Avec le virage écologique, la numérisation des activités est la tendance du moment dans le transport maritime. Blockchain, intelligence artificielle, Internet des objets sont en plein développement. Ces innovations sont synonymes d’amélioration des processus, de nouvelles opportunités et de transformation de la supply chain.
La numérisation est un véritable enjeu pour le transport maritime. D’abord parce qu’elle s’insère directement dans la navigation avec les navires autonomes, l’assistance à la navigation ou encore l’optimisation de la consommation. Ce dernier point met en lumière les ponts entre technologies de rupture et transition écologique dans ce secteur. Rappelons que 80 % des échanges de marchandises se font par la mer et que si le transport maritime est plus propre que d’autres moyens de transport (12 g de CO2 par tonne transportée sur un kilomètre contre 14 g de CO2 pour le train, mais 76 g de CO2 pour le camion), il est malgré tout polluant (3 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, mais un chiffre qui pourrait quadrupler d’ici à 2050).
L’autre enjeu est administratif et étroitement lié aux affaires. En simplifiant et en globalisant les procédés, la numérisation permettra aux entreprises et aux compagnies de toucher plus de clients toujours très intéressés, et pour cause, par le « tout inclus » : documents administratifs pour les douanes, assurances, repérage en temps réel des marchandises, vérification de leur état, préacheminement.
C’est le fameux « guichet unique » que l’on retrouve au sein des ports eux-mêmes, avec par exemple les Port Community Systems qui proposent les informations transmises par les différents acteurs de la chaîne logistique en continu et en temps réel. Ces données peuvent aussi bien être transmises par les douanes que par les opérateurs de fret ou les transporteurs maritimes, routiers ou ferroviaires.
Cast Marine Offshore, compagnie établie à Singapour spécialisée dans l’affrètement de navires, a récemment signé un partenariat avec Innovez One pour la plate-forme digitale MarineM. Ce système d’intelligence artificielle permet de suivre en temps réel les navires et leur statut. La partie software automatise certaines opérations comme la production de tickets électroniques. Tout comme le dernier kilomètre à terre, « les premier et dernier milles nautiques » sont un maillon faible dans la supply chain globale et le moindre délai supplémentaire peut mener à de graves problèmes de congestion dans les ports. L’adoption de solutions numériques par l’ensemble des acteurs de la filière permettra justement à un navire d’arriver à quai sans encombre ou de quitter le port dans les temps.
Autre aspect important, la numérisation pourrait permettre de fixer des tarifs en fonction du taux de remplissage des navires, une sorte de « tarification dynamique » évoluant en temps réel en fonction du contexte, ici du remplissage du bâtiment. Autrefois réservé au secteur aérien, ce type de tarification s’adapte parfaitement à la numérisation croissante du transport maritime.
La sécurité des données est bien sûr au cœur de cet enjeu numérique. La cyberattaque subie par CMA CGM en septembre 2020 le rappelle, la cybersécurité est devenue une nécessité pour l’ensemble de la filière.