Texte : Boris Laurent • Photographie : Shutterstock
Protéger les forêts primaires
« La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine. » Le constat du dernier rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), rendu public le 5 mai 2019, est sans appel.
Le président de l’IPBES, Sir Robert Watson, ajoute : « La santé des écosystèmes dont nous dépendons, ainsi que toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais. Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier. »
Malgré des réponses sociétales et politiques efficaces, on constate toujours des pertes très importantes. C’est notamment le cas des forêts primaires, détruites par l’expansion continue de l’agriculture. Entre 1980 et 2000, 100 millions d’hectares de forêts tropicales ont été perdus à cause notamment de l’élevage en Amérique latine et des diverses plantations en Asie du Sud-Est (7,5 millions d’hectares, dont 80 % pour la culture de palmiers à huile). Outre la dégradation des écosystèmes, cette déforestation est responsable d’un quart des émissions de CO2.
Néanmoins, depuis 1990, trois à cinq millions d’hectares de forêts sont plantés chaque année, et c’est la Chine qui arrive en tête des pays ayant gagné le plus de superficie forestière. Au Canada, les tree planters (« planteurs d’arbres ») reboisent de mai à octobre dans des conditions difficiles. Ils peuvent planter jusqu’à 6 000 arbres par jour.
Mais rien ne peut remplacer les forêts primaires qui abritent une biodiversité plus riche que les forêts secondaires, qu’elles soient naturelles ou d’origine humaine.
Photo ci-dessus : les forêts primaires du parc des Grands-Jardins, au Québec (Canada), sont convoitées par de grands groupes de l’industrie du bois. Or cette zone a été reconnue par l’ensemble des groupes environnementaux comme l’un des derniers massifs de forêts intactes au Québec. Un moratoire a été proposé pour éviter les coupes d’arbres irremplaçables. Car pour les scientifiques, ces forêts anciennes permettent d’en apprendre plus sur le monde forestier et de mesurer l’adaptation de la nature face à un environnement bouleversé par les changements climatiques. Enfin, certaines zones forestières sont situées au cœur des territoires de la nation autochtone huronne-wendate. Elles représentent à ce titre un patrimoine culturel exceptionnel.