Membre fondateur du groupe Hydrogène à l’Assemblée nationale, Michel Delpon, député de la Dordogne, vient de publier un ouvrage sur ce sujet. Il nous livre sa vision du déploiement de cette énergie en nous rappelant le travail réalisé par les législateurs.
Député de la Dordogne, Michel Delpon est membre de la commission du Développement durable et de l’Aménagement du territoire. « Je me suis intéressé à l’hydrogène depuis 2017, avant de fonder le groupe Hydrogène à l’Assemblée nationale en mars 2019. Soixante députés de tous bords nous ont suivis dès le départ. Aujourd’hui, le groupe compte une centaine d’élus et nous auditionnons les spécialistes de toute la chaîne de valeur de l’hydrogène tous les mercredis matin, avec déjà plus de 100 entreprises entendues dans ce cadre. Tout cela m’a nourri pour écrire le livre Hydrogène renouvelable, l’énergie verte du monde d’après (Nombre7 Éditions) où je présente la molécule comme clé de voûte de la transition énergétique. » Michel Delpon a présenté un premier questionnaire sous le ministère de Nicolas Hulot qui avait alors consacré 200 millions d’euros dans son plan, puis s’est investi dans plusieurs amendements en faveur de l’hydrogène dans la loi d’orientation des mobilités et la loi relative à l’énergie et au climat, jusqu’à être l’« oreille » du président, qui a conduit notamment à orienter le plan de relance avec 7,2 milliards pour la filière, dont 1,5 milliard pour l’Airbus à hydrogène et plus de 1 milliard en direction de l’hydrogène pour l’agriculture et pour le chauffage des logements. Le groupe Hydrogène est aussi aux confluences des ministères, aussi bien celui de l’Environnement que de Bercy !
La clé de voûte de la transition énergétique
« Je considère que l’hydrogène va tirer l’énergie renouvelable vers le haut. Nous avons besoin de massifier cette filière afin qu’elle puisse se positionner de manière concurrente à la filière batterie. En effet, en plus d’un bilan carbone favorable, l’hydrogène décarboné devrait permettre la création de 150 000 emplois sur le sol français d’ici à 2030 avec 84 métiers différents. Grâce au plan de relance, nous pouvons installer une filière française performante dans l’hydrogène avec les productions d’électrolyseurs ou de piles à combustible et un déploiement d’hydrogène décarboné pour trois usages principaux : les usages industriels tout d’abord (cimenterie, aciérie, engrais azoté, plasturgie) ; la mobilité à travers nos territoires ensuite (en particulier train, camion, bateaux et… avions) ; enfin, l’hydrogène pourrait être utilisé pour le chauffage des logements. Le groupe de travail Hydrogène de l’Assemblée nationale suit aussi de près les réflexions et projets de la mise en place d’une structure européenne de transport et de stockage, avec des industriels comme Teréga, GRTgaz ou Storengy, liste non exhaustive ! En parallèle, nous travaillons sur le déploiement des productions d’électricité renouvelable photovoltaïque, particulièrement dans le pays du Sud, ou éolienne dans ceux du Nord, sans oublier les nouvelles technologies comme la production houlomotrice et nos échanges avec des pays volontaires dans ce domaine, comme l’Australie. »
France, acteur de l’hydrogène
L’objectif du groupe Hydrogène est de donner le cadre législatif pour faciliter ce déploiement, qui a de réelles répercussions à travers des actions territoriales. « Ainsi, nous avons pu aider une papeterie menacée de fermeture à opérer une reconversion de ses productions grâce notamment à l’adjonction d’une chaudière à hydrogène. Autres exemples : la mise en place d’un électrolyseur à la direction de l’aviation de Sarlat, le développement d’avions hybrides à Toulouse et à Royan, un électrolyseur sur le barrage EDF de Bergerac ou encore un stade d’eau vive pour les Championnats du monde de kayak. Nous aurons dans le pays une série de transitions industrielles, de projets locaux offrant une chance de reconversion d’emplois. À ce sujet, nous allons mettre en place des formations spécifiques pour ces technologies de rupture (campus connecté à Bergerac, écoles des Mines…). De son côté, le secteur automobile français, avec PSA et Renault, mais aussi des fournisseurs spécifiques comme Gaussin, Symbio ou HRS, travaille sur des véhicules à pile à combustible. Avec l’arrivée de la taxe carbone, y compris sans doute aux frontières, l’hydrogène décarboné pourra être un vecteur de transition, avec ses capacités de stockage des énergies renouvelables, d’autant qu’une filière française renforcera notre souveraineté énergétique. Aujourd’hui, les investisseurs, comme la Banque européenne d’investissement, se retirent des énergies fossiles pour se tourner vers cette nouvelle économie qui reste à développer. Le travail de notre groupe a été de servir de catalyseur pour le déploiement de cette filière afin que la France soit reconnue dans ce domaine. »