Green Innovation. Selon vous, quel rôle va jouer le photovoltaïque dans la transition énergétique ?
Cyrille. L’étude « Futurs énergétiques 2050 » de RTE dresse 6 scénarios pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Elle montre que même en relançant le nucléaire au maximum selon les indications d’EDF, il faut viser 70 GWc de solaire et 65 GWc d’éolien, contre 14 et 19 GW aujourd’hui. M. Emmanuel Macron vise 100 gigawatts à 2050 pour pour le solaire afin d’atteindre la neutralité carbone. Cela montre que l’énergie solaire a un rôle incontournable à jouer pour le pays.
Quels types d’installations sont développés par Photosol ?
Gabriel. Nous nous concentrons sur les centrales au sol pour des raisons de compétitivité de l’électricité produite. Une petite installation PV en toiture d’un particulier a besoin de vendre son électricité à 180 €/MWh pendant 20 ans pour se rentabiliser alors qu’une centrale solaire au sol peut se contenter de 55 €/MWh. Malgré le confort des panneaux sur toiture, on voit la grande différence de prix : le coût du soutien à la vente de l’électricité pour l’État est incroyablement plus faible.
Une première possibilité est d’installer des centrales solaires sur les friches industrielles, ou d’autres sites pollués et délaissés. L’ADEME a étudié le gisement en avril 2019, et a estimé que les surfaces utilisables représentent 130 000 hectares, pour un potentiel de 50 GWc. En réalité, ces surfaces ont des inconvénients majeurs : petite taille, éloignement des raccordements, coûts de dépollution ou de terrassement importants ; elles abritent aussi très fréquemment une biodiversité précieuse bloquant tout projet photovoltaïque ; et les rares sites intéressants (plus de 5 ha, relativement plats et près du réseau d’électricité) sont activement visés par les autres industries qui doivent éviter de bétonner des terres agricoles ou forestières.
D’où la pertinence de l’agrivoltaïsme ; ces terrains abritent rarement une biodiversité importante et nous ne bétonnons rien, la centrale au sol n’est faite que de pieux enfoncés dans le sol supportant les panneaux, très facilement démontables. En espaçant les tables, la pousse de l’herbe est maintenue et l’activité d’élevage reste tout aussi importante.
Quelles sont les perspectives de l’agrivoltaïsme ?
Cyrille. Il offre la possibilité d’installer des centrales solaires sur des terres agricoles sans détourner la vocation agricole. La surface disponible pour cette activité est très importante, car les terres agricoles représentent 29 millions d’hectares, dont 12 de prairies permanentes et temporaires. Installer 100 GWc avec uniquement des centrales agrivoltaïques nécessiterait de l’ordre de 110 000 ha (0,9 MWc/ha). Or une partie significative se fera sur toitures ou sur des surfaces au sol dites « délaissées » ; le nombre d’hectares mobilisés par l’agrivoltaisme sera donc forcément inférieur à ces 110 000 ha.
Nous avons des retours d’expérience concluants d’agriculteurs sur plus de 200 ha de nos parcs, en système ovin. L’INRAE a constaté sur une de nos centrales que la présence de panneaux solaires a permis de mettre en avant qu’il n’y a pas moins de biomasse produite par une prairie en présence de panneaux. Une autre étude a été réalisée par la chambre d’agriculture de la Nièvre, sur deux lots d’agneaux similaires mis à l’herbe au même âge, l’un sur un terrain occupé par l’un de nos parcs et l’autre sur une prairie sans panneaux. Les agneaux sur le parc Photosol ont présenté des poids plus importants (+ 10 %) que le lot sur la prairie sans panneaux et une mortalité moins importante (3,6 % contre 12,7 %).
L’agrivoltaïsme peut procurer aux agriculteurs un complément de revenu qui permet de sécuriser leur modèle économique et peut aussi les aider à s’engager dans la transition écologique. Ce type de projet peut permettre de faciliter l’installation d’un jeune agriculteur ou de renforcer de jeunes exploitations trouvant difficilement du foncier pour développer leurs ateliers.
