Les sargasses : un fléau antillais transformé en biogaz ?
Les sargasses sont des microalgues brunes dotées de flotteurs naturels qui leur permettent de coloniser la surface de la mer et de s’y multiplier. Cette caractéristique leur a permis d’envahir des centaines de kilomètres de littoral, depuis le nord de l’Atlantique, d’où elles sont originaires, jusqu’en Amérique du Sud et en Afrique. Depuis 2011, elles ont notamment colonisé le littoral des Antilles : Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélemy… Si les alizés et les courants marins peuvent expliquer ce phénomène, d’autres raisons ont également été évoquées par les chercheurs : apports de l’Amazonie en nitrates et phosphates du fait de la surexploitation agricole, réchauffement de l’eau, etc. Ces algues, qui peuvent affecter la flore marine (en empêchant toute lumière de pénétrer les eaux et en provoquant la mort des coraux) ont un défaut majeur : elles dégagent en séchant de l’hydrogène sulfuré et de l’ammoniac, lesquels peuvent provoquer maux de tête, nausées et vomissements. À partir d’un certain niveau de concentration, elles peuvent également attaquer les métaux à proximité (véhicules, armatures métalliques, etc.).
En prévention, des établissements scolaires ont même été fermés en mai 2018 en Guadeloupe. Si des solutions de recyclage des sargasses sont envisagées (transformation en bioplastique notamment), une piste explorée par l’entreprise Evergaz, sous l’initiative du Syndicat mixte d’électricité de la Guadeloupe, consisterait à transformer ces algues en biogaz. Une voie prometteuse, qui permettrait en outre la production d’un digestat local utilisé comme fertilisant naturel.
Texte : Héloïse Flamant • Photographie : Sergey Borisov
Photo : Une plage des Antilles recouverte de sargasses, en juin 2018.