La Belle Province s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 37,5 % d’ici à 2030. Dans ce contexte, la coalition Hydrogène Québec, créée en janvier 2020, a publié un Livre blanc qui expose le très fort potentiel de l’hydrogène comme source d’énergie propre au Québec.
Ce Livre blanc, publié au mois de janvier 2020, présente l’hydrogène comme une solution viable pour atteindre les objectifs de décarbonation fixés par le gouvernement. Cette annonce a été faite alors que se tenait le Salon international de l’auto de Montréal.
Québec, de sérieux atouts
L’étude à l’origine de ce Livre blanc a été menée par Marie Demers, chercheure associée au CHUS de l’université de Sherbrooke, et par Jacques Roy, professeur titulaire au département de gestion des opérations et de la logistique à HEC Montréal. Elle révèle que le Québec dispose de sérieux atouts pour bien se placer dans le secteur de l’hydrogène, dont des entreprises spécialisées dans l’hydrogène bien installées dans la province et dans le reste du Canada et des surplus d’électricité verte qui permettraient en outre de produire de l’hydrogène propre. L’hydrogène et la pile à combustible pour les véhicules compléteraient ainsi les flottes de véhicules électriques à batteries rechargeables déjà existantes.
Michel Archambault, porte-parole de la coalition Hydrogène Québec et directeur du développement des affaires chez Hydrogenics, a indiqué : « L’étude met en avant l’importance et le potentiel de l’hydrogène en tant que source d’énergie renouvelable et propre. Les conclusions du document confirment que l’hydrogène est une approche parmi les plus crédibles pour atteindre les objectifs que le Québec s’est fixés en matière de réduction de gaz à effet de serre. Elles témoignent également de l’expérience et du potentiel des membres de la coalition dans ce marché. »
Trois facteurs déterminants
Le Livre blanc met en avant trois facteurs déterminants :
– le surplus d’électricité : le développement du secteur de l’hydrogène propre serait facilité au Québec. En effet, l’hydrogène serait produit par électrolyse de l’eau à partir des excédents d’hydroélectricité, ce qui permettrait d’optimiser cette production d’électricité propre. Le gouvernement a par ailleurs fait l’acquisition d’une flotte de 50 véhicules à hydrogène en 2019 et la première station multi-carburants, proposant donc de l’hydrogène, a ouvert ses portes dans la ville de Québec durant l’automne 2019 ;
– l’hydrogène et le transport de marchandises : le transport de marchandises effectué par camions lourds est responsable d’une grande part des émissions de gaz à effet de serre au Québec, qui pourrait dès lors tirer avantage du développement de l’hydrogène dans ce secteur en forte expansion. L’hydrogène pourrait également être utilisé pour d’autres types de transport de marchandises, comme le tramway dans la ville de Québec ou le futur train à haute fréquence pour la ligne Québec-Windsor. L’utilisation de l’hydrogène permettrait de diminuer les coûts liés à l’entretien et aux réparations sur les lignes électriques aériennes ;
– exporter : cette source d’énergie propre ferait du Québec un acteur important de la transition énergétique dans le monde, comme la Californie, l’Allemagne, le Japon ou encore la Chine. Les excédents de production d’électricité propre serviraient à produire de l’hydrogène qui serait stocké et pourrait être exporté vers les États-Unis, pays qui achète déjà l’électricité québécoise, ou vers l’Europe, par navire-citerne.
Jacques Roy souligne l’énorme avantage de l’hydrogène, notamment dans le secteur des transports : « Étant donné que 44 % des émissions de gaz à effet de serre du Québec proviennent du secteur des transports, les avantages d’une transition énergétique impliquant l’hydrogène sont substantiels. En effet, malgré les investissements et les coûts nécessaires à une telle transition, l’environnement et la société québécoise dans son ensemble seront les premiers à en bénéficier. Les membres de notre coalition sont, chacun à sa façon, activement engagés dans des projets et activités qui favorisent l’avancement des technologies visant à atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre de la province et du pays. Avec cette coalition, nous souhaitons avant tout partager nos acquis et notre expertise pour sensibiliser les Québécois. De plus, nous voulons motiver les parties prenantes à investir dans l’hydrogène propre pour développer les infrastructures nécessaires à la transition de l’industrie des transports hors des carburants fossiles. » La coalition indique toutefois que l’objectif n’est pas de remplacer l’électrique, mais bien d’apporter une solution complémentaire. Elle relève d’ailleurs qu’Hydro-Québec, le fournisseur d’électricité au Québec, dans son Plan stratégique 2020–2024, fait de l’hydrogène propre un secteur devant être fortement soutenu.
La coalition Hydrogène Québec Hydrogène Québec est une coalition qui regroupe plusieurs entreprises (Air Liquide SA, Groupe FilgoSonic, Harnois Énergies, HTEC, Hydrogenics, Hyundai Auto Canada Corp, Messer Group, Toyota Canada Inc., etc.) qui s’engagent à sensibiliser les Québécois à l’hydrogène comme source d’énergie durable et renouvelable, mais aussi à travailler avec les gouvernements, les institutions publiques et privées pour investir dans l’hydrogène et ainsi favoriser l’économie. Malgré la présence de Toyota et de Hyundai, Hydrogène Québec met moins l’accent sur les véhicules de particuliers que sur le secteur des transports de marchandises et les flottes dites « captives » de camions lourds, très polluants au Québec. D’autres types de flottes « captives » doivent également être déployés, comme les taxis, les véhicules servant aux livraisons, notamment urbaines, les flottes gouvernementales et les autobus. |