En février dernier, Airbus a annoncé avoir franchi une nouvelle étape dans le développement d’un avion vert. En effet, l’industriel souhaite faire voler un A380 doté de réservoirs à hydrogène dès 2026. Pour mener à bien ce projet ambitieux, Airbus a signé un partenariat avec les entreprises américaine General Electric et française Safran.
L’A380 volera donc encore, malgré l’arrêt de sa production. Airbus a annoncé que le MSN01, le premier A380 d’essais, allait en effet être modifié pour jouer le rôle de démonstrateur à hydrogène.
Pour développer et modifier cet appareil, Airbus a signé un partenariat avec CFM International, coentreprise née de l’accord passé entre General Electric et le motoriste français Safran Aicraft Engines. L’objectif est, selon les mots d’Airbus, de « démontrer la faisabilité en vol d’un système de propulsion à hydrogène vers le milieu de la décennie ».
Pour cela, l’A380 va être équipé d’une nacelle en hauteur sur la partie arrière gauche. Quatre réservoirs d’hydrogène liquide (400 kg) seront installés à l’arrière pour faire fonctionner le nouveau moteur. Les quatre moteurs d’origine au kérosène resteront sous les ailes.
Sabine Klauke, directrice de l’ingénierie chez Airbus, a ainsi indiqué : « Il s’agit vraiment d’une étape importante vers l’aviation durable que nous franchissons ».
C’est en 2020, en pleine crise sanitaire, qu’Airbus a annoncé son virage vers l’avion zéro émission. Son objectif : un premier avion opérationnel en 2035. Dans ce contexte, le choix du moteur à hydrogène s’est imposé. En revanche, pour avoir la même puissance qu’un avion classique, il faut de grandes quantités d’hydrogène liquide compressé à − 252 oC. Il faut également produire l’hydrogène vert, par électrolyse de l’eau et de manière durable. De la production au vol, c’est toute une filière qu’il faut développer, avec des infrastructures, des sites de production, le transport, le stockage et les aéroports qui devront être modifiés.
Photo ci-dessus : Un Airbus A380 servira de démonstrateur pour tester le moteur à hydrogène développé par Airbus et CFM International, joint-venture entre General Electric et Safran.
Jeff Knittel, président d’Airbus Americas, a souligné que c’était « un jour historique pour notre industrie et pour Airbus qui prévoit d’être le pionnier de l’aviation décarbonée, en étant le premier à mettre en service un avion commercial à hydrogène en 2035 ».
Grâce aux campagnes d’essais, Airbus pourra analyser de grandes sommes de données collectées par les capteurs fixés sur l’appareil. Gaël Meheust, directeur général de CFM International a d’ailleurs précisé que GE et Safran avaient déjà « accumulé des millions d’heures de travail et d’expérience avec l’hydrogène, notamment dans leurs activités spatiales » et qu’ils ne voyaient « aucun défi technologique insurmontable ».
Airbus fournira les réservoirs à hydrogène liquide, définira les spécifications du système de propulsion à hydrogène et fournira l’avion. CFM International modifiera la chambre de combustion, le circuit de carburant et le système de commande du Passeport, un moteur conçu et assemblé aux États-Unis par General Electric.
Pour mener à bien ce projet très ambitieux, Airbus s’est associé à des compagnies aériennes (KoreanAir, easyJet, etc.), à des aéroports (en Italie, à Singapour) et à des entreprises spécialisées comme Air Liquide. Ces partenariats serviront à bâtir toute la chaîne hydrogène, des infrastructures de production aux équipements des aéroports en passant par les infrastructures de distribution. Les coûts devront ainsi être partagés, seul moyen de garantir la pérennité de cette aviation durable du futur.