La filière bois dans son ensemble génère près de 440 000 emplois en France pour un chiffre d’affaires de 60 milliards d’euros environ. La filière bois énergie, elle, représente plus de 40 000 emplois directs et indirects en France, auxquels on peut ajouter entre 2 000 et 30 000 emplois informels, d’après France Bois Forêt (source : fascicule Questions-réponses bois énergie, 2019, estimation SER). Le secteur bois domestique en représente 75 % avec 14 000 emplois dans la filière de production de combustible bûche, 3 000 en combustible granulé, près de 8 000 chez les fabricants d’appareils de chauffage au bois et de conduits de fumée et environ 5 000 pour les installateurs et revendeurs. On compte également environ 10 000 emplois dans le secteur collectif industriel et tertiaire.
La consommation de 1 000 tonnes de bois énergie correspond à environ 1,2 emploi sur l’ensemble de la chaîne de valeur.
En 2016, la filière présente un ratio de 179 emplois par térawattheure (TWh) produit, explique de son côté le Syndicat français des chaudiéristes biomasse. Environ 50 % des emplois sont directs : il s’agit de ceux concernés par la chaîne de production et d’exploitation des biocombustibles (comme les travaux forestiers) ou de la fabrication et de l’entretien des chaudières. La filière repose sur un savoir-faire national avec des opérateurs présents sur toute la chaîne de valeur. Le tissu industriel français se compose d’entreprises sur le segment des poêles, inserts, chaudières et conduits de cheminée pour le secteur domestique et, pour le secteur collectif/tertiaire et industriel, d’entreprises positionnées sur la fabrication de chaudières bois et de sociétés qui réalisent l’exploitation des chaufferies. Le marché total de la filière bois domestique représente 2,8 milliards d’euros et celui des les secteurs collectif, tertiaire et industriel, 1,7 milliard. Le recours à des installateurs qualifiés RGE conditionne les aides aux particuliers. La qualification des installateurs de bois énergie à travers les labels Qualibois et Qualibat doit se poursuivre. Utilisé localement (les imports/exports représentant moins de 5 %, souvent aux frontières), le bois énergie permet donc une économie circulaire avec la conservation de valeur dans les territoires.
Coût de production bas
Le coût de production de chaleur à partir du bois bûche se situe entre 47 et 74 €/MWh et entre 86 et 103 €/MW pour les granulés. Dans le collectif, les chaufferies biomasse présentent un coût de production allant de 64 à 110 €/MWh. Quant à la biomasse industrielle, les coûts de production se situent entre 48 et 73 €/MWh (Source : Projet de PPE, ministère de la Transition écologique et solidaire). Cependant, « le coût à l’investissement est supérieur à celui des solutions fossiles de référence, ce qui explique pourquoi cette filière nécessite un soutien, nous indique le projet de PPE. Il n’est pas envisagé de baisse significative des coûts de production pour la filière biomasse aux horizons de la PPE. L’un des enjeux de la filière est de développer d’ici à 2022 une industrie française des appareils de combustion plus performante pour anticiper les évolutions de la réglementation européenne Ecodesign14 et de réduire les coûts de production des appareils les plus performants (6 et 7 étoiles). »
Au contraire du cours des énergies fossiles soumis à de très fortes variations géopolitiques, mais aussi à la spéculation, le cours de l’énergie bois est très stable. Cela permet d’anticiper sur un budget énergie alors que l’on prévoit de fortes augmentations des énergies fossiles, par la conjonction d’une fiscalité carbone à la hausse et de réserves en baisse.
Fonds chaleur et CITE Les aides des pouvoirs publics concernent les industriels et les collectivités ainsi que les particuliers. Le Fonds chaleur lancé en janvier 2009 est un dispositif financier d’aide à l’investissement piloté par l’ADEME dans le but de soutenir le développement de la production de chaleur en incitant au remplacement d’installations fonctionnant à l’énergie fossile. Il est destiné aux entreprises, collectivités et agriculteurs. Entre 2009 et 2017, 1 150 installations de bois énergie ont été soutenues par ce fonds avec 765 millions d’euros d’aides, rappelle France Bois Forêt. Cela a permis la production de 1,7 TWh de chaleur renouvelable avec un coût moyen d’aide de 3,5 €/TWh pour l’État : une aide faible et performante. Un mécanisme de complément de rémunération par appel d’offres a permis de développer des installations de cogénération à haut rendement pour une production de chaleur et d’électricité à destination d’industriels ou de réseaux de chaleur. Pour les particuliers, 2020 marque une orientation du crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE), qui va devenir une aide directe et non plus… un crédit d’impôt ! Les aides sont par ailleurs réorientées vers les ménages les plus modestes. De plus, elles vont être fusionnées avec celles de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH), une simplification bienvenue. Ces aides peuvent aussi s’ajouter à un écoprêt à taux zéro. Le Syndicat français des chaudiéristes biomasse (SFCB) regrette cette suppression des aides pour des ménages plus aisés, qui sont aussi souvent des acteurs moteurs de la transition énergétique. Il conviendra de regarder également comment s’inscrivent les performances des chauffages au bois dans les futures réglementations thermiques des bâtiments. Par ailleurs, « les aides 2020 au bois énergie sont en hausse par rapport à d’autres solutions énergétiques, avec une prise en compte du coût réel des installations et des bénéfices collectifs de la solution bois énergie », souligne le SFCB. En complément, l’ADEME a lancé un appel à projets pour aider les collectivités à accompagner le fonds d’aide de renouvellement des appareils de chauffage. Ce fonds Airbois vise à aider financièrement les particuliers pour remplacer un appareil peu performant par un appareil Flamme verte 7 étoiles. Il pourra financer aussi l’animation territoriale pour des campagnes de sensibilisation et de bonnes pratiques. |