower pour permettre aux PMO de gérer facilement leurs opérations. Dès que nous identifions un besoin sur le marché, nous répondons avec une nouvelle solution, en gardant toujours le même objectif en tête : rendre les circuits courts d’électricité accessibles à tous.

Quels sont les principaux défis et leviers de l’autoconsommation collective pour accélérer la transition énergétique en France ? Et comment ces communautés locales peuvent-elles réellement transformer les modèles de consommation et de production d’électricité à l’échelle nationale ?

Le premier défi, c’est le passage à l’échelle de l’autoconsommation collective, et donc la capacité opérationnelle collective de mener les milliers de projets à venir, puis de les gérer dans le temps. Pour chaque projet, c’est tout un ensemble d’action et d’acteurs à coordonner pour étudier la faisabilité, créer/identifier la PMO, recruter les participants, faire les démarches avec Enedis puis gérer le quotidien de l’exploitation.

Le deuxième défi, c’est l’acceptation du modèle. Demain, avec des centaines de milliers de participants, il faudra que le modèle soit complétement accepté par l’ensemble des acteurs de l’écosystème. Dont les fournisseurs et responsables d’équilibres.

Le troisième défi, c’est la (mé)connaissance du modèle par le grand public. La plupart des producteurs connaissent maintenant l’autoconsommation collective comme l’un des possible mode de valorisation de leurs centrales. Mais côté consommateurs, ils ne connaissent pas du tout la possibilité d’acheter de l’électricité verte et local via l’autoconsommation collective. Il y a tout un enjeu de pédagogie et de visibilité à donner le plus largement possible à ce modèle.

Les défis sont donc de taille pour l’autoconsommation collective et la transition énergétique à l’échelle locale, mais la volonté des acteurs de l’écosystème est forte et les compétences sont là ! Avec un tel dynamisme, je suis certain que nous arriverons à les relever. D’autant plus qu’il s’agit d’un modèle bien plus inclusif qui transforme le monde de l’énergie.

En effet, l’autoconsommation collective permet de rassembler des producteurs et consommateurs d’électricité proches, pour assurer des retombées locales : une vision plus collaborative et décentralisée du monde de l’énergie. Or, cette décentralisation est un levier important pour mettre en œuvre la transition énergétique, au plus près des citoyens. En participant à une opération d’autoconsommation collective, les consommateurs bénéficient d’une réduction de leur facture d’électricité, d’origine verte et locale.

Se réapproprier les outils de production énergétiques est un levier indispensable pour sensibiliser tout un chacun aux enjeux de la transition énergétique. Comprendre le rapport entre production et consommation, c’est comprendre les enjeux énergétiques de demain. Avec l’autoconsommation collective, c’est possible. Elle est inclusive et permet à tous de bénéficier d’énergie renouvelable et de s’engager dans la transition énergétique, que l’on soit propriétaire ou locataire, en habitat individuel ou collectif.

L’autoconsommation collective, c’est aussi un nouveau levier de lutte contre la précarité énergétique pour les bailleurs sociaux. En effet, dans une opération d’autoconsommation collective en habitat collectif, l’électricité produite est souvent affectée prioritairement aux services généraux des bâtiments. Cela a pour effet de réduire les charges communes de l’ensemble des locataires de ces bâtiments. Le restant de production est alors affecté aux parties privatives des locataires participants, entrainant ainsi une baisse des factures d’électricité.

Votre activité repose en grande partie sur des outils numériques pour coordonner la consommation et la production locales d’électricité. Pouvez-vous nous expliquer comment la technologie joue un rôle central dans ces projets ? Quelles innovations spécifiques avez-vous développées pour optimiser ces processus ?

Tout d’abord, l’autoconsommation collective est un nouveau modèle qui engendre des nouveaux métiers et qui nécessite donc de nouveaux outils. Par exemple, « gestionnaire d’opération d’autoconsommation collective » ou encore « chargé de projet d’autoconsommation collective » sont des métiers qui n’existaient pas il y a quelques années.

Alors, pour répondre à ces nouveaux besoins (qui eux-mêmes évoluent avec le développement du marché), nous devons innover continuellement et développer des logiciels dédiés permettant d’accompagner efficacement les acteurs de l’écosystème dans leurs missions. Le fait que ces outils soient numériques et donc mutualisables est essentiel pour réduire les coûts et les rendre accessibles économiquement.

