Depuis le 1er janvier 2024, tous les ménages devront pouvoir trier leurs déchets biodégradables selon l’article L541-21–1 du code de l’environnement. Mais si la loi fixe des objectifs, elle ne donne ni n’impose les solutions pour y parvenir. Parmi les valorisations possibles, la méthanisation présente de nombreux avantages et requiert quelques conditions.
Parmi les valorisations possibles, la méthanisation présente de nombreux avantages. En parallèle aux gisements de déchets agricoles, les biodéchets des ménages constituent une source potentielle importante pour la méthanisation, avec près de 5 millions de tonnes par an. Les dernières réglementations fixent des objectifs ambitieux de réduction, de réemploi et de valorisation de ces déchets, notamment pour les collectivités.
Par leur composition, leur valeur énergétique et leur dégradabilité, ce sont des déchets mobilisables localement (dans un rayon de 50 km environ), favorisant ainsi une économie circulaire de proximité. Orienter les biodéchets en méthanisation contribue à une gestion circulaire de ces flux, au profit de logiques territoriales durables et résilientes par production d’EnR et par la valorisation des déchets produits localement.
Bien déconditionner
Cependant l’usage de biodéchets en méthanisation implique qu’ils soient débarrassés des plastiques et cartons d’emballage. C’est l’étape du déconditionnement qui consiste à séparer la matière organique des emballages. Comme on le verra dans ce numéro, le déconditionnement est une étape fondamentale de préparation des biodéchets avant leur introduction dans les digesteurs, qui est étudiée de près par la filière, car la qualité du digestat produit en sortie en dépend. Or celui-ci retourne sur les sols et doit donc être exempt de toutes pollutions. Certaines unités utilisent déjà des déconditionneurs en interne qui sont actuellement étudiés de manière concrète. La technologie de compression semble donner les meilleurs résultats en qualité de séparation même si celle du broyage/séparation permettrait de récupérer un peu plus de matières organiques. Par ailleurs les biodéchets nécessitent le passage en hygiénisation (70° pendant 1 heure mininum) pour éliminer les bactéries pathogènes.
Les sites de méthanisation accueillant des SPAn doivent obtenir un agrément.
Le problème est, qu’avec les normes Icpe, l’introduction de biodéchets dans une unité de méthanisation impliquerait l’hygiénisation de tous les effluents d’élevage pour éviter d’éventuels croisements. Opération évidemment très coûteuse, peu favorable au bilan GES et qui semble irréaliste. Une bonne logistique peut permettre d’éviter cette mesure qui limite l’usage de biodéchets dans de nombreuses unités.
Biologie complexe Les biodéchets posent un autre problème, leurs caractéristiques ne sont pas constantes, ce qui oblige à piloter de manière fine les unités de méthanisation. Pour accompagner ces biodéchets, des analyses doivent donc être effectuées en amont de la chaîne pour valider les potentiels méthanogènes des intrants ou vérifier leur innocuité et en aval pour valider le retour au sol des digestats. Des laboratoires comme Innolab ou Wessling sont à même de suivre ces données, certaines grosses unités ayant opté pour intégrer leur propre laboratoire. La société Innolab s’est investie dans ce secteur : « Pour améliorer les process, nous travaillons avec des fabricants pour analyser les biodéchets en sortie de leur déconditionneur, en analysant les traces de plastique, verre, métal, explique Amr Chaama, responsable R&D chez Innolab. Nous regardons aussi de près la viscosité et la qualité agronomique des produits en sortie. Nous sommes à même de déterminer aussi le potentiel méthanogène en 3 ou 4 jours, mais aussi de faire un suivi microbien sur les biodéchets après hygiénisation en 24/48 h. » |
---|