Les centrales solaires photovoltaïques représentent une alternative viable pour les transitions énergétique et écologique. Elles sont d’ailleurs en forte croissance dans le monde entier. Mais elles entrent en concurrence avec d’autres productions, car elles occupent de plus en plus d’espace.
La pression exercée sur le foncier et la pénurie de terres libres obligent les décideurs autant que les professionnels à se tourner vers d’autres solutions. Parmi celles-ci, l’eau est particulièrement intéressante. Elle l’est d’autant plus que la production d’électricité photovoltaïque est en hausse constante et prend donc de plus en plus d’espace. Afin de ne pas freiner cette tendance, les acteurs de la filière voient dans le « fluide » une solution viable. L’objectif est de mettre à profit les réserves d’eau présentes sur un territoire (lacs, plans d’eau, étangs, anciennes gravières…) et qui sont déjà utilisées notamment par les secteurs de la pêche et du tourisme.
Outre le gain d’espace terrestre, laissé aux cultures, à l’élevage ou à d’autres activités industrielles ou commerciales ou aux logements, le photovoltaïque flottant permet de protéger l’eau contre les rayonnements solaires et limite ainsi le phénomène d’évaporation. De son côté, l’eau permet de refroidir les panneaux et diminue considérablement leur perte de rendement (parfois à partir de 30 degrés).
C’est pour ces raisons que la Société du canal de Provence a lancé un projet photovoltaïque flottant. Celui-ci a tenu ses promesses à tel point qu’elle a décidé de monter une centrale photovoltaïque sur l’énorme réservoir du Vallon Dol qui alimente Marseille.
Il y a quelques mois, en septembre 2018, la plus grande centrale photovoltaïque flottante d’Europe a vu le jour à Piolenc, dans le Vaucluse, sur le site d’une ancienne carrière : 47 040 panneaux sont posés sur 52 000 flotteurs retenus par 350 ancres sur 17 hectares. Afin de ne pas bouleverser les écosystèmes, seule la moitié du plan d’eau est recouverte de panneaux. Cela est d’ailleurs une règle cardinale appliquée par les développeurs partout où ces centrales sont montées. Techniquement, les îlots de panneaux sont construits, assemblés, mis à l’eau, puis manœuvrés en bateau. Ils sont en outre ancrés, ce qui leur permet de résister à des vents violents. Piolenc devrait ainsi être la première ville de France à énergie positive, c’est-à-dire qui produit plus d’électricité qu’elle n’en consomme.
Pour l’heure, ces centrales ne sont montées que sur des plans d’eau « calmes », où il y a peu de courant. Développer ces centrales en mer serait très compliqué compte tenu de la houle, du sel et du phénomène de corrosion.
Si la France s’intéresse de près à cette option, l’Asie, notamment la Chine, l’Inde et le Japon, est particulièrement attentive aux développements et aux innovations de ce secteur. Et pour cause. Les contraintes géographiques associées à des prix très élevés dans le foncier poussent les professionnels de la filière énergie et les pouvoirs politiques à se tourner vers ce système. La plus grande centrale flottante au monde se trouve en Chine, près de la ville de Huainan. La centrale fait 800 000 m² et compte 160 000 panneaux. Sa puissance est de 40 MW.
D’autres projets voient le jour. En Inde, une gigantesque centrale de 10 km² est en construction. C’est également le cas en Australie.
Tous ces projets confirment la tendance : le photovoltaïque flottant est en plein essor à l’échelle mondiale. Il représentait en 2018 l’équivalent de 1,1 GW contre seulement 10 MW en 2014.