Le monde vient de basculer dans l’univers urbain. Plus de la moitié de la population mondiale vit dans les villes. Les mégapoles s’étendent, se multiplient et le lien que nous entretenions avec la nature s’est altéré pour presque disparaître. Notre modèle n’est plus viable. Pour autant, certaines grandes villes ont décidé de relever le défi environnemental en entamant une véritable révolution verte.
New York a été construite au bord de l’océan Atlantique, de part et d’autre de l’Hudson River et de l’East River. La ville s’est développée et s’est considérablement enrichie au détriment de la nature. Elle en paie le prix avec, depuis quelques années, des phénomènes météorologiques destructeurs comme les tornades ou les ouragans, provoquant de fortes inondations. Un groupe d’architectes réunis par le musée d’Art moderne a commencé à travailler sur plusieurs projets permettant de repenser complètement New York. Ces architectes sont unanimes : la seule solution est de réconcilier la ville avec la nature et notamment avec l’eau. Ainsi sont nés des projets d’urbanisme qui intègrent totalement la nature dans la ville : des îles nouvelles situées en face de la passe de Verrazzano permettant d’amortir les brutales montées des eaux ; des estuaires urbains laissant entrer les courants dans des endroits stratégiques sur l’île de Manhattan avant de les rediriger vers l’extérieur de la ville ; de la végétation absorbant les eaux de pluie, le surplus étant stocké dans une structure souterraine composée de citernes puis rejeté hors de la ville grâce à un vaste réseau de canalisations. L’objectif est de favoriser la nature qui elle-même favorisera la ville. Telle est la raison d’être du Brooklyn Bridge Park. Ce parc fait partie du plan New York City 2030 dont l’objectif est de constituer un maillage vert dans toute la ville afin d’améliorer la qualité de l’air et de lutter contre les inondations. Il est aussi prévu de planter un million d’arbres et de faire en sorte que chaque habitant ait un parc à dix minutes de chez lui. D’autres projets, plus audacieux encore, permettront de créer des fermes verticales (agriculture, mais aussi élevage) dans des bâtiments de verre et d’acier en forme d’aile de libellule. Ce projet Dragonfly vise l’autosuffisance alimentaire et énergétique des habitants de ces tours. Les citadins ont compris tout l’intérêt de « prendre leurs leçons dans la nature », comme le suggérait Léonard de Vinci.
Photo ci-dessus. Superbe vue de la skyline de Manhattan et du pont de Brooklyn depuis le Brooklyn Bridge Park (BPP), le long de l’East River. Le sol de ce parc est composé de matériaux recyclés et de terre provenant du nouveau site du World Trade Center. Le BBP est le fleuron d’un immense projet de parcs urbains qui seront récréatifs, écologiques, fonctionnels, au service des citadins.
Texte : Boris Laurent • Photographie : Shutterstock