Quand les champs deviennent source d’énergie
Le projet OPTICIVE rassemble les compétences de deux instituts techniques, Arvalis et Terres Inovia, mais également de l’interprofession des huiles et protéines végétales, Terres Univia, regroupés dans le GIE GAO, et d’Euralis (une coopérative implantée dans le Sud-Ouest de la France). Ce projet vise à optimiser la gestion des cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE) et des cultures alimentaires de la succession de cultures, pour atteindre la double performance économique et environnementale attendue. Sylvain Marsac nous éclaire sur ce projet ainsi que sur l’emploi des CIVE, toujours autour de la thématique de la méthanisation au service de l’agroécologie.
Arvalis-Institut du végétal est un organisme de recherche appliquée agricole consacré aux grandes cultures. Créé par les agriculteurs et les filières qui le financent, il contribue à développer la production de grains ainsi que de matières premières alimentaires et non alimentaires de qualité, pour les marchés nationaux et internationaux. En toute indépendance, Arvalis mobilise son expertise pour l’émergence de systèmes de production conciliant compétitivité économique, adaptation aux marchés et environnement. L’innovation technologique est un outil majeur qui doit permettre aux producteurs et aux entreprises des filières de répondre aux enjeux de société.
Arvalis travaille sur les céréales à paille, le maïs, le sorgho, la pomme de terre, les fourrages, le lin fibre et le tabac pour produire en respectant les enjeux environnementaux pour tous les débouchés. À l’échelle de l’exploitation, ces cultures se succèdent dans des systèmes de production qui intègrent des intercultures d’intérêt agronomique et environnemental, elles aussi étudiées par Arvalis à toutes les échelles : gène, plante, parcelle, exploitation, territoire. De multiples compétences sont donc mobilisées et de nombreux partenariats établis pour mener les projets à bien.
Les objectifs
Le projet OPTICIVE doit permettre d’évaluer les conditions de mobilisation et de valorisation des ressources agricoles dans un système d’exploitation. Il faut en effet transférer les connaissances aux exploitants et les former à ces systèmes de production dans l’optique de cultiver les terres d’une tout autre manière afin d’obtenir un modèle plus vertueux et plus rentable. Les CIVE (cultures d’hiver ou cultures d’été) sont donc des cultures à visée énergétique positionnées entre deux cultures principales. Elles n’entrent pas en concurrence avec les cultures alimentaires et ajoutent une fonction économique et environnementale aux autres fonctions agroenvironnementales des couverts d’intercultures.
Bien entendu, le choix de l’espèce cultivée sera déterminant puisque le potentiel méthanogène ainsi que le tonnage récolté seront différents d’une variété à l’autre.
Différenciation des cultures
Les cultures d’hiver, semées à la fin de l’été ou au début de l’automne, sont récoltées au début du printemps avant une culture alimentaire. On peut retrouver les graminées (avoine, triticale, orge) ou l’association de graminées et de légumineuses (vesce commune, vesce velue, féverole).
Les cultures d’été, quant à elles, sont semées en été et récoltées au début de l’automne. Nous pouvons identifier des cultures dont le cycle est court telles que le tournesol, le maïs, le sorgho et le moha.
L’objectif est donc de produire de l’énergie, mais aussi comme les cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN). La biomasse restituée au sol à la récolte d’une CIVE d’hiver est équivalente à la biomasse produite par les CIPAN détruites en sortie d’hiver et les CIVE ont un système racinaire plus développé que les CIPAN parce qu’elles ont un cycle plus long. Cette biomasse racinaire joue elle aussi un rôle positif sur l’état organique des sols. Enfin, l’ensilage des CIVE permet de stocker facilement la biomasse. Sylvain Marsac ajoute : « Les CIVE doivent remplir leur rôle de couvert multiservice au même titre qu’une CIPAN avec une fonction économique supplémentaire tout assurant un retour de carbone avec le digestat. »
Les facteurs de réussite
L’espèce de la culture, sa variété et sa temporalité sont les deux facteurs clés de réussite. Il faut donc les choisir en fonction de la production de biomasse espérée et de leur adaptation aux conditions climatiques : risque de gel, tolérance au stress hydrique, etc.
Pour les CIVE d’hiver, en semis direct ou en technique simplifiée, Sylvain Marsac nous indique qu’un semis sous couvert peut aussi être envisagé selon les successions de cultures, tout comme pour les CIVE d’été, en semis simplifié.
« Il est essentiel de choisir le bon moment pour semer et récolter, car tout l’enjeu des CIVE est d’obtenir une meilleure productivité à un coût maîtrisé, sans impacter les cultures précédente et suivante. La CIVE d’hiver doit être récoltée tard pour obtenir un rendement intéressant, mais aussi suffisamment tôt pour semer la culture suivante. De même, plus le semis de la CIVE d’été est réalisé tôt, plus la productivité sera bonne », nous assure-t-il.
Les CIVE sont donc une autre façon de cultiver ses terres pour avoir une meilleure rentabilité. Les avantages sont nombreux puisque les cultures d’hiver ou d’été restent des cultures à visée énergétique positionnées entre deux cultures principales. Elles n’entrent pas en concurrence avec les cultures principales alimentaires et sont bénéfiques pour les terres. Elles sont donc le rouage essentiel à l’agroécologie qu’il nous faudra développer et généraliser à l’ensemble des exploitations.