Avec entre 50 000 et 100 000 emplois directs et indirects à travers plus de 80 métiers attendus à l’horizon 2030, la filière hydrogène offre des opportunités de conversion et de création d’emplois couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur. L’étude DEF’Hy propose une analyse précise de cette dynamique industrielle afin d’anticiper et d’accompagner sa montée en puissance.
Une concentration significative des offres d’emplois dans certains types de métiers
Le secteur de l’hydrogène en phase d’industrialisation connaît un essor significatif qui se traduit par une dynamique croissante de l’emploi avec plus de 6 800 offres liées à l’hydrogène recensées en 2022, soit une augmentation de 77 % par rapport à 2019.
L’écart se creuse en fonction des typologies de métiers. Ainsi :
- 1 % des offres d’emplois émises au sein de la filière en 2022 concernent les métiers de la conception, ingénierie, R&D industriel et plus particulièrement les métiers de : chef de projet, designer / ingénieur conception / architecte systèmes, ingénieur produit / procédés, modélisateur et dessinateur-projeteur.
- 29 % impliquent les métiers des opérations avec un tiers des offres émises pour des postes de : technicien de maintenance et/ou d’exploitation auxquels s’ajoutent des postes de techniciens spécialisés (électronique et mécanique).
- Les fonctions supports représentent quant à elles près de 15 % des besoins en recrutement à travers des métiers liés au développement commercial et à la gestion de la relation client.
- 7 % sont répartis entre les métiers de la qualité, environnement, conformité et maîtrise des risques (6 %) : postes de technicien de tests / d’essais, de technicien de laboratoire et technicien de contrôle / QSE. Les 1 % restants concernent les usages (métiers du transport d’hydrogène pour deux-tiers des offres).
Étude de l’impact de projets emblématiques sur les territoires
L’analyse des besoins en emplois et formations d’ici 2030 repose sur une évaluation des besoins en recrutement en adéquation avec la croissance progressive de la filière hydrogène. Son développement, en cours de maturation, est fortement corrélé à la nécessité de massification via l’industrialisation des processus de production. La base de données des projets référencés par France Hydrogène a permis de sélectionner les composants industriels les plus représentatifs afin d’illustrer et de caractériser l’accélération des besoins en recrutement de la filière dans les années à venir.
Ces derniers ont été répartis en trois briques industrielles les plus représentatives du marché à date avec pour objectif à terme de cibler les domaines prioritaires et d’ajuster les formations afin de répondre aux enjeux liés à la disponibilité des compétences :
• usines de production d’hydrogène renouvelable et bas carbone via électrolyse ;
• fabrication d’électrolyseurs dans une gigafactory ;
• cycle de vie d’une station de recharge hydrogène.
Les tendances de recrutement d’ici à 2030
Cette analyse offre une projection qui englobe une partie des aspects de la chaîne de valeur globale de la filière. Elle met en évidence les grandes tendances et les profils professionnels nécessaires à travers l’ensemble de la filière.
La temporalité qui se dégage se divise en trois phases : la conception, l’industrialisation et l’exploitation. Elles correspondent à des pics de recrutement sur différents profils attendus à l’horizon 2030 :
• 2023–2025 : l’innovation et le développement des projets (gigafactories électrolyseurs, piles à combustible, réservoirs) nécessiteront principalement l’expertise d’ingénieurs et de développeurs d’affaires (80 %) de niveau bac +5. Quelques métiers techniques interviendront également dans cette phase de conception avec 20 % de techniciens (instrumentiste, dessinateur-projeteur, essai…).
• 2026–2028 : au fur et à mesure du démarrage et de la mise en service des projets, la demande en techniciens augmentera progressivement jusqu’à atteindre les 40 %. Ce besoin sera particulièrement prononcé dans les secteurs de la mobilité en tête du déploiement des projets, tels que les véhicules et les stations qui passeront de 30 en 2023 à 225 en 2025, puis à 488 en 2030.
• 2028–2030 : cette période sera celle de la stabilisation avec une inversion progressive des besoins. La filière industrielle fera alors appel à 80 % de techniciens chargés d’exploiter et de maintenir les installations contre seulement 20 % d’ingénieurs. Ces postes nécessiteront des niveaux de qualifications moins élevés.
Un faible niveau d’anticipation à moyen et long termes
L’étude menée auprès des membres de France Hydrogène met en évidence une concentration de la part des entreprises sur des recrutements de court terme axés sur les premiers maillons de la chaîne de valeur, c’est-à-dire les métiers de la conception, de l’ingénierie, de la R&D industrielle avec des besoins en qualifications élevées (bac +5), ainsi que sur des métiers d’ingénieurs / développeurs d’affaires pour accompagner cette phase de conception (2 à 3 ans). Cette anticipation s’explique par la complexité et le volume de ces recrutements, essentiels pour garantir la production et la continuité des services des installations.
Un enjeu à la fois technologique, industriel, économique et social
L’hydrogène offre des opportunités de création et de conversion d’emplois couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur. Le développement de la filière est devenu un enjeu majeur pour la France dans un contexte de forte concurrence internationale. Ce dernier est étroitement lié à l’évolution des compétences et des métiers sur le territoire mais également aux progrès technologiques en cours et à venir.
Source : Rapport final du projet DEF’Hy, lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et Métiers d’Avenir » réunissant les acteurs emblématiques de l’emploi et la formation, l’AFPA, EIT Innoenergy, France Travail, RCO-Le Réseau des Carif-Oref, Adecco Digital France et France Hydrogène.
Pour retrouver l’étude complète DEF’Hy :