Le géographe, voyageur et écrivain Sylvain Tesson n’a pas dû manquer de relever cet étrange phénomène qui touche le voyage. Les sites les plus épargnés par le tourisme sont également les plus convoités. Ils suscitent la curiosité, l’envie, le goût du départ. Avec des émotions pour ceux qui, au détour d’un sentier, découvrent ces panoramas exceptionnels.
Mais le tourisme est également synonyme de détérioration des sites, qu’ils soient naturels ou bâtis par l’homme. De masse, il apporte son lot de dégradations et de pollution : fioul des navires, CO2 et particules fines des voitures, bouteilles en plastique et autres déchets jetés n’importe où sauf dans les endroits prévus à cet effet, etc. Les sites naturels et historiques sont menacés de disparition. À ces tristes records s’ajoute celui de la disparition d’espèces. Selon le Fonds mondial pour la nature, 50 % des espèces vertébrées ont disparu en quarante ans.
Mais cette fuite en avant n’est pas une fatalité. Des villes, des régions et des pays ont pris des mesures pour préserver leur patrimoine tout en maintenant leur visite, mais de manière durable, pérenne : création de zones protégées dans lesquelles il est impossible de bâtir, inclusion plus forte des populations locales intéressées au développement des sites, etc. Ces mesures ont déjà été prises aux États-Unis, dans les grands parcs naturels d’Afrique et en France.
Photo ci-dessus : Le pic du Midi de Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées, a l’un des cieux les plus clairs de France et même d’Europe. Culminant à 2 877 mètres d’altitude, son sommet accueille six coupoles de l’observatoire Midi-Pyrénées. Ce site exceptionnel a reçu, en 2013, le label Réserve internationale de ciel étoilé (RICE). C’est l’International Dark-Sky Association (IDA) qui a récompensé l’observatoire.
Le pic du Midi de Bigorre est le premier site d’Europe, et le cinquième au monde, à avoir reçu le label RICE. Le site est d’intérêt scientifique, mais aussi écologique et touristique. Grâce à son nouveau téléphérique, il est possible d’accéder au pic toute l’année à partir de La Mongie. Durée du voyage : 15 minutes. Au nord, la plaine de l’Adour ; au sud, la chaîne des Pyrénées qui court de l’océan Atlantique à la Méditerranée.
Il est possible de visiter une partie seulement de l’observatoire. Un musée doit ouvrir et la fameuse coupole Baillaud, qui a fêté ses 100 ans en 2007, doit être transformée en planétarium.