La place de la méthanisation est primordiale dans le cadre d’une relance économique locale et circulaire. Les agriculteurs contribuent à la décarbonation et à la production énergétique locale. Démonstration avec une unité d’injection dans l’Indre.
La société Méthavert, première unité de méthanisation en injection mise en service dans l’Indre il y a tout juste un an, est un bel exemple de la manière dont les agriculteurs peuvent œuvrer à la préservation de l’environnement en entremêlant agriculture et transition énergétique, en créant une économie territoriale. Cette entreprise a été créée par deux agriculteurs de l’Indre soucieux de valoriser les déchets agricoles de manière écologique. Leur unité de production de biométhane, installée à Villers-les-Ormes, dans Indre, a produit en une année près de 20 GWh de gaz vert réinjecté directement dans le réseau de distribution exploité par GRDF. Cette production d’énergie locale 100 % renouvelable est importante et représente environ 8 % de la consommation annuelle de gaz de Châteauroux.
Gisement local
Ce biométhane provient en premier lieu des fumiers, des déchets agricoles, mais aussi des cultures intermédiaires issus des exploitations agricoles des deux associés et de celles voisines. Mais l’industrie agroalimentaire a également trouvé un intérêt à ce procédé vertueux et l’industriel Barilla, situé à Montierchaume, valorise également une partie de ses rebuts de fabrication grâce à l’unité de méthanisation Méthavert.
Un an après la mise en service, les associés reviennent sur leur projet d’unité de méthanisation : « Nous avions déjà investi dans les énergies renouvelables avec l’installation de panneaux photovoltaïques, mais nous souhaitions aller plus loin en valorisant nos déchets agricoles. Très vite, notre choix s’est porté sur la méthanisation avec injection : GRDF nous avait confirmé la possibilité de se raccorder au réseau de distribution de gaz situé à proximité et, surtout, le rendement est bien meilleur en injection qu’en cogénération. La méthanisation nous permet aussi de diversifier nos cultures avec les CIVE (cultures intermédiaires à vocation énergétique). »
Agriculture durable
Les CIVE sont des cultures à visée énergétique positionnées entre deux cultures alimentaires principales. Elles permettent et induisent un changement vers des pratiques culturales durables, avec une couverture permanente des sols, limitant ainsi l’envahissement des parcelles par des plantes indésirables. Cultivées avec moins de pesticides, elles sont également fertilisées sans engrais chimique, mais par l’épandage du digestat qui est le résidu du processus de méthanisation. Ce digestat ramène au sol tous les éléments nutritifs qui avaient été exportés lors de la récolte des CIVE.
La méthanisation offre donc de nombreux avantages aux agriculteurs : réduction des gaz à effet de serre, gestion circulaire des déchets, préservation des sols et, surtout, nouvelle activité économique. « La méthanisation, c’est un investissement bien sûr, mais nous ne regrettons absolument pas de nous être lancés dans ce projet. C’est non seulement un bon débouché pour l’agriculture, mais cela permet aussi de créer des emplois. Nous avons déjà un employé à temps plein pour la gestion technique de l’unité de méthanisation et depuis le 1er juillet, ma fille, qui a terminé sa formation de responsable d’unité de méthanisation agricole (RUMA) à l’école des Herbiers en alternance avec l’unité de méthanisation Méthavert, deviendra salariée à temps plein pour la gestion administrative et financière du site », indique Éric Bergougnan, codirigeant de l’unité de méthanisation.
Économie d’avenir
Avec déjà deux unités de méthanisation en service et sept autres projets en cours d’étude auprès de GRDF, l’Indre a le potentiel pour produire en gaz vert l’équivalent de près de 20 % de sa consommation dès 2023 et 90 % d’ici à 2030 ! Et la dynamique de la filière se confirme à toutes les échelles du territoire, avec déjà 12 unités de méthanisation en service et sept actuellement en construction en région Centre-Val de Loire. Face à la crise sanitaire et économique actuelle, le biométhane a toute sa place dans les plans de relance de l’économie française. L’injection de gaz vert apporte une réponse aux enjeux climatiques, socioéconomiques, agroéconomiques et s’inscrit, notamment, dans le principe d’économie circulaire. Pourtant, si la filière de la production de gaz vert se développe, cette manne d’énergie renouvelable est encore peu valorisée dans le débat public national.
En attendant les contours du plan de relance de l’économie française à venir, les initiatives des agriculteurs comme celle de Méthavert se multiplient et toutes les parties prenantes de la filière gaz renouvelable, dont GRDF, sont mobilisées pour apporter leur contribution à la mise en place d’un plan de relance vert. GRDF porte toujours l’ambition d’injecter 30 % de gaz vert dans les réseaux de gaz en 2030 et l’ADEME estime que cette filière pourrait rendre la France totalement autonome en gaz vert d’ici à 2050.