Nouvelles technologies dans les transports. Vers le « camion digital »
La course contre le temps, l’amélioration des flux d’informations entre chauffeurs, services logistiques et entrepôts, et la recherche d’un meilleur contrôle sur les opérations poussent un grand nombre d’entreprises à se tourner vers l’informatique embarquée. En quelques années, ces logiciels ont offert plus qu’une « simple » géolocalisation des flottes tout en adaptant l’entreprise aux révolutions en cours (numérique/digital).
Des logiciels de plus en plus performants : ERP, WMS, TMS
Les logiciels ERP (Enterprise Resource Planning, en français PGI ou prologiciel de gestion intégré), WMS (Warehouse Management System) pour la gestion d’entrepôt ou encore TMS (Transport Management System) pour la gestion des transports sont de véritables colonnes vertébrales pour les entreprises. Gestion des stocks, comptabilité, traçabilité des livraisons, optimisation du transport, traçabilité des produits, contrôles des opérations en entrepôts… : ces trois outils sont indispensables pour améliorer les processus et gagner en productivité. Bien collecter et bien gérer les informations sont gages de réussite. De plus, la centralisation des informations permet d’améliorer l’organisation même de l’entreprise pour la rendre plus efficace et donc plus compétitive. Ces logiciels sont en outre adaptables quelle que soit la taille de l’entreprise : TPE, PME, grand groupe.
Malgré tout, des défis restent à relever. Dans ce contexte, l’innovation doit répondre à des besoins croissants, par exemple réduire les délais, améliorer la traçabilité, réduire l’empreinte carbone. Il s’agit en réalité de résoudre un problème de taille : concilier performances économiques et développement durable.
L’ère du « camion digital »
Disposer du bon produit et d’un excellent réseau de vente ne suffit pas. Des contraintes importantes demeurent : capacité à livrer dans les temps, diminution des coûts, gestion optimale de la chaîne logistique (supply chain) et diminution maximale de l’empreinte carbone. Ces défis doivent être relevés dans un contexte de forte concurrence (européenne, mais aussi mondiale). Innovations et technologies viennent donc compléter et renforcer les logiciels existants (ERP, TMS, WMS) pour répondre aux contraintes imposées par le secteur d’activité.
Depuis ses débuts, dans les années 1990, la géolocalisation des flottes a beaucoup évolué. Aujourd’hui, les systèmes avancés permettent de se connecter directement avec les ERP. Au départ, il s’agit de connaître l’emplacement d’une source cible, d’un camion. L’objectif est alors d’optimiser les trajets, de réduire le nombre de kilomètres effectués à vide et la consommation de carburant.
Avec le repérage en temps réel sur une carte, les entreprises peuvent dès lors ajouter des missions aux camions et optimiser les trajets tout en diminuant les coûts.
Mais la révolution digitale/numérique apporte de nouvelles perspectives à la chaîne logistique du futur, notamment pour le transport (gestion des flottes, véhicules économiques, facteur temps, repérage en temps réel des marchandises, cycle de livraison, mutualisation, empreinte carbone). Les entreprises doivent en réalité se préparer à une double transition, numérique et énergétique.
Le transport entre ainsi dans l’ère du « camion digital ». L’idée directrice est de connecter le camion à son environnement, au commanditaire, à l’entreprise livrée, mais aussi aux autres camions. Le flux d’informations sera donné en temps réel sur l’ensemble de la supply chain, donc du fournisseur au client, et offrira une plus grande flexibilité.
Pour les chauffeurs, il s’agit d’un excellent outil leur permettant de gérer de manière optimale leur itinéraire en fonction du réseau routier, des points d’arrêt (péages) et des points de ravitaillement (stations-service). Le temps, facteur clé dans le transport, sera mieux géré et le risque diminué.
La connexion entre camions (V2V ou véhicule à véhicule) transmettra des informations sur la vitesse, la position du véhicule, la direction. L’objectif reste l’optimisation du transport et la rentabilité grâce à l’acquisition de données : ajustement de la vitesse, niveau de carburant et même usure des freins. Les diagnostics générés par le système doivent prévenir des différents dysfonctionnements et localiser le garage adéquat le plus proche.
En Allemagne, des transporteurs ont même testé le déplacement dit en « platooning » grâce au logiciel V2V équipé de capteurs intelligents et à un réseau wi-fi local. Le camion de tête fixe la vitesse et la direction à ceux qui le suivent en convoi rapproché (autour de 15 mètres de distance). L’économie de carburant s’élève à 11 % grâce à l’effet d’aspiration. Les chauffeurs reçoivent une formation particulière et, en phase de tests, sont suivis par des chercheurs en santé chargés de mesurer l’incidence de ces nouvelles technologies et de la numérisation sur les conditions de travail.
Enfin, notons les projets de camions autonomes. Le constructeur Tesla a d’ailleurs présenté son camion autonome en 2017. Uber a également testé le sien en partenariat avec Budweiser.
Les enjeux environnementaux
Accroître la rentabilité, donc, mais aussi obtenir un effet positif sur l’environnement. Il s’agit là de l’enjeu majeur des entreprises, surtout dans les transports routiers. La logistique transport est en réalité « coincée » entre deux impératifs : le transport est indispensable, car les marchandises doivent être livrées ; le transport routier ne peut éradiquer son empreinte carbone.
C’est dans cette perspective qu’il faut penser le « camion digital ». La rationalisation des facteurs tels que les trajets et la vitesse, couplée à l’analyse du réseau routier, doit permettre de gagner du temps, donc d’effectuer plus de livraisons à plein et donc de limiter l’impact sur l’environnement.
D’autres pistes sont étudiées, comme les moteurs hybrides pour des camions aux trajets longues distances ou des camions 100 % électriques pour des livraisons dans des rayons plus courts.
L’ère de la digitalisation, du numérique, ne touche pas pour autant les seuls véhicules. Des chercheurs associés à des start-up et aux collectivités locales, imaginent les smart roads. L’Internet des objets (IoT ou Internet of Things) s’invite donc sur et autour de l’asphalte, dans les rues des villes, avec des systèmes de communication, des datas, des capteurs capables d’évaluer l’état du réseau, de repérer plus vite les accidents… : les possibilités semblent infinies.
Aux États-Unis a été lancé le projet Smart Transportation System (STS) pour améliorer le système routier, le temps de trajet, les économies de carburant et renforcer la sécurité routière tout en créant des emplois dans des secteurs variés (infrastructures, électronique, économie verte, construction). Le STS comporte également un volet « cyber » pour protéger les réseaux contre les attaques informatiques.
Conclusion
La transformation digitale des entreprises de transport est devenue incontournable. En réalité, un acteur dans le secteur du transport doit être connecté avec tous les autres dans l’ensemble de la chaîne logistique. Il faut qu’il y ait une continuité dans le réseau. Dans ce contexte, c’est sur la maîtrise des flux d’informations que repose toute l’architecture logistique.
Pour tous les acteurs de la chaîne logistique, dont l’activité transport, concilier économie (gestion du temps, des coûts, efficacité accrue) et développement durable (diminution de l’empreinte carbone) reste l’objectif final. La responsabilité sociétale de l’entreprise a très bien été intégrée par les différents acteurs, dans les deux sens d’ailleurs (du fournisseur au client et vice et versa).
Ce facteur environnemental passe par la recherche, l’innovation, comme l’utilisation du gaz naturel pour les véhicules. Il passe aussi par le digital, le numérique, pour mieux gérer les réseaux routiers, la sécurité, la manière de se déplacer, de conduire. Ce secteur est en plein développement.