Green Innovation. Pouvez-vous présenter France Logistique ?
Constance Maréchal-Dereu. France Logistique est une association qui a été créée en 2020 et qui est présidée par Anne-Marie Idrac, ancienne ministre, qui regroupe l’ensemble des acteurs privés de la chaîne logistique française et porte leur voix. En fait, la logistique, c’est tout ce qui permet au produit d’être au bon endroit, au bon moment, dans les bonnes conditions. Donc, pour cela, il est stocké et il est transporté.
Nous avons ainsi la partie stockage, la partie organisation de transport et les différents modes de transport, qui sont, au niveau international, essentiellement le transport maritime et un peu de transport aérien et, au niveau national, le transport routier, le transport ferroviaire et le transport fluvial. Notre objectif chez France Logistique est d’assurer la promotion de la filière transport et logistique au service des territoires, des entreprises et des consommateurs pour faire en sorte qu’elle soit toujours plus performante économiquement, écologiquement et socialement, et c’est pourquoi nous portons aussi la voix des clients, des donneurs d’ordre. Nos membres sont les principales organisations, associations professionnelles représentant les différents maillons de la filière. Des entreprises du secteur sont également adhérentes. Nous sommes donc vraiment le porteur de voix de l’ensemble de la filière auprès des acteurs publics. Et nos objectifs sont de répondre aux défis de la transition écologique et de la transition numérique, et d’être au rendez-vous de la compétitivité et des compétences.
Quel est le rôle des nouvelles technologies dans
le développement d’une supply chain durable ?
Il y a beaucoup de technologies qui sont en application pour une supply chain durable. Les entreprises, acteurs de la filière, identifient d’abord les objectifs à atteindre et, en fonction de ceux-ci, elles mettent en œuvre les technologies qui leur permettent de les atteindre. L’une des grandes raisons pour laquelle la chaîne logistique s’intéresse aux innovations et les met en œuvre, qu’elles soient d’ordre organisationnel ou d’ordre technologique, est de tendre vers une supply chain toujours plus écologique, toujours plus au service de l’environnement. L’innovation au service de l’environnement dans la supply chain a des objectifs variés. Il y a par exemple des innovations qui permettent l’optimisation de la gestion des flottes, des actions sur les emballages, tout ce qui permet de mieux compter le CO2 pour savoir mieux mesurer notre empreinte carbone et pouvoir réagir en conséquence. Selon ces objectifs, les innovations peuvent être d’ordre organisationnel – mieux travailler entre les donneurs d’ordre et leurs prestataires pour voir, par exemple, comment optimiser le remplissage des camions, etc. – ou d’ordre technologique. L’utilisation de l’intelligence artificielle devient en effet de plus en plus fréquente, notamment pour mieux prédire la demande, pour optimiser les flux en fonction de la demande. Des innovations numériques permettent le partage des données, des logiciels vont toujours plus loin dans l’optimisation des tournées de produits et de la gestion des stocks. Donc, il y a vraiment des technologies très variées. Je ne pense pas qu’il faille privilégier une technologie en particulier tout au long de la supply chain : les technologies vont varier en fonction de chacun des maillons concernés, parce que c’est cela qui permettra d’être plus écologique.
De grandes réflexions sont menées sur la façon d’automatiser certaines opérations pour gagner du temps, pour gagner en fluidité, par exemple le transbordement des conteneurs du transport routier au transport ferroviaire et inversement. Il y a également des actions sur les économies d’énergie, la filtration des eaux, etc. Donc, les technologies sont vraiment très variées.
D’autres innovations sont mises en place au service des salariés, sachant que notre secteur emploie 1,8 million de personnes. À titre d’exemple, l’automatisation permet d’assister l’humain, en prenant en charge les activités les plus pénibles ou répétitives, l’utilisation des outils digitaux peut simplifier certaines tâches, etc.
De multiples innovations permettent de limiter la production de déchets (emballages réutilisables : caisses, enveloppes…), d’améliorer la gestion des palettes, d’optimiser le remplissage des colis (emballeuses en 2D ou 3D au plus près des produits pour éviter la consommation de matières, le transport de vide et l’utilisation de matériel de calage), de faciliter la livraison pour le vrac, ou encore d’améliorer la collecte et le traitement des déchets…
L’innovation en logistique relève des opérateurs logistiques, mais aussi de leurs fournisseurs de solutions (start-up, constructeurs…) et de leurs clients. L’écosystème français de start-up est d’ailleurs plutôt en avance.
L’excellence de la filière est un facteur de rayonnement de la France sur la scène internationale. Une meilleure valorisation de l’innovation de la supply chain française, tant dans les start-up que chez les donneurs d’ordre, permettrait de susciter l’intérêt des acteurs étrangers de faire appel aux acteurs français.
L’ensemble de ces acteurs doit travailler conjointement pour faire de la France un leader dans la logistique 4.0. Plusieurs exemples de travail partenarial existent déjà, à l’image du projet LOGIN, porté par le groupe Daher, du campus Euralogistic, ou de chaires entre les entreprises et les universités.
Les pouvoirs publics doivent également participer à cette vision de la logistique de demain, afin de l’accompagner, que ce soit par des financements, de la réglementation et son contrôle ou par l’appui à la mise en réseau des acteurs.
