La filière du biogaz est récente, en plein développement et recouvre des métiers variés. C’est pourquoi les professionnels qui y travaillent viennent d’horizons divers. Au bagage de leurs débuts, ils ont ajouté l’expérience et des formations complémentaires. Ici, on cherche des talents divers. Alors, bienvenue à tous !
Formation… continue
Le parcours de Stéphane Jitten est riche d’expériences et de formations et est à l’image de celui de nombreux salariés qui se sont orientés, souvent par affinité, dans la filière biogaz, sans avoir les formations diplômantes ou spécialisées d’aujourd’hui. Après un DEUG sciences et techniques, il est d’abord conducteur d’engins en composterie, puis devient très vite technicien d’exploitation en déchets verts. Après une formation « valorisation des matières organiques » et une autre de gestion de marché public, il devient responsable d’exploitation, toujours dans le compostage, avant de passer à la conception d’unités chez Sita, aidé par son expérience dans l’exploitation et une formation interne de management opérationnel. Son expérience de conception l’emmènera à être responsable ingénierie (chez Saur), mais il reviendra bientôt, par affinité, comme responsable d’exploitation chez Valdis Saria Bionerval puis Evergaz, avant de suivre une habilitation électrique. Ces expériences professionnelles appuyées sur une formation en continu l’on conduit à être aujourd’hui responsable opération et maintenance au centre d’expertise et d’ingénierie pour le gaz renouvelable d’Engie. « Il faut avoir un minimum de connaissances théoriques dans un métier ; ensuite, j’ai eu la chance de travailler avec des professionnels qui m’ont transmis leurs connaissances et d’acquérir une expérience concrète qui m’a permis d’évoluer dans ma profession. Le point commun de mon parcours reste finalement la gestion de matières organiques pour conduire à les valoriser. »
Un diplôme, une affinité
Autre parcours, plus récent, celui d’Alice L’Hostis. Ingénieur à l’École polytechnique et à l’École nationale supérieure de techniques avancées (ENSTA) avec une spécialité « énergétique, procédé », elle fait son mémoire sur la solidification de l’hydroxyde de carbone. Elle se dirige dans un premier temps vers le solaire thermodynamique dans une start-up avec une spécialisation très pointue. Toutefois, elle saisit l’occasion de la création d’un poste de direction au Centre technique national du biogaz et de la méthanisation (CTBM) pour postuler. Le CTBM (Club Biogaz) anime et coordonne le réseau recherche et innovation pour soutenir le développement de la méthanisation. « La recherche m’intéressait, mais elle devait pour moi être appliquée. Au CBTM, je peux faire passer la pointe de la recherche pour informer un public plus large, avec par exemple le site infometha.org, une charnière entre théorie et pratique. Travailler dans le biogaz avait aussi un sens pour moi. C’est une filière renouvelable qui va profiter au collectif. »
Reconversion
Sylvain Masnada a choisi une reconversion professionnelle. Il a bien voulu nous expliquer ce passage de l’informatique à la méthanisation.
« En 2017, à la suite d’une volonté de reconversion professionnelle, j’ai suivi le cursus DU « mise en œuvre d’une unité de méthanisation » à Bar-le-Duc (et à Nancy). Au préalable, j’avais un bac + 5 en réseaux et télécommunications obtenu en 2003, à la suite duquel j’ai travaillé 14 ans dans l’informatique. Cette formation spécialisée en méthanisation m’a permis, en moins d’un an, d’acquérir de solides bases théoriques, mais aussi une expérience pratique grâce à l’alternance proposée. Elle a également été l’occasion de me créer un réseau dans cette filière de passionnés. La méthanisation s’inscrit pour moi dans un contexte global vertueux, à la fois dans le domaine environnemental (secteurs de l’énergie renouvelable, du traitement de déchets, des biocarburants) et dans le domaine agricole (diminution des engrais chimiques, nouvelles pratiques culturales, diversification des revenus). C’est une filière si diversifiée, à la fois mature et, paradoxalement, en pleine évolution et avec de réelles perspectives, qui fait de la méthanisation un sujet tellement intéressant ! Malheureusement, elle reste trop méconnue et souffre d’un déficit de reconnaissance auprès des instances politiques alors qu’elle présente un potentiel incroyable. Comme tous mes camarades de promotion, j’ai trouvé un emploi grâce à cette formation. Avant même la fin du DU, j’avais plusieurs propositions. J’ai intégré directement la société Méthalac, constructeur français d’unités de méthanisation, en tant qu’ingénieur d’affaires. »
En route vers la maintenance
Passionné par la technique, Idris Benali a touché à différents métiers. Une perte d’emploi en début de période Covid et une annonce pour une formation l’ont amené à travailler dans la maintenance d’unités de méthanisation, où son expérience est valorisée.