Ensuite, l’objectif d’Enogrid étant de massifier l’autoconsommation collective, le numérique devient une évidence, car c’est un formidable moyen de démultiplier notre impact. Par exemple : cela s’est très clairement illustré avec notre logiciel d’étude de projet EnoLab : depuis son lancement en 2023, 510 études ont été réalisées par les utilisateurs de notre logiciel. C’est 3 fois plus que ce qu’Enogrid est capable de faire en interne !

En termes d’innovation, nous alternons ainsi entre l’innovation radicale avec la création de tout nouveau produit (EnoLab, EnoPower, Mon énergie collective) et l’innovation incrémentale avec nos processus d’amélioration continue pour répondre au mieux aux besoins de nos clients.

Cette levée de fonds de 1,4 million d’euros marque une étape importante pour Enogrid. Quels sont vos principaux objectifs à court et moyen terme grâce à ce financement, en particulier pour le développement de l’autoconsommation collective ?

À l’aide de ces financements, nous allons continuer à investir dans plusieurs axes stratégiques. Avec la croissance rapide des projets d’autoconsommation collective, il a été crucial pour nous d’anticiper en renforçant nos équipes, dès 2024. Cette levée nous permettra désormais de pérenniser ces emplois et de poursuivre notre développement avec sérénité. Ensuite, ces financements nous permettront d’innover et de développer de nouveaux logiciels afin de proposer une gamme complète de solutions aux porteurs de projets : nous avons déjà de nombreux projets. En parallèle, nous sommes déterminés à atteindre une masse critique d’utilisateurs sur nos outils d’ici 2026 ce qui sera une étape clé pour garantir la rentabilité de notre modèle. Bien évidemment, ces investissements s’inscrivent dans une vision plus large : accélérer la transition énergétique vers un modèle plus local, plus durable et surtout : accessible à tous.

L’autoconsommation collective implique un engagement direct des citoyens et des acteurs locaux. Quels outils ou initiatives mettez-vous en place pour encourager et faciliter leur participation ? Et comment mesurez-vous l’impact concret de vos projets sur les communautés et la transition énergétique ?

Avec notre plateforme Mon énergie collective, nous avons cherché à nous adresser directement aux citoyens. L’objectif est de rassembler sur une seule plateforme des centaines de projets et des milliers de consommateurs. Et ce, pour permettre à tous les Français de bénéficier d’une électricité d’origine renouvelable et locale, à tarifs maîtrisés. Chaque page a été conçue avec eux en tête : pour rendre l’autoconsommation collective simple et accessible. Nous avons préparé beaucoup de pédagogie. L’inscription est gratuite et donne accès à une carte interactive référençant de nombreux projets.

Pour mesurer notre impact, on suit nos KPI. En seulement 6 mois, on a déjà 81 projets référencés sur Mon énergie collective. Plus globalement, Enogrid aujourd’hui c’est : 426 heures de formations réalisées, 410 projets accompagnés, et 23 MW de puissance dans les opérations gérées par EnoPower pour un total de 3 000 participants. Ces chiffres sont énormes et pourtant ce n’est que le début. Lors d’un salon, un confrère d’une très belle institution dédiée aux énergies renouvelables m’a confié : « si l’autoconsommation collective en est là aujourd’hui, c’est en partie grâce à vous. ». Au-delà des chiffres impressionnants, ce sont aussi ces retours de terrains qui nous motivent chaque jour.

Si vous deviez résumer l’ambition d’Enogrid en un mot ou une expression, lequel choisiriez-vous, et pourquoi ?

Notre objectif, c’est de massifier l’autoconsommation collective pour permettre à tous les citoyens de contribuer à la transition énergétique dans un esprit de justice sociale. Nous sommes convaincus de son potentiel pour transformer le monde de l’énergie et, dans cette optique, nous facilitons le développement de l’autoconsommation collective en rendant les circuits courts d’électricité accessibles à tous. L’autoconsommation collective est un vecteur puissant pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables, agir pour la sobriété énergétique, et sensibiliser les citoyens aux enjeux relatifs à la maîtrise de leur consommation d’énergie.

Photo ci-dessus : les cofondateurs d’Enogrid, les ingénieurs : Rémi Bastien, Benjamin Berthou et Thibault Rihet. © Enogrid.

À propos de l'auteur

Green Innovation

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