Dans le climat de hausse des charges électriques, une oasis de solutions apparait : produire son énergie, booster sa production, vendre des sous-produits, optimiser son rendement énergétique. Autonomie : mirage ou réalité ? Eléments de réponse de la profession et décryptage dans ce dossier.
Beaucoup d’agriculteur se sont lancés dans la méthanisation pour pouvoir gagner en autonomie sur les engrais. Le digestat vaut aujourd’hui de l’or ! Mais l’inflation énergétique stoppe les projets ou plombent les comptes, passant d’une marge « confortable » à un déficit programmé.
Photovoltaïsme : la « Volt face »
Certains ont senti tôt le vent tourner ou furent inspirés par des valeurs écologiques comme les adhérents de l’Apepha (agriculteurs producteurs d’électricité photovoltaïques, une association qui défend une énergie produite par les agriculteurs) qui prône depuis 2010 la production d’électricité à la ferme. A l’époque, c’était pour revendre sur le réseau, mais les tarifs et la réglementation actuelle favorisent l’autoconsommation. Ainsi plus récemment, plusieurs méthaniseurs ont investi dans des panneaux photovoltaïques sur toiture ou des trackers, quand l’agrovoltaïsme suscite encore deux grands débats : au même titre que les cultures, les hectares de terre agricole couvert de panneaux peuvent-ils être dédiées à l’énergie ? Et qui va investir et profiter des terres : agriculteur, énergéticien ou financier ?
Malgré l’investissement beaucoup moins coûteux aujourd’hui, il convient toutefois de ne pas se tromper de fournisseur. L’Apepha est, à mon sens, un interlocuteur très utile. Vous pouvez aussi consulter le guide « Photovoltaïque et méthanisation, les questions à se poser », un document réalisé avec la participation de GRDF et Opale Energies Naturelles et le soutien de l’AAMF, de Biogaz Vallée et du Club Biogaz de l’ATEE (voir encadré), qui permet d’avoir une vue d’ensemble, mais ce format n’est pas idéal pour les mises à jour. Les trackers restent plus onéreux même s’ils ont une production un peu supérieure en principe. Le seul bémol est qu’il est impossible d’être autonome avec du photovoltaïque. Compter plutôt sur une autoconsommation permettant 15/20 voire 30%, ce qui permet un retour sur investissement toutefois rapide avec les tarifs énergétiques du moment. Car bien sûr les panneaux produisent moins l’hiver ou sous ciel nuageux et point la nuit.
Cogénération en parallèle
Une autre solution très intéressante pour être autonome en énergie est la mise en place d’une cogénération en parallèle de son injection par exemple. Il est possible d’atteindre les 100% d’autonomie et même de vendre un surplus. Mais l’investissement reste couteux avec un ticket d’entrée à 200/300 000 euros et surtout il ne peut pas être fait partout. En effet cela suppose que l’unité de méthanisation puisse produire encore plus ou alors qu’elle ne soit pas à son cmax ou à la production prévisionnelle (voir encadré). Il convient d’étudier en outre la possibilité d’implantation et peut être celle d’apport de nouveaux intrants ou d’intrant supplémentaires avec le redimensionnement que cela demande, mais aussi une réflexion sur la vie biologique du digesteur. Pour tous ces éléments il est important de trouver une aide à maitrise d’ouvrage efficace et si possible indépendante, en parallèle aux vendeurs de solutions de cogénérations comme 2G Energy.
Ajout d’intrants et sous-produits
Avant d’ajouter des intrants il convient d’abord de savoir, avec la batterie d’analyse adéquat, avec des spécialistes comme Innolab ou Wessling pour ne citer qu’eux. Si les performances de production sont à la hauteur des prévisions. Il peut être tentant pour produire de remplacer une partie ou d’ajouter de nouveaux intrants. Mais comme on vient de le voir cela implique une vraie analyse mais aussi parfois une autre approche. Ainsi des déchets organiques de collectivités ou d’unités agroalimentaire peuvent être très méthanogène, mais ils changent l’approche normative de l’unité : Le régime de l’installation (autorisation, enregistrement ou déclaration) définit les règles procédurales à respecter pour avoir le droit d’exploiter une unité de méthanisation ainsi que les mesures à respecter durant l’exploitation. Et c’est L’origine et la nature des déchets traités ainsi que la taille de l’installation qui vont orienter le classement ICPE de l’unité. Enregistrement, Icpe, hygiénisation des digestats … Prudence et étude en amont sont de mises.
Dans la case rendement, on peut également prévoir une revente de sous-produit. Pour le CO2 le cout d’investissement est important et la qualité est encore à l’étude. Il est aussi possible de valoriser du digestats à des tarifs intéressants. Mais au-delà des échanges avec voisins, la vente peut exposer à une normalisation voir réclamer une hygiénisation couteuse selon les intrants.
Maîtriser son énergie : IA qu’a !
Coté énergie, on peut monter un ORC en parallèle si l’on a beaucoup de chaleur à récupérer. Mais le rendement énergétique reste assez faible. Les systèmes ORC (Cycle Organique de Rankine) génèrent de l’énergie électrique et thermique à partir de plusieurs types de sources thermiques telles que la chaleur fatale. On peut aussi comme le propose VMTechnik poser un conteneur de séchage à côté de son installation qui permet de récupérer la chaleur fatale améliorant ainsi le bilan énergétique globale. Côté consommation, on peut s’adjoindre les services d’un spécialiste de la négociation de contrat ou de contrat groupé comme la market place. Enfin, il est recommandée de faire un audit énergétique pour comprendre toute les consommations et permettre éventuellement de gérer au mieux ces dépenses dans le temps. Comme vous le découvrirez dans les pages qui suivent, la société Nevezus propose un logiciel d’intelligence artificielle qui promet un pilotage des unités extrêmement précis : consommation d’électricité mais aussi suivi des performances des intrants, le tout en facilitant les démarches administratives. Un changement de niveau qui professionnalise la méthanisation et qui peut permettre de réelles économies.
Encadré Cmax et production annuelle
Le nouvel arrêté tarifaire, fixant les conditions d’achat du biométhane injecté dans les réseaux de gaz naturel est paru au Journal officiel du 19 décembre 2021.
Les principales modifications apportées au texte de novembre 2020 sont les suivantes :
L’arrêté remplace la notion de capacité maximale de production (Cmax), par la notion de production annuelle prévisionnelle, sur la base de 8 200 heures de fonctionnement annuel.
Jusqu’à présent, la Cmax était mensualisée, ce qui pouvait poser un problème en cas de variations importantes de la consommation de biogaz suivant les saisons. Cette annualisation était une demande portée depuis longtemps par la filière.
Le plafond du tarif d’achat réglementé pour l’injection de biométhane est fixé à 25 GWh PCS/an, ce qui correspond à une légère baisse. La valeur énergétique du biogaz varie, mais en moyenne, le biométhane a un PCS environ égal à 10,9 kWh/Nm³. En se basant sur cette valeur, le nouveau plafond correspond donc à 272,5 Nm³/h, au lieu de 300 Nm³/heure auparavant.
A part ce changement de seuil, la nouvelle grille tarifaire correspond en tout point à celle déjà en vigueur
Par ailleurs, rien ne change pour les contrats signés avant la parution de cet arrêté.