Spécialiste de l’ensemble du processus de méthanisation, SEDE accompagne les acteurs agricoles de la filière sur l’exploitation de leur unité mais propose aussi des offres de reprise de méthaniseurs. Partenaire privilégié, SEDE se démarque avec comme objectif : compter sur les équipes pour “booster” et “pérenniser” l’unité afin de lui donner une nouvelle envergure. Entretien avec Antoine Guigourese, responsable du site et Fabrice Gainche, responsable d’exploitation et développement sur la région Ouest.
Garder l’esprit agricole
Capitalisant sur son expérience et ses contacts, SEDE, filiale de Veolia, veut prendre part à la production de gaz vert et s’est donné pour objectif le rachat de sites de méthanisation. Départ en retraite, souhait d’un associé de se retirer, impossibilité de réinvestir, difficultés financières, besoin d’intrants plus méthanogènes : les gestionnaires d’unités peuvent avoir de nombreuses raisons de vendre et SEDE est là pour les accompagner. « Nous réinjectons des capitaux et investissons sur le site, nous ajustons la ration pour qu’elle soit plus performante grâce à la gestion des intrants qui est au cœur de notre métier », indique Vincent Crave, responsable Marketing de SEDE. « Nous anticipons sur les évolutions réglementaires de la méthanisation et intégrons des innovations autour de l’autonomie énergétique et de la captation du carbone. Nous apportons aussi nos compétences d’exploitants sur la gestion globale du site, tout en respectant la composante et l’esprit agricole de la méthanisation. »
Un métier de passion conservé
La SAS Méétha était une unité en cogénération de 450 MW située près de Châteaubriant à Soudan (44). Elle a été créée par M. Guigourese, agriculteur en élevage porcin, en complément de son unité de compostage et fonctionnait avec un apport important de matières exogènes. « Mon père, qui a porté le projet SAS Méétha pendant 7 ans avant son lancement en 2016, souhaitait partir en retraite », indique Antoine Guigourese, aujourd’hui responsable du site de la SAS Méétha. Antoine a participé activement à la construction de l’unité en réalisant le terrassement et y travaillait depuis avec son père. « Ce métier me plaît mais je ne me voyais pas porter ce projet tout seul. Nous travaillions avec SEDE depuis 10 ans et la proposition de rachat s’est presque imposée comme une évidence pour mon père et moi. D’autant que je peux y exercer en tant que salarié, ce qui est sécurisant, tout en supervisant une équipe de 4 personnes sur les aspects qui me passionnent.
Nous travaillons en confiance avec les équipes de SEDE, une société qui met en avant les compétences de chacun.
Dans l’optique d’accéder à des typologies de matières diversifiées, SEDE nous a installé un déconditionneur et j’ai eu libre cours pour l’améliorer afin d’automatiser la gestion des déchets. Cela fonctionne très bien, nous allons prochainement pouvoir accueillir plus d’intrants issus des industries agro-alimentaires et notamment des biodéchets !
Je m’appuie donc sur le savoir-faire de SEDE en matière d’intrants, de gestion financière et administrative ou encore de sécurité pour lesquels, pour tout dire, j’ai moins d’affinités. Depuis la reprise par SEDE, le site a été revu et nous sommes passés en injection. Nous avons aussi mis en place une gestion informatisée des mélanges ainsi que des équipements pour mieux gérer les intrants de différentes natures. Les performances en termes de production par tonnes d’intrants ont été fortement améliorées et nous travaillons sur l’évolution du site, avec des panneaux solaires et des outils de valorisation de CO2. Mon expérience sera sollicitée sur les prochains sites repris ou développés par SEDE. »
Méthaniseur avant tout et non simple trader
