Parlez-nous des e‑fuels.
Les e‑fuels sont des carburants de synthèse, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas produits à partir de sources fossiles tels que le gaz ou le pétrole, mais sont synthétisés à partir d’électricité, d’où le terme e‑fuel (« e » d’électricité). Lorsqu’on parle d’e‑fuel, on parle principalement d’e‑kérosène, e‑méthanol et e‑ammoniac. C’est une industrie naissante, les projets sont encore au stade de développement et quelques-uns sont en construction.
Quels en sont les usages ?
L’e‑kérosène est du kérosène, il sera donc utilisé comme carburant d’avion, dans les moteurs existants, mélangé au kérosène actuel. En ce qui concerne l’e‑méthanol et l’e‑ammoniac, leur utilisation comme carburant maritime est envisagée. Toutefois, les moteurs actuels des bateaux ne sont pas compatibles avec ces produits, ce qui nécessitera leur remplacement.
L’intérêt majeur est que le contenu carbone des e‑fuels, dont l’énergie provient d’électricité bas carbone (nucléaire ou renouvelable), est bien inférieur au contenu carbone des carburants fossiles, de l’ordre de ‑70 % à ‑90 % environ. Ils font donc partie des solutions de décarbonation des transports. L’Europe a mis en place en 2023 plusieurs réglementations imposant l’utilisation d’une certaine proportion d’e‑carburants dans ces secteurs.
Quels sont les défis ?
Les défis majeur reposent d’une part sur le coût de production : à date, ils sont plus chers à produire que les carburants fossiles. D’où la mise en place d’aides publiques pour favoriser l’émergence de la filière. Par ailleurs, ils créent une demande électrique importante qu’il va falloir prévoir au fur et à mesure de la montée en puissance de l’activité.
Avez-vous un exemple de projet Hynamics ?
Take Kair est un exemple de projet de production d’e‑kérosène que nous développons en partenariat avec Axens, Holcim et Air France. Il sera localisé dans la zone du port de Saint Nazaire et devrait produire à partir de 2029 environ 50 000 tonnes d’e‑kérosène par an. C’est un projet sur lequel nous travaillons depuis plus de deux ans. De nombreuses étapes sont encore devant nous : sécuriser le terrain, le raccordement et l’approvisionnement électrique, le financement, développer le concept technique, choisir les fournisseurs et les partenaires, définir la stratégie opératoire, et lancer la construction !
Comment la molécule est-elle fabriquée ?
La molécule d’e‑fuel est synthétisée à partir d’hydrogène et, dans le cas du kérosène et de l’e‑méthanol, de CO2. Dans le cas de Take Kair, le CO2 sera capturé sur le site de la cimenterie de Holcim, il sera extrait des fumées d’évacuation de la cimenterie puis réintégré dans la molécule d’e‑fuel. Quant à l’hydrogène, c’est le cœur de métier de Hynamics. Il sera produit par électrolyse de l’eau. Les intrants nécessaires à sa production sont l’eau et l’électricité.
C’est un marché en création, fondé sur de nouvelles réglementations et de nouvelles technologies, et nécessitant des investissements importants. Il faut donc intégrer aux équipes projets des compétences techniques (procédés chimiques, sécurité industrielle, opération d’unité de production, gestion de projets) mais aussi réglementaires, commerciales et de financement.