À 25 kilomètres au sud de Barcelone se trouve le site de Garraf, ancienne décharge à ciel ouvert de 60 hectares. Close en début des années 2000, elle cache près de 27 millions de tonnes de déchets urbains, enfouis sur 80 à 100 mètres de hauteur. Les autorités régionales ont souhaité réhabiliter ce site massivement pollué, un processus qui va prendre des décennies pour transformer ce bout de terre en parc naturel. Seuls des tuyaux noirs, sortant à intervalles réguliers et transportant le biogaz émis par la décomposition des déchets, témoignent de l’existence de l’ancienne décharge sous terre.
En 2006, une équipe composée d’ingénieurs, d’agronomes, d’architectes et de paysagistes a débuté les travaux de restauration du site. C’est d’abord une couche de 30 centimètres de graviers entre deux géotextiles qui a recouvert les résidus urbains pour permettre la circulation des gaz libérés par les déchets. Ensuite, recouverte d’une épaisse membrane en plastique de 2 millimètres, imperméable, une couche de graviers servant à drainer l’eau de pluie a été posée. Enfin, entre 80 centimètres et 1,2 mètre de terre stérile, prélevée sur différents chantiers et travaux publics, tel le métro de Barcelone, a recouvert l’ensemble. Pour recréer la vie sur ce territoire organisé en terrasses pour stabiliser les sols, des légumineuses ont été semées afin d’y apporter des fertilisants naturels. D’autres plantes et arbustes autochtones sont plantés de manière très dense. De petits étangs artificiels sont formés grâce aux eaux de pluie drainées par les canaux de drainage, où on peut déjà observer l’apparition de la faune.
En novembre 2021, l’ancienne décharge a été déclarée entièrement scellée. Même si elle présente encore des risques d’accumulation des gaz dans ses sous-sols et des affaissements de terrain. Ces gaz sont transportés vers une centrale de biogaz, capable de produire de l’énergie pour dix mille habitants. Les lixiviats aussi continuent à être évacués et épurés.
Photo ci-dessus :Le parc naturel de Garraf se trouve dans l’ancienne vallée d’en Joan, dominant la mer Méditerranée. Dans quelques dizaines d’années, quand les sols de la décharge seront totalement inertes et n’émettront ni gaz ni lixiviats, le site pourra être ouvert aux promeneurs du parc naturel. © Shutterstock