Le 15 septembre 2020, la Banque populaire Auvergne Rhône Alpes créait la Banque de la Transition Énergétique (BTE), un modèle innovant de banque destinée à permettre aux épargnants de flécher leur épargne vers la transition énergétique et environnementale, et à accompagner les acteurs et les projets qui apportent des réponses à la nécessaire décarbonation en région Auvergne-Rhône-Alpes. Pierre-Henri Grenier, directeur exécutif de la BTE, a été à l’origine de cette création. Il nous explique la genèse et le fonctionnement de cette banque innovante.
Green Innovation. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours et les circonstances qui vous ont conduit à la création de la BTE ?
Pierre-Henri Grenier. Je travaille dans le monde des banques populaires depuis plus de 25 ans, d’abord à la Banque fédérale des Banques Populaires, puis à BPCE. J’ai été ensuite directeur général adjoint de la Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes (BPAURA) à Grenoble puis à Lyon. Durant cette période, j’ai eu l’occasion de créer, en 2013, avec la Région et d’autres entreprises régionales, le fonds d’investissement OSER-ENR pour apporter des fonds propres à des projets d’énergies renouvelables sur la région Auvergne-Rhône-Alpes. Je suis aussi conseiller au Conseil économique, social et environnemental régional, le CESER Auvergne Rhône-Alpes.
En 2019, nous nous sommes interrogés avec Daniel Karyotis, le directeur général de BPAURA, afin de savoir comment contribuer en tant que banque régionale et coopérative à la lutte contre le réchauffement climatique. La réponse a été claire : mettons au service de cette cause ce que nous savons faire le mieux, à savoir de la banque !
Une banque, c’est de l’expertise et de l’épargne que l’on collecte pour la reprêter ensuite. Nous avons donc développé, au travers de la Banque de la Transition Énergétique, une intermédiation bancaire spécifiquement orientée vers la transition énergétique grâce à des produits d’épargne dédiés au financement des projets de transition énergétique en région. Ces livrets de transition énergétique répondent ainsi aux attentes de nos clients qui souhaitent donner du sens à leur épargne et attendent de nous que nous puissions justifier de son usage au bénéfice de projets concrets et locaux. Deux ans après le lancement de la Banque de la Transition Énergétique, ce sont 323M€ d’épargne que nos clients nous ont ainsi confié pour financer les projets de transition énergétique en région, et 298 M€ de crédits accordés.
Ces projets sont majoritairement initiés par les collectivités et les entreprises du territoire. Beaucoup de chefs d’entreprise ont une vraie difficulté à savoir répondre aux multiples enjeux que posent la transition énergétique, souvent confrontés à un double impératif : réduire leur empreinte carbone et réduire leur facture d’énergie. Une banque comme BPAURA, banque de référence des TPE, PME et ETI sur son territoire, se doit de les accompagner dans la mise en place de solutions opérationnelles et financières nécessaires à leur transition énergétique et environnementale.
C’est sur ces fondements qu’est née la Banque de la Transition Énergétique, le 15 septembre 2020.
Quels sont les principaux engagements de la Banque
de la Transition Énergétique ?
On peut en citer quatre : la traçabilité rigoureuse de l’utilisation de l’épargne verte vers des projets identifiables de transition énergétique ; la territorialité des projets financés qui se situent en priorité en Auvergne-Rhône-Alpes, un financement en circuit court afin de favoriser le lien direct entre épargnants et porteurs de projets énergétiques en région, et enfin, une démarche partenariale car nous travaillons en collaboration constante avec nos partenaires de l’écosystème régional.
Comment avez-vous intégré ces engagements dans l’activité de la banque ?
À travers la mise en place d’une feuille de route, qui repose sur trois grands leviers et s’applique à trois grands marchés.
Le premier levier s’attache à l’expertise car un banquier qui ne comprend pas est un banquier qui ne prête pas. Mais on peut inverser la proposition : comprendre pour prêter. La Banque de la Transition Energétique, forte d’une équipe experte de dix personnes est ainsi capable d’instruire les dossiers les plus complexes, mais aussi de former les chargés d’affaires de la Banque Populaire pour les projets simples. Courant 2021 et 2022, l’ensemble de nos chargés d’affaires entreprise et agriculture, ainsi que nos directeurs d’agence ont ainsi été formés sur les énergies renouvelables.
Le deuxième levier relève davantage du domaine financier : il s’agit de trouver des nouveaux modes de financement de la transition énergétique, via notamment le tiers financement ou le crédit-bail.
Enfin, le troisième levier, sans doute le plus innovant, réside dans les partenariats. Nos clients attendent de nous une solution complète de transition énergétique, et pas seulement des financements. Nous avons donc sélectionné une quinzaine d’entreprises dans la région Auvergne-Rhône-Alpes à même de leur proposer des prestations et produits fiables de transition énergétique et que la Banque Populaire a vocation à prescrire, puis à financer.
Ces trois leviers ont ensuite été appliqués aux trois grands domaines que sont les énergies renouvelables (éolien, méthanisation, hydroélectricité et photovoltaïque), l’efficacité énergétique dans toutes ses composantes (rénovation énergétique de l’habitat individuel, des copropriétés, des bâtiments tertiaires, des processus de production — décarbonation des processus industriels -, du recyclage et de la mobilité décarbonée) et enfin, l’innovation (les matériaux de construction écosourcés, le béton de bois, l’hydrogène ou encore les smart grid).
Vous lancez pour la première fois les Prix de la Transition énergétique. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Notre souhait est de mettre en lumière des projets exemplaires issus d’entreprises, petites ou grandes, qui ont su innover en matière de transition énergétique. L’objectif de ces Prix est de donner la possibilité aux lauréats de servir de modèle à d’autres entreprises afin que celles-ci se rendent compte que la transition énergétique est une source d’opportunité et non une contrainte ; ils s’adressent aussi à nos épargnants, qui pourront constater, à travers des exemples concrets, que leur confiance a nourri des projets de développement durable. J’invite donc vos lecteurs à venir découvrir, sur notre site Internet, les 9 entreprises présélectionnées à partir du 7 avril prochain. Ils pourront voter pour un prix coup de cœur. Pour ceux qui sont sur le territoire Auvergne-Rhône-Alpes, ils pourront s’inscrire pour la soirée de remise des prix du 15 mai.