Depuis 20 ans chez SEDE, Fabrice Gainche, fils d’agriculteur, a acquis une expérience multiple dans la valorisation des matières organiques. « J’ai débuté par l’épandage de boues de stations d’épuration dans les champs, puis j’ai développé des plateformes de compostage. Cela m’a conduit il y a 5 ans à travailler sur le négoce de matières exogènes avec les méthaniseurs, notamment issues de l’industrie agro-alimentaire (graisses, produits laitiers…). Depuis 2017, je suis donc chargé de la promotion de cette activité sur la région Ouest (Bretagne, Normandie et Pays de la Loire). SEDE a été le premier groupe à faire de la méthanisation dès 2012 à Graincourt avec une approche exclusivement orientée “déchets” sur ce premier site. Le contexte a cependant changé car auparavant nous traitions certains gisements avec une redevance associée. Aujourd’hui, il faut parfois les acheter. Cette évolution est une complication supplémentaire dans la gestion d’une unité de méthanisation et les exploitants agricoles se tournent alors vers SEDE pour les accompagner sur ce marché. Notre force auprès des industriels est de pouvoir gérer des tonnages importants et variés dans le respect de la réglementation, en adaptant la logistique à leurs besoins, en proposant un maillage du territoire pour gérer le plus localement possible leurs gisements et en étant garant de la filière dans son ensemble. Mais notre force auprès des méthaniseurs agricoles est aussi de bien connaître les caractéristiques et les potentiels méthanogènes de ces déchets et, grâce à notre expérience, de pouvoir nous positionner de la manière la plus pertinente possible tout en garantissant un approvisionnement fiable et qualitatif. »
Stratégie de rachat
« SEDE a souhaité se diversifier par l’acquisition d’unités de méthanisation existantes. J’ai donc étudié depuis 2018 plusieurs projets de rachat. Il y a plusieurs critères à respecter pour cela : conception, intégration géographique, aspects financier et humain et, si le site dysfonctionne, il faut être capable d’en diagnostiquer les raisons : problèmes biologiques, financiers, juridiques ou techniques. À Soudan (SAS Méétha), la méthanisation était assez récente, une canalisation de gaz passait à 200 m pour l’injection, le fondateur souhaitait prendre sa retraite et l’unité, qui n’était pas enclavée dans la ferme, avait du potentiel. On cochait toutes les cases ! Le rachat du site de Soudan en 2018 a été pour moi l’opportunité de passer des paroles aux actes concrets. Nous gérons 70 000 tonnes de matières sur la région Ouest et j’ai rencontré beaucoup d’unités qui fonctionnent très bien et malheureusement d’autres qui peinent, enchaînant les problèmes techniques. Nous pouvons leur apporter des solutions. Conduire un méthaniseur, c’est comme piloter un paquebot qui arrive dans un port : une conduite fine en tenant compte de l’inertie ! Avoir une bonne instrumentation et des moteurs latéraux (un bon équipement) permet d’aider le capitaine ! Notre connaissance des déchets, de leur valeur, de la biologie, de la logistique et des démarches administratives et réglementaires (nos icebergs !) font partie des aides au pilotage. Mais dans tous les cas, la méthanisation, c’est un bébé qui ne grandit jamais, il faut toujours s’en occuper. »
Miser sur le personnel et les outils
À la SAS Méétha, SEDE a investi pour passer à l’injection avec un système d’épuration, tout en gérant les aspects administratifs.
« Nous avons également réalisé plusieurs investissements : barrière à l’entrée, agrandissement des plateformes de réception des intrants, nouveau bassin pour les digestats, vérification des drains ou encore sécurisation du site pour une protection optimale des salariés. Le groupe Veolia est à la pointe en ce domaine. Nous avons aussi totalement revu les intrants, en gardant une part de lisiers, de fumiers et de déchets végétaux et en optimisant l’ajout de déchets agro-alimentaires. Avec 17 000 t d’intrants, dont l’approvisionnement est aujourd’hui sécurisé, nous produisons 450 Nm3/h de biogaz contre 250 Nm3/h précédemment, avec le même tonnage. Notre objectif est de produire 110 Nm3 de CH4/tonne de déchets. Une unité de méthanisation agricole sur la région Ouest fonctionne plutôt autour de 50 à 70 Nm3/t. Enfin, nous avons mis en place des panneaux solaires en autoconsommation et nous testons un procédé de captage de carbone avec Alcion pour produire du bicarbonate de potassium et valoriser le CO2 à l’avenir.
SEDE développe aussi des projets qui arrivent au stade ICPE et PC validés. Un premier projet sera bientôt lancé en Ille-et-Vilaine. Pour qu’une méthanisation soit performante, il faut une bonne technicité, de bons intrants et des hommes motivés et compétents. C’est pourquoi nous travaillons aussi sur la formation des futurs collaborateurs de SEDE. Nous accordons beaucoup d’importance aux hommes, la vraie plus-value. »
Vidéo d’information sur SEDE :
https://youtu.be/zUY7hDjsRxQ