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Arhyze : « Nous créons des écosystèmes complets grâce à une concertation avec tous les acteurs des collectivités »

Hydrogen+. Arhyze développe, finance, construit et exploite des projets liés à l’hydrogène vert. Quelles technologies utilisez-vous pour la production de cet hydrogène ?

Mathieu Coustets. Nous développons des projets de production d’hydrogène renouvelable à partir d’électrolyse de l’eau, que ce soit avec de l’alcalin ou du PEM, qui sont les deux technologies matures dans l’électrolyse. Cela nous permet de déployer rapidement des projets pouvant aller jusqu’à 10 MW. L’alcalin et le PEM sont en outre les plus compétitifs économiquement, ce qui permet de dimensionner plus largement les installations. Il s’agit en fait de la meilleure technologie pour produire de l’hydrogène vert en utilisant de l’électricité renouvelable que nous achetons auprès de producteurs d’EnR. Cela garantit la traçabilité de l’hydrogène.

Nous nous intéressons aussi à d’autres technologies comme l’électrolyse à haute température qui permet des rendements plus élevés, mais qui est moins mature et n’offre donc pas d’équilibre économique à ce jour. En revanche, cette technologie pourra répondre aux nombreux défis auxquels nous faisons face d’ici à quelques années.

L’énergie renouvelable nécessaire à la production d’hydrogène vert est-elle produite localement ?

L’énergie que nous utilisons est produite localement dans la mesure du possible. Nous cherchons le meilleur schéma d’approvisionnement auprès des producteurs locaux afin d’obtenir le meilleur équilibre économique. Nous plaçons nos électrolyseurs au plus près des usagers afin d’éviter le transport, qui est coûteux. Nous avons trois sources d’approvisionnement. Étant surtout présents en milieux urbains et dans des zones d’activités, nous essayons de connecter une source renouvelable directement à notre électrolyseur en utilisant des centrales de production photovoltaïque, notamment au sol, sur grande toiture ou sous forme d’ombrières. Mais cela reste souvent insuffisant. Notre seconde source d’approvisionnement est issue des contrats dits de gré à gré (Corporate PPA), c’est-à-dire que nous nous raccordons au réseau électrique et que nous achetons de l’électricité à des producteurs d’énergie renouvelable via des acteurs de marché. Cela nous permet de combiner différents types d’énergie (éolien, photovoltaïque, hydraulique) permettant un approvisionnement plus stable pour nos électrolyseurs. Cela nous évite aussi de surdimensionner certains équipements aujourd’hui très coûteux. Enfin, nous participons au service sur le réseau en privilégiant l’effacement de nos installations. L’hydrogène nous permet donc de décarboner l’industrie et les usages de la mobilité, et l’effacement permet, lui, d’éviter le recours à des sources carbonées comme le gaz et le charbon.

Dans quels territoires êtes-vous présents et avec quels acteurs – économiques, politiques – collaborez-vous ?

Nous développons des projets dans toute la France, notamment dans le Grand Ouest, le Sud-Ouest et le Nord. Ces territoires offrent en effet des possibilités de développement plus importantes pour notre type d’entreprise, car ils favorisent l’émergence d’écosystèmes locaux moins centralisés que dans d’autres régions. Nous collaborons avec les services des collectivités, les élus, les services des régions (agences de développement) ou directement avec les régions intéressées par notre profil d’entreprise indépendante et agile.

Nous sommes également en phase de levée de fonds. Cela va nous permettre d’accélérer notre développement, d’embaucher une dizaine de personnes sur un an, de structurer nos projets, existants et futurs (incluant la production d’ammoniac vert), et de développer d’autres briques technologiques.

Vous êtes très engagés dans le processus dit d’« acceptabilité des projets ». Concrètement, comment cela se passe-t-il dans les territoires et les collectivités ?

Nous discutons beaucoup avec les régions, les services et les collectivités qui souhaitent s’engager dans l’hydrogène ou qui veulent s’informer sur les projets que nous développons sur leur territoire. Nous venons du secteur des énergies renouvelables, et notamment de l’éolien. Nous comprenons donc l’importance de l’acceptabilité des projets pour les collectivités et leurs habitants. Nous prônons ainsi la concertation avec les acteurs locaux, publics ou privés, et le développement des emplois locaux en traitant avec des entreprises du territoire, pour la maintenance par exemple.

Cette acceptabilité se traduit par un travail de pédagogie auprès des collectivités, mais aussi des acteurs qui souhaitent mieux comprendre les enjeux de la filière. Cet accompagnement nous permet de cibler des usages potentiels et de faire émerger un écosystème cohérent au plus près des besoins du territoire. Ainsi, pour les années à venir, nous ne cherchons pas à accroître à tout prix le nombre d’infrastructures, mais plutôt à augmenter la puissance des électrolyseurs.

Cette acceptabilité passe aussi par la population locale. C’est la raison pour laquelle nous mettons en place des financements participatifs sur nos projets.

D’autre part, nous développons des projets pour les exploiter sur le long terme (15 à 20 ans). Nous sommes donc attentifs aux détails qui auront de l’importance lors de l’exploitation. Par exemple, nous anticipons au maximum les futures réglementations, notamment sur les ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement).

Tous ces points sont autant d’atouts qui sont très appréciés au niveau local. Nos projets sont transparents et nous cherchons à y associer tous les acteurs locaux.

À propos de l'auteur

Mathieu Coustets

Cofondateur d’Arhyze.

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