La ville intelligente ou smart city est une entité technique composée de capteurs, de données, de réseaux et de connexions. L’Internet des objets et l’intelligence artificielle doivent fluidifier et réguler le fonctionnement de cette immense toile qui couvre l’ensemble de la ville, ses rues, ses bâtiments, ses véhicules, ses infrastructures, mais aussi ses habitants. Il s’agit d’une ville technologique et connectée qui offre des espaces pour vivre, travailler, apprendre, entreprendre et des développer des activités.
La ville nouvelle génération (next generation city) sera connectée, mais elle placera l’humain au cœur de son fonctionnement. Elle sera donc participative, collaborative, écologique et axée sur la mobilité verte, durable. Et cela débute par des usages adaptés, avec par exemple la réduction des parcours pendulaires entre le domicile et le travail. Dans ce contexte, la Mobility as a Service (MaaS) est la clef. La MaaS, associée à la multimodalité, doit permettre d’accumuler des moyens de mobilité disponibles pour réduire, voire faire disparaître, l’utilisation des véhicules conventionnels. Cela vaut bien sûr aussi pour les professionnels, alors que l’explosion de l’e‑commerce met une énorme pression sur la logistique et le transport dans le fameux « dernier kilomètre ». Dans ce contexte, ville et mobilité intelligentes doivent aussi inclure les bâtiments intelligents (smart buildings), avec des toits verts, des plateformes pour accueillir les drones de livraison, etc.
Photo ci-dessus : L’Afrique (ré)invente la ville du futur. Dans ce contexte, le numérique jouera un rôle de premier plan. Les projets de smart cities se multiplient sur ce vaste continent où près de 70 % des habitants ont moins de 30 ans. À l’horizon 2030, ils seront plus d’un milliard de citadins. Les villes nouvelles, intelligentes, connectées et durables sont donc une priorité. Elles sont synonymes d’opportunités pour relever les défis de l’explosion urbaine, de l’emploi, de la santé, des transports, de la pollution et, plus globalement, de l’écologie. Imaginée au départ par les pays du Nord pour résoudre les problèmes d’urbanisme et de développement durable, la smart city est transposée à l’Afrique qui connaît de nombreux projets de villes de nouvelle génération. Les projets en cours en Afrique représentent ainsi plus de 100 milliards de dollars. Ils mettent notamment l’accent sur la mobilité et les transports, problèmes majeurs dans les villes africaines.
Martina Razafimahefa, cofondatrice de la French Tech à Madagascar, explique la notion de besoins urbains interconnectés : « En tant qu’entrepreneurs, nous devons nous servir de la tech pour apporter des solutions concrètes dans l’e‑santé, la finance, l’énergie ou la mobilité, qui sont des sujets intrinsèquement liés à la construction des villes de demain. Car, si les besoins sont immenses, les ressources financières font parfois défaut. »
Au cœur de ces smart cities africaines se trouve l’humain, comme le souligne Stéphanie Rivoal, secrétaire générale du Forum Afrique-France : « Lorsque vous créez des villes, il faut aussi penser à la création d’infrastructures économiques, sociales, sanitaires, culturelles. Les humains doivent être au cœur de ces innovations en lien avec les technologies. »
Comme le rappelle la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne a de nombreux atouts, mais elle souffre aussi de difficultés chroniques. La pandémie de COVID-19 pourrait entraîner la première récession depuis 25 ans et ainsi ralentir, sinon bloquer les nombreux projets de smart cities. Néanmoins, elle représente la plus grande zone de libre-échange du monde, et le continent a déjà amorcé le virage vers un développement qui saura exploiter l’énorme potentiel formé par les ressources humaines et naturelles. © Shutterstock