Idris Benali a exercé différents métiers. Après plusieurs années comme technicien de maintenance dans le bâtiment en Algérie, il se met à son compte comme scaphandrier, puis suis une formation comme électricien. Arrivé en France, il s’essaie comme moniteur en centre pour mineurs. Mais ce passionné de technique revient vite vers le bâtiment comme monteur en chauffage et climatisation. « Au début de la période Covid, le contrat que j’avais en Suisse a pris fin. J’ai vu une annonce pour devenir technicien de maintenance biogaz. Après mon bac scientifique, j’avais démarré un DUT en électrotechnique que j’avais interrompu pour travailler. Même si je ne connaissais pas vraiment cette filière, cette annonce m’a tout de suite intéressé. J’ai donc intégré la formation de 16 mois de l’Institut des ressources industrielles (IRI) de Lyon, en alternance chez la société Deltalys. Cette formation comporte une partie théorique sur les éléments pneumatiques, hydrauliques, électrotechniques et sur la sécurité des modules de méthanisation, mais elle est également très pratique avec un laboratoire à disposition et, bien sûr, les applications concrètes avec l’alternance notamment. Au terme de ma formation, Deltalys m’a proposé un poste de responsable en maintenance en CDI qui correspond tout à fait à mes attentes. La formation m’a beaucoup aidé sur la méthodologie d’intervention : comment réaliser un diagnostic efficace puis comment intervenir, ensuite comment rédiger un compte rendu (y compris la partie administrative), comment mettre en place un tableau de bord pour aider par la suite le pilotage de l’unité. » Deltalys a développé une expertise et un savoir-faire dans la qualité et la purification des gaz de biomasse. La société développe et met en œuvre des solutions industrielles issues de la connaissance des gaz de biomasse, et plus particulièrement du biogaz, autour de trois axes clés : l’analyse, l’instrumentation et l’optimisation des procédés de traitement et de valorisation des gaz de biomasse avec la connaissance de la qualité et de la variabilité des gaz et biogaz, l’impact de ces composés sur l’efficacité des procédés de traitement et de valorisation, l’optimisation de ces procédés in-situ, et la gestion des risques techniques, économiques et réglementaires liés à la variabilité de la qualité gaz.
« Nous intervenons chez des clients partout en France. Nous réalisons de la maintenance préventive d’abord et curative si besoin est. Dans ce métier de maintenance, la logistique de la préparation des interventions et de leur fréquence est primordiale. Tel filtre doit être changé toutes les 2 000 heures par exemple. Mais il y a aussi sur le terrain le savoir-faire et l’expérience qui permettent de détecter à l’ouïe un problème sur un compresseur ou à la vue une défaillance sur telle ou telle pièce.
Ma mission consiste également à mettre en place le service maintenance de Deltalys.
La maintenance est indispensable pour une entreprise industrielle et les sites de production de méthane en sont. Elle vise à faire des économies en évitant les pannes et les coûts de défaillances. Elle permet aussi de travailler en sécurité pour tous les intervenants. Le fait de travailler pour la production d’énergie renouvelable et de contribuer à la performance et à la sécurité de ces sites de production a du sens pour moi. »
Conversion tous azimuts
Parfois, l’expérience professionnelle suffit pour travailler dans la filière et être rapidement opérationnel. Ainsi, ce salarié de 52 ans qui travaillait avant la pandémie dans la maintenance des moteurs de bateaux de croisière a été recruté pour superviser la maintenance d’unités de cogénération. Cependant, une formation spécifique complémentaire s’avère souvent nécessaire, comme pour ces salariés agricoles qui ont l’occasion de travailler sur la méthanisation, ou encore cet électromécanicien au profil industriel spécialisé dans le transfert de fluides, qui vient d’intégrer un équipementier, en apportant son savoir-faire. Parmi ceux qui intègrent des formations spécialisées, beaucoup viennent de l’agriculture, mais on note de plus en plus de profils en provenance d’autres filières comme la maintenance, la mécanique, les automatismes, mais aussi des métiers de bouche par exemple. Le secteur du biogaz recrute et est porteur d’avenir et de sens.