Green Innovation. Quel est le rôle du numérique dans la recherche de la performance énergétique des bâtiments ?
Alric Marc. Aujourd’hui, les bâtiments tertiaires de plus de 500 m² sont de plus en plus souvent équipés de systèmes complexes pour gérer par exemple le chauffage, la ventilation et l’éclairage. Le numérique est là pour faciliter les usages de ces équipements. Par exemple, dans les bâtiments, on est capables aujourd’hui d’adapter automatiquement l’intensité des lampes à la luminosité de l’espace et le numérique intervient justement pour calculer la bonne intensité lumineuse à un certain moment de la journée. Pareil pour les systèmes CVC (chauffage, ventilation, climatisation). Plus le temps passe, plus ces systèmes deviennent complexes. Le numérique aide vraiment à optimiser le fonctionnement de ces équipements. Il peut servir deux buts : le premier est faire des économies d’énergie et le second, d’améliorer le confort des utilisateurs du bâtiment, mais aussi celui des équipes techniques qui peuvent être alertées à distance des éventuelles pannes, ce qui facilite ensuite les opérations de maintenance.
Aujourd’hui, dans le neuf, disposer de systèmes numériques, et donc, de bâtiments connectés devient une norme. En outre, avec la crise énergétique actuelle, de plus en plus de clients souhaitent équiper leurs anciens bâtiments avec ces systèmes numériques, ce qui est un gain de confort et de qualité de travail pour l’utilisateur. Et les avantages sont nombreux pour un coût finalement assez dérisoire ; c’est donc un très bon retour sur investissement pour les outils qui évoluent avec le temps. Aujourd’hui, vous pouvez vous connecter à un bâtiment situé n’importe où dans le monde, vous pouvez avoir des algorithmes d’intelligence artificielle qui, par exemple, vont démarrer le chauffage à votre place. On est capable de prédire des pannes avec, par exemple, l’analyse vibratoire de votre équipement. Donc, il y a un vrai plus et le bâtiment devient une nouvelle force dans l’entreprise et non pas seulement un endroit où l’on ne fait que travailler.
Quelle est votre démarche dans la gestion énergétique des bâtiments ?
Dans le cas d’un bâtiment déjà existant, nous allons le transformer et le rendre « intelligent ». Nous allons brancher nos outils numériques sur les équipements, principalement les équipements de CVC et d’éclairage et piloter ces équipements. C’est alors le système de l’Eficia qui va démarrer la chaufferie, éteindre la lumière, gérer la vitesse de ventilation, etc. Donc, il y a énormément d’algorithmes qui sont là pour optimiser les réglages. Tout est fait à distance avec l’intelligence artificielle des automates, avec en plus des opérateurs, des énergéticiens qui supervisent le fonctionnement de ces outils, ce qui permet de garantir la performance dans le temps. Et puis un bâtiment, ça évolue. Dans un bâtiment, vous pouvez avoir des travaux, des extensions, des changements d’équipements et Eficia est justement là pour que, dans le temps, le système reste intelligent et continue à faire économiser l’énergie et à dispenser un confort optimal dans le bâtiment. Aujourd’hui, nous arrivons à faire réaliser 20 % d’économies d’énergie à nos clients, en rendant intelligents des bâtiments qui ne l’étaient pas.
Quelle est votre vision du bâtiment du futur ?
Je pense que le bâtiment du futur sera quelque chose de très important. Il sera de plus en plus interconnecté à d’autres choses. On parle des smart grids, ces réseaux intelligents qui prennent en compte des sources de production d’énergie, des consommateurs, des points de stockage, etc. Je pense que le bâtiment va devenir une source d’énergie en plus et aussi une source d’équilibre pour le réseau. C’est un plus et cela nous permettra aussi d’être moins dépendants des problématiques géopolitiques que l’on peut voir aujourd’hui.